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Taux débiteurs. Dynamiques contrastées dans les segments de crédit

Au deuxième trimestre 2024, le taux débiteur moyen global a enregistré une légère hausse, atteignant 5,43%, selon les dernières données de Bank Al-Maghrib. Cette évolution masque cependant des dynamiques contrastées tandis que les taux des crédits immobiliers et de trésorerie augmentent, les crédits à la consommation et à l’équipement connaissent une baisse.  

Au deuxième trimestre 2024, le taux débiteur moyen global de Bank Al-Maghrib a légèrement augmenté, de 3 points de base (pbs), pour atteindre 5,43%, selon les résultats de l’enquête trimestrielle sur les taux débiteurs publiée par la Banque centrale. Cette évolution, bien que modeste, traduit des dynamiques sous-jacentes variées au sein des différents segments de crédit.

Évolution par type de crédit

Les taux débiteurs des crédits se sont comportés de manière différenciée selon leur objet économique. Les crédits immobiliers ont enregistré la plus forte augmentation, avec une hausse de 25 pbs, portant le taux à 5,30%.

Cette tendance pourrait être attribuée à une demande croissante dans le secteur immobilier, couplée à des coûts de financement plus élevés pour les banques en raison des tensions sur les marchés financiers. En parallèle, les comptes débiteurs et les crédits de trésorerie ont également vu leurs taux augmenter, de 6 points de base, atteignant ainsi 5,39%.

Cette progression peut s’expliquer par une augmentation des besoins en liquidités des entreprises, qui cherchent à financer leurs opérations courantes dans un contexte économique incertain. Cependant, les crédits à la consommation et les crédits à l’équipement ont suivi une trajectoire inverse, enregistrant des baisses respectives de 19 et 11 pbs.

Le taux des crédits à la consommation s’est établi à 7,03%, tandis que celui des crédits à l’équipement a diminué pour s’établir à 5,02%. Cette réduction des taux pourrait être le résultat d’efforts accrus pour stimuler la demande dans ces secteurs, notamment en facilitant l’accès au crédit pour les ménages et les entreprises.

Analyse sectorielle

L’analyse par secteur institutionnel révèle également des évolutions intéressantes. Le taux appliqué aux crédits aux particuliers a baissé de 20 pbs, s’établissant à 5,89% au T2 – 2024. Cette baisse pourrait refléter une concurrence accrue entre les banques pour attirer les clients particuliers, dans un contexte de faible croissance des revenus disponibles. 

En revanche, le taux des crédits aux entreprises non financières a légèrement augmenté, passant de 5,26% au T1 – 2024 à 5,37% au T2 – 2024. Cette augmentation est principalement attribuable aux entreprises non financières privées, dont le taux débiteur a progressé de 7 pbs, à 5,45%. Plus spécifiquement, les grandes entreprises (GE) ont vu leur taux augmenter de 18 pbs, à 5,34%, tandis que les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) ont bénéficié d’une réduction de leur taux, qui s’est établi à 5,68%.

Implications et perspectives

L’évolution des taux débiteurs au T2 – 2024 reflète un environnement économique marqué par des incertitudes tant sur le plan interne qu’externe. La hausse des taux dans certains segments, tels que l’immobilier et les crédits de trésorerie, indique une certaine prudence de la part des banques, qui cherchent à compenser les risques accrus en augmentant leurs marges.

D’un autre côté, la baisse des taux dans les secteurs de la consommation et de l’équipement suggère que les banques pourraient essayer de stimuler l’activité économique en rendant le crédit plus accessible. Cette stratégie pourrait s’avérer essentielle pour soutenir la demande domestique, dans un contexte où les perspectives économiques mondiales restent incertaines.

L’analyse de BMCE Capital Global Research (BKGR) corrobore ces observations, en mettant en avant la progression modeste mais notable du taux débiteur moyen global, tout en soulignant les dynamiques contrastées entre les différents segments du marché. Les analystes de BKGR notent également que la baisse des taux pour les crédits aux TPME pourrait signaler une volonté des institutions financières de soutenir cette catégorie d’entreprises, considérée comme cruciale pour la résilience économique. L’évolution des taux débiteurs au T2 – 2024 illustre les ajustements stratégiques des banques marocaines dans un environnement économique en mutation.

Les mois à venir seront déterminants pour observer si ces tendances se confirment ou si de nouvelles dynamiques apparaissent, influencées par les conditions macroéconomiques locales et internationales, mais aussi par la décision que Bank Al-Maghrib prendra pour le taux directeur, lors de son prochain Conseil de septembre.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO

 


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