Maroc

Campagne agricole 2024-2025 : les grandes manœuvres lancées

Le Maroc se prépare aux épisodes difficiles de sécheresse dont l’impact est irrévocable sur la campagne agricole. Face à cette situation, le ministère de l’Agriculture vient de lancer une série de mesures permettant d’accompagner les agriculteurs à faire face à ces conditions défavorables. Ainsi, le gouvernement compte maintenir le système de subventions mis en place. D’autres aides sont également prévues. 

Face à la situation critique de la campagne agricole actuelle, le ministère de l’Agriculture envisage d’entamer une kyrielle de mesures pour préparer la prochaine campagne afin d’atténuer les affres de la crise de sécheresse qui sévit depuis quelques années.

Ainsi, l’accent a été mis sur l’approvisionnement en facteurs de production végétale (semences et engrais) et animale (alimentation), de développement des filières agricoles, de gestion de l’eau d’irrigation, d’assurance agricole, de financement et d’accompagnement des agriculteurs. En matière de semences, il est prévu de continuer à soutenir les semences céréalières certifiées d’environ 40% pour maintenir les prix à des niveaux abordables pour les agriculteurs.

Mohamed Sadiki, ministre de l’Agriculture, a souligné que de nouvelles espèces seront intégrées dans ce process, notamment de légumineuses et fourrages, mobilisant 1,26 million de quintaux de semences certifiées de céréales à des prix incitatifs et subventionnés.

Les subventions se maintiennent
Les semences et plants de tomate ronde, d’oignon et de pomme de terre ne sont pas en reste. La subvention permettra de réduire le coût de production de ces légumes, d’améliorer la production et de garantir l’approvisionnement du marché national en quantités suffisantes à des prix raisonnables pour le consommateur.

Pour les engrais, le ministère compte approvisionner le marché avec une quantité s’élevant à 650.000 tonnes d’engrais phosphatés, au même prix que la campagne précédente. Le maintien de la subvention concerne également les engrais azotés importés, soit à hauteur de 40 à 50% pour une quantité prévue de 5 millions quintaux. Il en est de même pour l’aide aux analyses de laboratoire. Le programme prévisionnel des cultures d’automne, qui dépendra des disponibilités en eau d’irrigation, prévoit 4,36 millions d’hectares de céréales, 545.900 ha de cultures fourragères, 300.000 ha de légumineuses alimentaires et 105.860 ha de maraîchage d’automne. La production animale, qui connait une baisse drastique du cheptel, est également comprise dans le programme.

Pour améliorer la production, le ministère compte maintenir la subvention de l’orge et des aliments composés. Il est aussi question d’inciter à l’investissement dans le secteur agricole. Outre les incitations mises en place, le département de tutelle compte intégrer de nouvelles aides. Concernant la production céréalière, deux programmes structurants seront insaturés. Il s’agit du programme national de développement du semis direct qui vise à atteindre 1 million d’hectares à l’horizon 2030. Au titre de la prochaine campagne agricole, la superficie devrait atteindre près de 260.000 ha.

Dans le même sillage, il est prévu d’acquérir et de distribuer 200 semoirs au profit des coopératives agricoles, outre l’aide dans le cadre du FDA des semoirs directs. Le deuxième programme concerne l’encouragement de l’irrigation de complément des systèmes céréaliers avec l’objectif d’atteindre 1 million d’hectares. Dans ce sens, les études se sont intensifiées pour cartographier les zones potentielles de cette pratique.

Chiffres alarmants
Mais pour s’assurer du bon déroulement du dispositif, la tutelle a opté pour un mode de gouvernance à l’échelle nationale, régionale et locale en vue d’un suivi continu et régulier de l’évolution de la campagne agricole et des disponibilités en eau au niveau des périmètres irrigués, en coordination avec l’ensemble des parties concernées. Ce qui permettra de prendre les mesures complémentaires nécessaires aux ajustements en temps utile.

De plus, des actions d’accompagnement de proximité des agriculteurs sont menées à travers un programme intense de conseil agricole, pour sensibiliser aux bonnes pratiques agricoles, notamment en conditions de sécheresse. Quant à l’état d’avancement de la campagne actuelle, le constat désastreux se confirme. En effet, le recul de 33% de la superficie semée par rapport à la campagne précédente a fortement impacté la production.

À noter que la superficie récoltable est estimée à 1,85 million d’hectares, soit près de 75% de la superficie semée, avec un rendement moyen prévisionnel pour les trois céréales principales à 31,2 millions de quintaux, soit une baisse de 43% par rapport à la campagne précédente. Les légumineuses enregistrent un recul de 27% par rapport à une année normale. Les cultures sucrières ne dérogent pas à la règle avec un repli considérable des réalisations.

Pour les cultures maraîchères, la production globale est estimée à environ 8,4 millions de tonnes, permettant de couvrir les besoins de consommation du marché local et les exportations. En termes de gestion hydrique dans le secteur agricole, le ministère envisage de mettre en place des actions structurelles dans le cadre de la stratégie Génération Green 2020-2030 et du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, à travers, notamment, la modernisation des systèmes d’irrigation et l’amélioration de l’efficacité hydrique par le développement de l’irrigation localisée, la sauvegarde des ressources en eaux souterraines ainsi que la réalisation de projets de dessalement de l’eau de mer et d’interconnexion entre bassins hydrauliques.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO

 


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