Intelligence artificielle : les Marocains entre enthousiasme et prudence
Le Maroc émerge comme un leader africain dans l’adoption de l’intelligence artificielle (IA), notamment dans les milieux professionnels, d’après une étude approfondie menée par le Boston Consulting Group (BCG).
Le Maroc se démarque comme un des pays les plus enthousiastes à l’adoption de l’intelligence artificielle (IA), particulièrement dans le domaine professionnel, selon une récente étude du Boston Consulting Group (BCG). Intitulée «Consumers Know More About GenAI than Business Leaders Think», cette recherche met en lumière un niveau élevé de familiarité et d’utilisation de l’IA générative parmi les consommateurs marocains, reflétant un mélange d’optimisme et de prudence face à cette technologie révolutionnaire.
«Cette opinion générale est partagée par les consommateurs marocains interrogés dans le cadre de cette enquête. 80% d’entre eux ont confirmé connaître des outils GenAI comme ChatGPT, et 38% disent avoir utilisé la plateforme. Ces niveaux sont en ligne avec les taux d’adoption qu’on voit à l’échelle mondiale», commente d’emblée Zineb Sqalli, directrice générale et associée chez BCG Maroc.
Connaissance et adoption accrue de l’IA au Maroc
Cette confirmation place donc le Maroc parmi les pays les plus enthousiastes quant aux avantages de l’IA, en ligne avec les moyennes globales. Selon l’étude, l’utilisation de l’IA par les jeunes de moins de 35 ans est notablement plus élevée, ce qui souligne une tendance croissante vers la digitalisation et l’acceptation des nouvelles technologies parmi la population jeune. L’étude met en lumière un fort enthousiasme pour les avantages de l’IA, particulièrement sur le lieu de travail où 71% des employés marocains voient l’IA comme un avantage significatif.
«Il est intéressant de noter que le Maroc figure parmi les 10 pays les plus enthousiastes quant à l’impact de l’IA sur leur lieu de travail (71% des personnes interrogées contre seulement 14% se montrant préoccupées). Cela est cohérent avec les niveaux d’enthousiasme observés dans les pays avec les populations les plus jeunes, plus digital natives», note Sqalli.
Cette perception est renforcée par des attentes positives envers l’IA pour faciliter des percées dans des domaines aussi variés que la santé, l’éducation et les sciences. Les employés marocains anticipent que l’IA améliorera non seulement leur efficacité au travail mais aussi leur qualité de vie en général. Malgré cet optimisme, l’étude révèle aussi des inquiétudes significatives concernant les implications éthiques de l’IA.
Près de 44% des participants marocains expriment des préoccupations autour de la sécurité des données et de l’utilisation éthique de l’IA. Ces appréhensions suggèrent un besoin critique pour des politiques de régulation et de gouvernance claires qui pourraient encadrer l’utilisation de l’IA tout en protégeant les droits et la confidentialité des individus.
La situation dans les autres pays
Au niveau mondial, l’enthousiasme pour l’IA varie considérablement, soulignant non seulement des différences culturelles et économiques mais aussi des attitudes diverses envers la technologie et son intégration dans la société. Des pays comme la Chine, l’Indonésie et le Brésil, comme au Maroc, expriment un enthousiasme marqué pour cette technologie. Ces pays, souvent caractérisés par une population jeune et une croissance rapide de leur infrastructure numérique, voient dans l’IA une opportunité d’accélérer le développement et de résoudre des défis persistants dans des domaines tels que l’éducation et la santé.
À l’opposé, des nations comme la France, l’Australie et la Grande-Bretagne affichent plus de réserve et de scepticisme, avec 50%, 49% et 43% de leurs populations respectives exprimant des préoccupations significatives. Ces préoccupations sont souvent alimentées par des débats sur la confidentialité, l’éthique de l’IA et l’impact potentiel sur l’emploi. Ces pays, ayant des économies plus développées et numériquement compétitives, peuvent se sentir plus vulnérables aux disruptions technologiques et aux risques associés à la sécurité des données.
Cette diversité reflète également les niveaux variés de familiarité avec les technologies numériques. Les pays où l’IA est perçue de manière plus positive tendent à être ceux qui ont intégré plus tôt les technologies numériques dans leur quotidien, préparant ainsi leur population à une transition plus fluide vers des technologies avancées comme l’IA. En contraste, dans les pays où l’adoption numérique est plus récente ou moins répandue, l’enthousiasme pour l’IA peut être tamisé par un manque de compréhension et une méfiance accrue envers les impacts potentiels de cette technologie.
Par ailleurs, l’étude confirme que l’IA est perçue comme un moteur potentiel de transformation dans plusieurs secteurs, avec des implications positives anticipées dans l’amélioration de la vie quotidienne, et des percées scientifiques et médicales. Cependant, le document note également une certaine anxiété concernant l’impact de l’IA sur l’emploi, surtout dans les rôles fonctionnels ou de soutien.
Méthodologie de l’étude
L’étude du BCG a été conduite par le Center for Customer Insight, qui a interrogé 21.000 consommateurs issus de 21 pays sur six continents. L’objectif était de mesurer le niveau de sensibilisation à l’IA et à l’IA générative, l’utilisation de la technologie et les attitudes à son égard.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO