USA : Biden fait monter la pression sur l’acier et l’aluminium chinois
Le président américain veut tripler les droits de douane sur l’acier et l’aluminium chinois, dénonçant une concurrence «injuste» pour les travailleurs américains, un nouvel appel du pied aux ouvriers, en pleine campagne électorale.
La Maison Blanche a dénoncé mercredi «les politiques et subventions de la Chine pour ses industries de l’acier et de l’aluminium», selon un communiqué. Ainsi, Joe Biden, qui espère être réélu en novembre, appelle sa représentante au Commerce (USTR) à «envisager de tripler les droits de douane» actuels, de 7,5% en moyenne, imposés sur une partie de l’acier et l’aluminium chinois importés aux États-Unis.
Joe Biden s’est rendu mercredi à Pittsburgh (Pennsylvanie), ville au lourd passé industriel, au deuxième jour d’une tournée dans cet État clé pour l’élection présidentielle. Le président démocrate, qui tient à convaincre qu’il est le meilleur allié des ouvriers et des syndicats, s’est rendu au siège du syndicat des métallurgistes (USW). Il a récemment obtenu leur soutien pour l’élection, notamment grâce à son opposition au rachat du géant américain de la sidérurgie U.S. Steel par le japonais Nippon Steel.
L’USW avait au passage égratigné le candidat républicain, l’ancien président Donald Trump, qui tente lui aussi de gagner les voix des cols bleus et se présente comme le chantre de la relance de l’industrie manufacturière américaine, promettant d’augmenter largement les droits de douane s’il est élu.
Une enquête sur des «pratiques déloyales de la Chine»
L’administration Biden a également annoncé mercredi le lancement d’une enquête sur les «pratiques déloyales de la Chine dans les secteurs de la construction navale, du transport maritime et de la logistique». Elle sera conduite par la représentation américaine au Commerce (USTR) et répond à une requête d’organisations syndicales du secteur qui dénoncent des politiques chinoises «bien plus agressives et interventionnistes que n’importe quel autre pays».
«L’acier est un composant essentiel pour notre industrie nationale de la construction navale», précise la Maison Blanche.
Les annonces de Washington s’inscrivent dans un contexte de forte rivalité avec la Chine, malgré un dialogue renoué entre les deux pays, et de mesures pour limiter la dépendance des États-Unis à l’industrie chinoise.
«L’acier fabriqué aux États-Unis reste essentiel à notre sécurité économique et intérieure. Les entreprises américaines doivent diriger l’avenir d’un acier plus durable», a par ailleurs déclaré la Maison Blanche.
Or, actuellement, «les produits américains de haute qualité se trouvent en concurrence avec des alternatives artificiellement bon marché et produites avec des émissions de carbone plus élevées».
L’administration Biden évoque des «inquiétudes croissantes selon lesquelles les pratiques commerciales déloyales de la Chine, notamment l’inondation du marché avec de l’acier vendu à un prix inférieur au coût du marché, faussent le marché mondial de la construction navale et érodent la concurrence». Les inquiétudes quant à la surcapacité de l’industrie sidérurgique chinoise se sont accrues depuis le net ralentissement de son secteur de la construction, libérant des produits pour l’exportation.
Face au ralentissement de l’immobilier qui tirait sa croissance, la Chine subventionne en effet massivement certaines industries, en dépit d’une demande internationale moins forte. L’Union européenne a engagé un bras de fer avec Pékin, qu’elle accuse de fausser son marché en l’inondant de produits à bas prix, pas uniquement pour les métaux. En Amérique latine, l’industrie sidérurgique s’inquiète et réclame des taxes à l’importation. La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, une semaine après un déplacement à Pékin, a rencontré mardi à Washington son homologue chinois, dans le cadre des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale. La question de la surproduction de la Chine, notamment, a été abordée de nouveau.
L’administration de Joe Biden revendique un doublement des investissements pour de nouvelles usines aux États-Unis depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2021, et la création de près de 80.000 emplois manufacturiers.
Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO