Salon maghrébin du livre. Jalil Bennani: “Nous voulons mettre en valeur le droit à la culture pour tous”
Dans cette interview, Jalil Bennani, psychanalyste et commissaire du Salon maghrébin du livre, expose sa vision engagée pour la promotion de la littérature maghrébine, soulignant le rôle central du salon dans la mise en valeur des auteurs locaux et la création d’un espace de dialogue littéraire. À travers des débats stimulants et des rencontres entre le public et les acteurs du monde du livre, Bennani aspire à rendre la culture accessible à tous, affirmant que l’écriture peut être un acte de résistance contre l’éphémère du temps. Il envisage l’avenir du salon comme un lieu d’émergence de nouveaux talents et de diversité culturelle, malgré les défis rencontrés, portant ainsi l’espoir d’un développement social et humain par le biais de la culture.
Comment le salon contribue-t-il à promouvoir la littérature maghrébine et à encourager la lecture ? Quel est son rôle dans la mise en valeur des auteurs locaux et dans la création d’un espace d’échange et de dialogue littéraire ?
La promotion de la littérature maghrébine comprend plusieurs volets. Tout d’abord la présence en nombre des éditeurs et des auteurs. Le public pourra les rencontrer, discuter de leurs œuvres et de tout ce qui concerne la culture.
Enfin, de larges espaces de temps et de lieux permettront des débats à partir des tables rondes avec des thématiques précises, le temps, l’écriture, l’islam, les littératures africaines, l’écriture numérique, la poésie… Le salon, centré sur le Maghreb, comme son nom l’indique, est ouvert sur l’international, le but étant de créer un lieu d’échanges d’idées, de concepts et de projets partant de notre région et se diffusant sur l’international.
Concernant les auteurs locaux, nous voulons faire découvrir la diversité intellectuelle et littéraire d’Oujda et de sa région. Nous aspirons à permettre un dialogue et une visibilité par rapport aux autres cultures et régions avec les différentes générations d’écrivains qui n’ont pas accès à des événements nationaux et internationaux… En somme, mettre en valeur le droit à la culture pour tous.
L’écriture peut-elle être perçue comme un acte de résistance contre l’éphémérité du temps, une tentative de laisser une empreinte durable dans le flux incessant des événements ?
L’écriture cherche à inscrire le temps dans la durée, dans le temps long, un temps qui inclut passé, présent et futur. L’écriture peut représenter une victoire sur l’éphémère. C’est tout le sens de la création qu’elle soit littéraire, philosophique, artistique ou autre. Mais pour cela elle a besoin de conditions qui lui permettent d’éclore et de s’épanouir. D’où l’importance de lieux comme celui du salon du livre qui est susceptible de révéler des potentialités, des énergies et des créativités nouvelles, allant au-delà du conjoncturel et du temporel.
Comment voyez-vous l’avenir du Salon maghrébin du livre ? Quels sont les projets et les ambitions pour les prochaines éditions, et comment envisagez-vous son évolution dans les années à venir ?
Tout d’abord nous voulons que l’existence de ce salon soit pérenne. Il s’est déjà forgé une identité régionale, nationale et internationale, non seulement par le lieu, Oujda étant une ville frontière ouverte du nord au sud et d’est en ouest, mais aussi parce qu’il représente un laboratoire d’idées par la participation de plusieurs disciplines, littérature, philosophie, sociologie, anthropologie, psychanalyse…, et favorisant la rencontre des jeunes auteurs avec leurs ainés.
Bien que l’ouverture de la ville soit entravée à l’est, nous envisageons «le Maghreb comme horizon de pensée» comme le dit Abdelkébir Khatibi. En somme, l’ambition du salon est d’être un lieu de découverte des nouveautés permettant de révéler de nouveaux talents. Cette édition a été différée à deux reprises en raison du Covid d’abord, puis du séisme d’Al Haouz.
Ce temps a été un temps de maturation au cours duquel le titre du salon, «L’écriture et le temps», qui a été choisi avant ces évènements, a trouvé toute son actualité et sa pertinence. Ce temps nous a permis de rester à l’écoute du présent et de ses contingences et aussi de nous projeter dans le futur, notre but étant de développer la culture dans notre pays avec toute sa diversité et d’en faire un véritable levier de développement.
Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO