MarocTable ronde

Repenser l’éducation à l’ère technologique (VIDEO)

L’école s’inscrit, aujourd’hui, pleinement dans le mouvement de la transformation digitale. Désormais, le numérique n’est plus un choix mais une nécessité. Tirer véritablement le meilleur parti d’une nouvelle ère technologique au sein du système éducatif dépend de la force et de l’adaptabilité de nos réseaux, qui doivent continuer à évoluer en fonction des besoins changeants des apprenants et du personnel enseignant. À cette fin, il est essentiel d’identifier et de déployer les bonnes solutions. C’est pour débattre du sujet que Les Inspirations ÉCO a organisé une table ronde qui a connu la participation de Ilham Laaziz, directrice du programme GENIE au sein du ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Kenza Bouziri, directrice Communication Corporate & RSE – inwi, Lamia Outgenza, directrice générale d’International Education Group (IEG), Salma Karim, chef du département Capital humain et Innovation – Agence de développement du digital, et Otman Harrak, general manager ALX Morocco, co-fondateur de Pip Pip Yalah et de Popcard. 

Les avancées dans les théories éducatives, combinées aux progrès technologiques, ont donné lieu à une expérience d’apprentissage plus captivante, interactive et dynamique, marquant ainsi un changement fondamental dans le paradigme éducatif. Le plan d’action du ministère de l’Éducation nationale pour l’éducation numérique se positionne comme l’un des moteurs principaux de cette métamorphose, comme expliqué par lham Laaziz, directrice du programme GENIE au sein du ministère.

Lors d’une table ronde organisée par Les inspirations ÉCO sous le thème «La digitalisation au service de l’éducation», l’intervenante rappelle que le programme GENIE, qui a été initié en 2005, vise à généraliser l’utilisation de matériel connecté dans tous les établissements scolaires.

«L’objectif était de former les enseignants à l’utilisation des outils numériques, de fournir du contenu conforme aux programmes scolaires et d’accompagner les enseignants dans le développement des pratiques numériques, une tâche complexe qui nécessite une évolution méthodologique», explique-t-elle.

Après 15 années de travail, la nouvelle feuille de route 2022-2026 renforce davantage l’intégration du numérique, en mettant l’accent sur les élèves, les enseignants et les établissements scolaires. Au niveau du primaire, les écoles pionnières adoptent des méthodes claires intégrant le numérique. Ilham Laaziz livre plus de détails et explique que les cours pris en charge numériquement, et qui sont mis à la disposition des enseignants, comprennent des exercices et des tests pour les élèves. Au collège et au lycée, l’accent est mis sur le renforcement de l’enseignement des sciences. Des plateformes développées offrent aux enseignants des parcours en mathématiques, physique, chimie et SVT, sous forme de médias, d’animations vidéo et de supports pédagogiques. Les élèves ont accès à des quiz et des tests.

À noter que cette expérimentation a débuté dans 200 collèges, en vue de tester et d’équiper progressivement les enseignants et les établissements. Outre le renforcement des langues, dont l’arabe, le français et l’anglais, une plateforme est en cours de construction pour la langue amazigh. À noter que le primaire bénéficie déjà de sources en amazigh. Le renforcement des langues au niveau du collège et du lycée s’effectuera via les plateformes internationales existantes.

Génération digitale
L’Agence pour le développement digital (ADD) a établi, pour sa part, une feuille de route axée sur un chantier prioritaire appelé «Génération digitale». Salma Karim, chef du département Capital humain et Innovation, laisse entendre que cette initiative vise à catalyser et fédérer les efforts nationaux pour la transformation digitale de l’écosystème éducatif et de formation. Elle se déploie à travers deux axes majeurs : le positionnement back office, où l’ADD accompagne les acteurs de l’éducation et de la formation d’une part, et le développement de ses propres produits de formation, d’autre part. Dans le cadre du positionnement back office, l’ADD a collaboré avec l’OFPPT, en 2019, en tant que référent digital, aboutissant à la refonte de la carte de formation.

De nouvelles filières telles que le développement mobile, la réalité virtuelle, la gestion des données, la réalité augmentée et la cybersécurité ont été introduites dans l’enseignement professionnel. Selon Salma Karim, l’ADD joue également un rôle essentiel dans la formation du secteur public, offrant des programmes aux administrations pour former leurs fonctionnaires en présentiel ou à distance. En parallèle, elle a développé ses propres produits, dont le Centre interactif digital, fruit d’un Partenariat public-privé, formant des experts en réalité virtuelle et augmentée depuis 2020.

De même, la plateforme e-learning nationale inclusive «Academia Raqmya», lancée en mai 2022, est une autre réalisation majeure de l’ADD. Elle adresse trois segments de la population marocaine : les professionnels du secteur privé, les fonctionnaires de l’État (pour la culture, le reskilling et l’upskilling), et l’ensemble des citoyens, à travers une offre d’acculturation digitale en darija, couronnée par un passeport digital.

Après un an et demi de mise en ligne, la plateforme compte déjà quelque 26.000 bénéficiaires, marquant ainsi une expérience pilote réussie. L’intervenante souligne que l’ADD continue à collaborer avec divers partenaires pour soutenir ces initiatives et contribuer à la transformation digitale globale du Maroc. Pour acculturer les enseignants à ce nouvel écosystème, International Education Group (IEG) a développé une vaste palette de dispositifs pédagogiques qui s’appuient sur des méthodes progressives.

«Au sein de notre groupe, nous avons lancé un projet Ed-tech en 2015, mettant en avant le numérique au service de la pédagogie. L’approche fondamentale était de considérer le numérique comme un moyen d’aller au-delà des méthodes existantes, ouvrant des perspectives différentes. Pour mener à bien ce projet, nous avons collaboré avec des conseillers techno-pédagogues, des experts connaissant les usages du numérique en lien avec la pédagogie», relève Lamia Outgenza, directrice générale d’IEG.

Elle explique que le point central de leur démarche est de souligner que le numérique ne doit pas remplacer quelque chose d’existant, mais plutôt enrichir l’enseignement et la pédagogie. Un exemple concret est la différenciation pédagogique, rendue possible grâce au numérique. Dans une classe de 20, 24, voire 30 élèves, le numérique offre la possibilité de travailler en petits groupes, avec des outils variés. Le professeur peut naviguer entre les groupes, identifier les difficultés en temps réel grâce à des tableaux de bord, et ajuster son soutien en fonction des besoins spécifiques de chaque groupe d’élèves. Les enregistrements audios, par exemple, permettent au professeur de suivre de près les compétences d’expression orale des élèves.

La connectivité au service de l’éducation
L’engagement dans l’éducation est ancré dans la stratégie de l’opérateur inwi, avec la connectivité comme base essentielle. «Notre rôle, en tant que facilitateur, est de soutenir des initiatives éducatives pertinentes, en mettant la connectivité au service de l’éducation», relève Kenza Bouziri, directrice Communication Corporate & RSE – inwi. Bien avant la période de la crise sanitaire liée à la Covid-19, l’opérateur a été précurseur en matière d’initiatives éducatives, lançant une plateforme d’e-learning dès 2012.

« Parmi nos initiatives récentes, je mentionnerai en premier lieu le programme «inwi challenge», réalisé en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale. À travers ce programme, les élèves utilisent Minecraft éducation pour étudier n’importe quelle matière en s’amusant, offrant une approche ludique de l’apprentissage», souligne-t-elle.

Ce programme, en cours depuis trois ans, a touché plus de 30.000 élèves dans les 12 régions du Maroc. Une autre initiative notable est celle des «Classes connectées». En tant qu’opérateur, «nous contribuons à l’inclusion numérique en mettant la technologie au service de l’éducation, particulièrement dans les zones rurales et les écoles primaires. En collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale, nous avons équipé une cinquantaine d’écoles rurales en connectivité. Notre engagement ne se limite pas seulement à la connectivité, nous proposons également des formations pour les enseignants encadrants. Nous sommes fiers de ce programme qui favorise l’inclusion numérique et sociale, et nous envisageons de poursuivre ces efforts, en continuant à mettre notre expertise au service de l’éducation», conclut-elle.

Kenza Bouziri 
Directrice Communication Corporate & RSE – inwi.

 

«Notre rôle en tant que facilitateur est de soutenir des initiatives éducatives pertinentes. Bien que l’éducation ne soit pas notre cœur de métier, notre objectif est de mettre la connectivité au service de l’éducation».

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO



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