Fès : comment sortir la ville de sa léthargie ?
La ville de Fès lutte contre les coupes persistantes dans un budget qui semble de moins en moins adapté aux besoins croissants de la population.
Alors que les métropoles comme Casablanca, Rabat et Marrakech, valident des budgets dépassant le milliard de dirhams, Fès, la troisième ville la plus peuplée du Royaume, voit son budget se réduire année après année. Un budget qui aujourd’hui ne semble plus en mesure de permettre à la ville de relever les défis qui lui incombent, puisqu’il est principalement destiné aux dépenses de gestion. Avec les affaires judiciaires en cours visant les élus municipaux pour des accusations diverses (mauvaise gestion des fonds publics, falsification de documents officiels, détournement de fonds…), de nombreux observateurs se demandent si cette situation émane d’une politique délibérée de la part des autorités centrales ou d’un déficit de compétence des élus locaux.
Un budget en cascade absorbé par les dépenses de gestion
Pour l’année 2024, la commune de Fès a proposé un budget prévisionnel de 695 millions de dirhams (MDH), en baisse de 5 millions par rapport à 2023. C’est ce qui ressort de la session ordinaire du Conseil communal de Fès, pour le mois d’octobre, qui s’est tenue jeudi. Pour l’année à venir, le conseil réserve une enveloppe de 154,3 MDH à la masse salariale, soit 22,2% des dépenses totales prévues en 2024. De plus, 158 MDH seront alloués au paiement des entreprises pour les services qu’elles fournissent à la commune, tandis que 131,6 millions seront consacrés au remboursement annuel des prêts contractés. Par ailleurs, la commune a alloué une enveloppe de 66 MDH à la consommation d’eau et d’électricité, 15 MDH aux frais d’exécution des jugements et des conventions de transaction et 7 MDH à l’entretien courant des espaces verts, des jardins et des forêts.
Les principales ressources de la ville
Côté ressources, le conseil prévoit de collecter 220,6 MDH en tant que part du produit de la TVA, 128 MDH de dirhams de taxes sur les services communaux et 8,5 MDH de taxes de séjour. En ce qui concerne la taxe sur les terrains non bâtis (TNB), la trésorerie du conseil s’attend à des recettes avoisinant les 100 MDH, en plus de 29,9 MDH provenant des taxes sur les opérations de construction. La taxe professionnelle et la taxe sur les débits de boissons devraient rapporter, respectivement, 110 MDH et 6,9 MDH. Les taxes sur les recettes du marché de gros des fruits et légumes s’établiront à 12 MDH, tandis que celles générées par les marchés de poissons atteindront 4,5 MDH.
69,5 MDH pour six arrondissements
Lors de cette rencontre, et conformément aux dispositions de l’article 249 de la loi organique 113.14, le conseil a dédié une enveloppe de 69,5 MDH aux six arrondissements de la ville. L’arrondissement de Zouagha, le plus peuplé et le moins doté en infrastructures, bénéficiera d’une enveloppe de 13,6 MDH. Il est suivi de ceux d’Agdal et d’El Mariniyine (12,6 MDH chacun). Les arrondissements de Saiss et Jnane El Ouard se verront attribuer 11,6 MDH chacun, tandis que celui de Fès-Medina recevra une enveloppe de 7,5 MDH. Avoisinant 10% du budget général de la commune, le budget dédié aux arrondissements a ainsi enregistré une baisse de 5,4 MDH par rapport à 2023 (75 MDH).
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO