Consécration de l’amazighité : une décision royale plus que symbolique
La décision de décréter le Nouvel An amazigh comme jour férié est un tournant historique qui confirme, une nouvelle fois, la place accordée par le Royaume à la question de l’amazighité, après l’officialisation de la langue, dans la Constitution de 2011, et la mise en œuvre de la loi organique n°26.16 du 26 septembre 2019.
Un pas de plus pour l’intégration de la culture et de la langue amazighes. Sur décision du Roi Mohamed VI, Yennayer, le Nouvel An du calendrier amazigh, a été déclaré, le 3 mai 2023, comme jour férié national à célébrer à l’instar du 1er Moharram de l’année de l’Hégire et du Jour de l’an du calendrier grégorien.
De ce fait, les Marocains célèbreront le prochain Nouvel An amazigh 2974, en tant que jour férié, soit le 13 janvier 2024. Ce tournant historique confirme, une nouvelle fois, la place accordée par le Royaume à la question de l’amazighité après l’officialisation de la langue dans la Constitution de 2011 et la mise en œuvre de la loi organique n°26.16 du 26 septembre 2019, définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh, ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les domaines prioritaires de la vie publique.
Le souverain a donné ses hautes orientations au Chef du gouvernement pour prendre les dispositions nécessaires en vue de mettre en œuvre cette décision royale qui vient consacrer la haute sollicitude accordée par le Roi à cette langue en tant que composante essentielle de l’identité marocaine, riche par la pluralité de ses affluents et patrimoine commun à tous les Marocains, sans exception.
Officialisation de l’amazigh : 1 MMDH à l’horizon 2025
L’adoption du Nouvel An amazigh en tant que jour férié national s’inscrit également dans le cadre de sa consécration constitutionnelle comme langue officielle du pays, aux côtés de la langue arabe. Parallèlement, la langue amazighe est devenue une condition d’octroi de la nationalité marocaine au même titre que l’arabe, en vertu de la loi n°08.23 complétant l’article 11 du Dahir 1.58.250 portant Code de la nationalité marocaine, qui a été publiée au Bulletin officiel du 27 février 2023. Par ailleurs, le gouvernement a annoncé qu’il a consacré 300 MDH au titre de la loi de Finances 2023 au chantier de l’officialisation de l’amazigh.
Ce montant sera porté à 1 MMDH à l’horizon 2025 afin d’accélérer les chantiers stratégiques prioritaires stipulés dans la loi organique 26-16 relative à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe et les modalités de son intégration dans tous les aspects de la vie quotidienne. Il s’agit de la mise en œuvre du discours royal du 17 octobre 2001 d’Ajdir dans lequel le souverain avait annoncé l’institutionnalisation de la langue amazighe comme langue officielle, aux côtés de l’arabe.
Le 22e anniversaire du discours royal d’Ajdir
Prononcé le 17 octobre 2001, dans la province de Khénifra, le discours d’Ajdir est un texte fondateur. En effet, il a posé les jalons d’une nouvelle politique linguistique et culturelle, avec la reconnaissance de la diversité de l’intégralité de l’histoire commune du Maroc et de son identité culturelle nationale bâtie autour d’apports multiples et variés. «L’amazighité, qui plonge ses racines au plus profond de l’histoire du peuple marocain, appartient à tous les Marocains, sans exclusive, et elle ne peut être mise au service de desseins politiques de quelque nature que ce soit. Le Maroc s’est distingué, à travers les âges, par la cohésion de ses habitants, quels qu’en soient les origines et les dialectes. Ils ont toujours fait preuve d’un ferme attachement à leurs valeurs sacrées et résisté à toute invasion étrangère ou tentative de division», avait souligné le Souverain.
Le discours d’Ajdir, qui a permis la création de l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), a souligné aussi que «l’amazigh constitue un élément principal de la culture nationale et un patrimoine culturel dont la présence est manifestée dans toutes les expressions de l’histoire et de la civilisation marocaine». De ce fait, le Roi Mohamed VI a accordé une sollicitude toute particulière à la promotion de l’amazighité dans le cadre de la mise en œuvre du projet de société démocratique et moderniste, fondée sur la consolidation de la valorisation de la personnalité marocaine et de ses symboles linguistiques, culturels et civilisationnels.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO