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Capital humain : formation et création d’emplois, l’équation-clé

Gage de compétitivité – notamment dans le secteur industriel – et de stimulation de la croissance économique, le capital humain, la formation et la création d’emplois constituent une équation clé dans le tissu industriel national. Où en est le Maroc, et quels sont les défis auxquels les acteurs sont confrontés dans ce domaine. Éléments de réponse.

Les perspectives du secteur industriel national sont prometteuses. C’est le résultat d’une série de mesures prises par le gouvernement pour stimuler l’investissement et le développement économique. Il s’agit, notamment, de l’investissement productif, levier essentiel pour relancer l’économie nationale et ancrer le Maroc dans des secteurs porteurs. Celui-ci a considérablement favorisé l’accroissement de la part industrielle dans le PIB, laquelle est passée de 14% à 23% en 2020. Un développement toutefois tributaire de la qualité du niveau de qualification des femmes et des hommes qui exercent dans ce secteur, outre les investissements privés et publics qui ont permis une croissance significative du secteur ces dernières années, mais dont le potentiel en termes d’emplois reste encore à exploiter. Le gouvernement le sait et multiplie les efforts dans ce sens. En avril dernier, il a signé quatre mémorandums d’entente visant à créer 5.050 nouveaux emplois directs et stables à l’horizon 2026 sur plusieurs sites d’outsourcing dans le Royaume, notamment à Tanger, Fès, Rabat, Casablanca et Agadir. Cela représentera un investissement total de plus de 65 millions de dirhams dans ce secteur en pleine croissance au Maroc et qui se place parmi les trois premières destinations en Afrique. À noter qu’il emploie aujourd’hui plus de 120.000 personnes, pour un chiffre d’affaires à l’export de 13 milliards de dirhams en 2021. Mais le Royaume peut et doit mieux faire !

Le Plan d’accélération industrielle, initié par Moulay Hafid Elalamy, ancien ministre du Commerce et de l’industrie, et poursuivi par Ryad Mezzour, son successeur, a indéniablement porté ses fruits en termes d’emplois directs déclarés à la CNSS, explique Khalid Doumou, analyste économique. Cependant, poursuit-il, si on ne parvient pas à monter rapidement en gamme dans des secteurs de pointe tels que l’automobile, l’aéronautique, les nanotechnologies, dans la production d’eau potable, ou dans l’agriculture intelligente – qui doit être destinée à satisfaire en priorité la demande domestique en produits agricoles et agro-alimentaires abordables pour le citoyen lambda et les ménages à faibles revenus -, nous nous retrouverons sans doute très souvent, dans un avenir proche, dans des situations de difficulté en termes de compétitivité.

Plus globalement, ajoute notre interlocuteur, «quand on parle de l’emploi au Maroc, se pose une problématique pluridirectionnelle». «Lorsqu’on parle d’emploi au Maroc, on se borne souvent au chiffre agrégé du chômage domestique sans s’intéresser de plus près à ses nombreuses ramification. En effet, qui dit emploi, doit également penser aux politiques de formation.», soutient Doumou.Selon lui, nous ne disposons pas encore, au Maroc, d’un «pôle emploi» qui propose des postes de travail pour la population disponible à la recherche d’un emploi, avec la création de passerelles entre les formations proposées et le premier emploi décroché, et la pérennisation des emplois créés, par une politique de formation permanente au sein de l’entreprise et en dehors. Doumou insiste sur l’adéquation des cursus proposés par les ministères de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur, et de la formation professionnelle, toutes branches confondues, avec le marché du travail, «une donnée sine qua non pour la résorption du chômage sous nos cieux». «Le degré de qualification atteint dans un secteur donné n’est plus aujourd’hui toujours synonyme d’emploi pérenne, mais il s’agit plutôt de devenir souple et agile dans l’acquisition de nouvelles compétences entrepreneuriales transverses dans un monde en perpétuelle évolution», explique le spécialiste pour qui «hard skills (compétences techniques) et soft skills (compétences générales) confondues sont désormais requises chez l’ensemble des lauréats candidatant pour un nouvel emploi. En 2022, l’ensemble du tissu productif national a détruit 24.000 emplois (150.000 créés et 174.000 perdus), et donc ce dossier devient de plus en plus critique au moment où la concurrence pour le recrutement des compétences clés se fait désormais à l’échelle mondiale et non plus locale (brain drain dans les secteurs de pointe à très forte valeur ajoutée : IT et finance).

«Le télétravail aidant, les délocalisations compétitives ne concernent plus que l’exportation de filiales (phénomène des «maquiladoras») dans des pays à faibles coûts de production et à systèmes fiscaux incitatifs, mais également des travailleurs à distance (emplois offshore).», soutient-il.

Aujourd’hui, le Maroc flirte avec les 12% de taux de chômage, une inflation à deux chiffres, un taux de croissance quasi-nul et accuse un déficit commercial structurel de quelque 22 milliards de dirhams en janvier 2023. Dès lors, des emplois de qualité sont nécessaires à la compétitivité des entreprises sur le marché national et international, notamment dans le secteur industriel. Ils sont aussi gage d’augmentation de la production et de stimulation de la croissance économique.

khalid Doumou
Analyste économique expert pluridisciplinaire

«Lorsqu’on parle d’emploi au Maroc, on se borne souvent aux chiffres agrégés du chômage domestique sans s’intéresser de plus près à ses nombreuses ramification. En effet, qui dit emploi, doit également penser aux politiques de formation.»

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO



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