Ligne de crédit modulable : quels risques encourt le Maroc selon le FMI ?
Au cas où le Maroc décide de faire appel à ce dispositif à travers un tirage complet de cette ligne de crédit, il serait le sixième plus grand emprunteur dans le cadre des prêts du compte GRA (compte de ressources général) en se référant aux accords actuels. Un examen permanent de qualification et de conformité avec la LCM sera effectué 12 mois après l’approbation de cette ligne.
Après l’approbation du Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI), le 3 avril 2023, de la ligne de crédit modulable (LCM) pour un montant de 5 milliards de dollars, sur deux ans en faveur du Maroc, l’institution internationale est revenue en détail sur cette opération dans un rapport de 74 pages consacré à cet instrument financier faisant partie des prêts non concessionnels du FMI. L’institution suit de très près la situation économique du Maroc, surtout après la mission de consultation de 2022 et les différentes visites de ses responsables et équipes tout au long de ces deux dernières années.
Selon le FMI, le Royaume dispose de fondements solides, d’où le remplissage des conditions requises pour bénéficier de cette LCM en raison de ses politiques économiques, cadres institutionnels et fondamentaux économiques, ainsi que de l’engagement à maintenir ces politiques à l’avenir.
D’après le rapport en question — qui inclut les différentes évaluations des équipes du FMI ainsi que l’impact et les risques de la LCM —, la ligne de crédit modulable du FMI aura une incidence gérable sur les liquidités du fonds de Facilité de crédit de confirmation (FCC). Dans ce sens, la LCM octroyée au Maroc représente l’équivalent de 2,3% de la liquidité de ce fonds, étant donné que son niveau est passé de 160,5 à 156,8 milliards de droits de tirage spécial (DTS) au 20 février 2023.
L’encours serait de 3,8% du crédit GRA à fin février 2023
Pour le FMI, qui a préalablement examiné la demande marocaine en séance informelle avant la validation de son conseil d’administration, l’accord afférent à la ligne de crédit modulable (LCM) en faveur du Maroc comporte des risques modérés, bien que l’exposition ait augmenté.
Pour rappel, le Maroc a officiellement demandé, le mois dernier, ce dispositif de précaution à travers un accord biennal au titre de la LCM dans le cadre de quatre accords successifs concernant la ligne de précaution et de liquidité (LPL).
À ce jour, cinq pays ont fait appel à la LCM (le Chili, la Colombie, le Mexique, le Pérou et la Pologne). Aucun d’entre eux n’a encore effectué de tirage sur sa ligne de crédit. Au cas où le Maroc décidait de faire appel à ce dispositif à travers un tirage total sur cette ligne de crédit, il représenterait environ 3,8% de l’encours total du crédit, allusion faite au compte de ressources général (General Resources Account – GRA), au 20 février 2023, en plus de 16,8% des soldes actuels de précaution de FMI.
Par conséquent, l’usage de cette ligne ferait du Maroc le sixième plus grand emprunteur en matière de GRA, en se référant aux accords actuels, alors que la capacité de remboursement du fonds resterait suffisante et le risque de recettes serait également gérable.
Le crédit du FMI représenterait initialement 5% du PIB
Dans un tel scénario, la dette extérieure du Maroc atteindrait 43,7% du PIB et la dette extérieure publique 29,5% du PIB cette année. Celle-ci pourrait rester légèrement en deçà de ces niveaux à moyen terme. Aussi, l’encours à cette ligne par le Maroc représenterait 11,4 % de la dette extérieure totale et 16,9 % de la dette extérieure publique.
Le crédit du FMI représenterait initialement 5% du PIB et 28,1% des réserves internationales brutes du Maroc. Le service de la dette extérieure augmenterait à environ 4,25% du PIB d’ici 2024, mais diminuerait progressivement à moyen terme. Selon les projections, le service de la dette du Maroc envers le FMI culminerait, en 2027, à environ 1,5% du PIB.
Selon l’analyse de viabilité de la dette extérieure du Maroc par le FMI, la dette extérieure, après avoir atteint 54,1% du PIB pendant la pandémie en 2020, est passée à 45,4% en 2021 et devrait se stabiliser à environ 43 %, près des niveaux d’avant la pandémie covid-19. Si le Maroc connaissait une dépréciation de 30% de son taux de change, soit le choc le plus extrême, le ratio de la dette extérieure au PIB baisserait à 40%. Par ailleurs, en cas de choc sur le compte courant, le ratio dette extérieure/PIB passerait à 47%.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO