Conjoncture : les industriels gardent espoir
Même si la production a augmenté en février, la majorité des branches industrielles n’ont toujours pas retrouvé le niveau habituel de leurs carnets de commandes. Ce qui ne les empêche pas d’afficher leur optimisme, notamment pour les trois prochains mois. Cependant, à terme, c’est l’incertitude qui prédomine.
En dépit d’un contexte empreint d’incertitude, le moral des industriels demeure au beau fixe, ces derniers escomptant une croissance sensible dans nombre de secteurs d’activité. C’est ce qui ressort de l’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib au titre du mois de février. Et c’est l’amélioration de l’activité industrielle, enregistrée durant ce mois, qui reflète cet optimisme.
En effet, l’enquête révèle que le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) s’est établi à 73% après 72%, un mois auparavant. Ce qui se traduit par une augmentation de la production dans presque toutes les branches industrielles à l’exception de la mécanique et métallurgie, qui a enregistré un repli.
Du côté des ventes, un recul de l’industrie agroalimentaire a été relevé alors que le textile et cuir s’est maintenu au même niveau. Ses ventes ont enregistré une croissance au niveau international, mais elles ont stagné sur le plan local. Il est à noter que le recul enregistré dans les commandes est dû à la baisse du volume des vente. En revanche, les commandes dans la chimie et parachimie, la mécanique et métallurgie et l’électrique et électronique ont augmenté. Si les ventes se sont accrues, les carnets de commandes restent, de manière globale, en deçà de la normale, exception faite de l’industrie électrique et électronique qui a dépassé les niveaux habituels.
Industrie agroalimentaire
Malgré une hausse de la production, avec un TUC qui s’est situé à 76%, l’activité n’a pas réussi à booster les ventes, lesquelles sont restées stationnaires durant le mois de février. Au niveau des commandes, la branche n’est pas mieux lotie avec des carnets de commandes en recul, à un niveau inférieur à la normale. Selon les professionnels du secteur, le recul de la demande intérieure est dû en partie à la saisonnalité et à la conjoncture. «La hausse des prix et le renchérissement ou la raréfaction du crédit entraînent une baisse de la demande. Le phénomène est amplifié durant la période qui précède le Ramadan où les ressources disponibles sont mobilisées vers des produits spécifiques», précise Hakim Marrakchi, directeur général de Maghreb Industries. Mais les industriels ne se découragent pas, s’attendant à une hausse de la production et des ventes pour les trois prochains mois. Toutefois, 41% des chefs d’entreprise ont manifesté le caractère incertain de l’évolution de la production et des ventes.
Industrie textile et cuir
Pour l’ensemble des sous-branches, la production de l’activité a bien progressé, sauf pour l’industrie du cuir et de la chaussure qui a enregistré une baisse. Dans ces conditions, le TUC se serait situé à 78%. Néanmoins, les ventes n’ont pas suivi cette tendance et se sont maintenues au même niveau, bien qu’une croissance ait été constatée dans l’industrie textile et dans celle de l’habillement et des fourrures. Par contre, l’industrie du cuir et de la chaussure a régressé aussi bien au niveau des ventes que des commandes. L’enquête indique qu’elle a connu une stagnation. Seule l’industrie de l’habillement et des fourrures a enregistré une progression. Ces données renseignent sur le carnet des commandes, lequel se serait situé à un niveau inférieur à la normale. Toutefois, le manque de visibilité persiste quant à la croissance future de la filière. D’ailleurs, 37% des chefs d’entreprise sondés évoquent cet aspect. En revanche, pour les trois prochains mois, les industriels s’attendent à une stagnation de la production ainsi que des ventes.
Industrie chimique et parachimique
À l’instar des autres branches, cette activité aurait augmenté, avec un TUC à 72%. Une dynamique qui a été enregistrée sur le marché étranger par rapport au volume des ventes, alors que sur le marché local, ces dernières ont stagné. Mais en dépit de cette évolution, le carnet de commandes demeure inférieur à la moyenne habituelle. Quant aux aspirations pour les trois prochains mois, les industriels de la chimie et parachimie ne dérogent pas à la règle, et prévoient une progression des ventes et de la production. En revanche, 28% des patrons interviewés se disent incertains quant à l’évolution de l’activité à terme.
Industrie électrique et électronique
Avec un TUC qui se situe à 78%, la branche a noté une croissance de la production, laquelle s’est traduite par une progression des ventes tant sur le marché local qu’à l’export. Idem pour les commandes qui ont évolué favorablement en février. Même le carnet des commandes s’est situé à un niveau supérieur, contrairement aux autres activités industrielles. Cette dynamique se reflète sur le moral des industriels qui espèrent la poursuite de cette tendance haussière lors des trois prochains mois. Cependant, 45% d’entre eux déclarent ne pas disposer de visibilité par rapport au devenir de l’activité.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO