Les chefs d’entreprise sont globalement optimistes pour le reste de l’année après un 4e trimestre 2022 moins douloureux comparé à celui des années précédentes. Et, tout porte à croire que cette situation va s’améliorer pour le reste de l’année.
Un tableau de bord rassurant. Les chefs d’entreprises, interrogés par le Haut commissariat au plan (HCP) dans le cadre des enquêtes de conjoncture réalisées au titre du 1er trimestre 2023 auprès des acteurs opérant dans les secteurs des services marchands non financiers et du commerce de gros, sont globalement optimistes. Selon 51% d’entre eux, au 4e trimestre 2022, l’activité des services marchands non financiers aurait connu une baisse, alors que 22% des patrons ont noté une hausse. Le HCP explique que cette évolution aurait été le résultat, d’une part, de la baisse des activités des «Télécommunications», des «Transports aériens» et des «Transports par eau», et, d’autre part, de la hausse d’activité enregistrée au niveau des branches des «Transports terrestres et transport par conduites» et de l’«Hébergement et restauration». Le taux d’utilisation des capacités de prestation (TUC) du secteur se serait établi à 76%. Dans la même foulée, les carnets de commandes du secteur se seraient situés à un niveau normal par 83% des patrons. Quant à l’emploi, il aurait connu une stabilité selon 53% des chefs d’entreprises et une baisse pour 30%. Le constat est quasiment le même pour le secteur du commerce de gros. En effet, au 4e trimestre 2022, les ventes du secteur en question sur le marché local auraient connu une stabilité, selon 63% des grossistes, et une hausse pour 24%. Cette évolution serait principalement attribuable à la hausse des ventes dans le «Commerce de gros d’équipements de l’information et de la communication» et le «Commerce de gros d’autres équipements industriels ».
La reprise se confirme
L’emploi aurait connu une stabilité selon 83% des chefs d’entreprises. Les stocks de marchandises se seraient situés à un niveau normal pour 81% des grossistes et la tendance observée des prix de vente aurait affiché une hausse selon 33% des chefs d’entreprises. Selon Mohamed Rahj, universitaire et fiscaliste, ces appréciations positives du patronat sont le signe que la reprise économique se confirme, après les trois années de crise mondiale liée au Covid.
Ce constat est encore plus ponctué dans le tourisme, l’un des secteurs les plus naufragés durant la pandémie. Aujourd’hui, la tendance s’est radicalement inversée à tel point que la destination Maroc a permis d’engranger des recettes touristiques dépassant leur niveau d’avant-crise. La restauration et la production industrielle, par exemple, ne sont pas en reste.
Il faut noter que l’Indice de la production industrielle, énergétique et minière hors raffinage de pétrole a affiché une hausse annuelle de 0,8% en 2022, preuve que la reprise se précise, même si l’énergie électrique et les industries extractives sont encore à la traîne. Ragaillardies pas ces signaux positifs et avec un optimisme en bandoulière pour le reste de l’année en cours, 70% des entreprises du secteur des services marchands non financiers auraient réalisé des dépenses d’investissement en 2022 destinés, principalement, au remplacement d’une partie du matériel et à l’extension de l’activité.
Dans ce sillage, indique le HCP, les anticipations des chefs d’entreprises du secteur susmentionné, pour le 1er trimestre 2023, révèlent une augmentation de l’activité globale, selon 31% d’entre eux, et une baisse pour 19%. Ces anticipations seraient dues, d’une part, à la hausse de l’activité prévue dans les branches de l’«Entreposage et services auxiliaires des transports», des «Transports terrestres et transport par conduites» et de la « Programmation, conseil et autres activités informatiques», et, d’autre part, à la baisse prévue dans les «Activités de poste et de courrier». 65% des chefs d’entreprises prévoient une stabilité de la demande et 37% une augmentation des effectifs employés. L’optimisme est encore prononcé auprès des patrons du secteur du commerce de gros. Les anticipations de 74% des grossistes affichent une stabilité du volume global des ventes pour le premier trimestre 2023 et une augmentation selon 15% d’entre eux.
Cette évolution, note l’institution dirigée par Ahmed Lahlimi Alami, serait principalement attribuable, d’une part, à la hausse prévue des ventes dans le «Commerce de gros de biens domestiques» et le «Commerce de gros de produits agricoles bruts et d’animaux vivants», et, d’autre part, à la baisse prévue des ventes dans le «Commerce de gros d’autres équipements industriels». Les commandes prévues pour le premier trimestre 2023 seraient d’un niveau normal selon 79% des chefs d’entreprises et inférieur à la normale pour 14% d’entre eux. L’emploi connaîtrait une stabilité des effectifs d’après 88% des grossistes. Mohamed Rahj est convaincu que cette dynamique va s’améliorer au cours des mois à venir, tablant sur une baisse du prix de l’énergie dont le Maroc est très dépendant sur le plan des importations.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO