Fès : les défis du vivre-ensemble décortiqués par l’Alliance des civilisations
Plus d’un millier de participants prennent part au 9e forum de l’Alliance des civilisations des Nations Unies (UNAOC) qui s’est ouvert mardi à Fès, avec la participation d’éminentes personnalités, dont le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
Les travaux du 9e forum de l’Alliance des civilisations des Nations Unies (UNAOC), organisé pour la première fois en terre africaine, se sont ouverts mardi à Fès, avec la participation d’éminentes personnalités, dont le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Visant à renforcer le dialogue et la coopération entre les communautés, cultures et civilisations, la séance d’ouverture de ce forum de deux jours, qui se tient sous la thématique, «Vers une alliance de paix : vivre ensemble comme une seule humanité», a été marquée par un message adressé par SM le Roi Mohammed VI aux participants, dont lecture a été donnée par André Azoulay, conseiller du Souverain.
Ledit message a souligné que cette édition donnait un signal fort de continuité et d’universalité. Elle se fédère autour d’un dessein partagé : avancer vers «une alliance de la paix» et d’un objectif commun, celui de répondre à l’impératif du «vivre-ensemble» au nom d’une «seule humanité». Il a également précisé que le contexte actuel est marqué par la recrudescence des causes qui furent à l’origine même de la création de l’Alliance des civilisations. En effet, jamais l’humanité n’a été aussi exposée et le vivre-ensemble aussi menacé au quotidien. Rarement, «l’Autre» n’a été autant associé à la suspicion ou n’a été tellement utilisé pour attiser la peur et fomenter la haine. Les extrêmes saturent le débat et disqualifient les discours modérés, alors que les religions sont trop souvent instrumentalisées, lorsqu’elles ne sont pas stigmatisées.
«C’est toujours le moment opportun pour parler de paix, de la paix au-delà de l’absence de conflits ; de la paix comme vision du monde, de la paix comme rapport à l’autre. Et l’Alliance est, à cet égard, un puissant vecteur de paix», précise Azoulay lors de sa lecture du message royal. Et d’ajouter, «à l’opposé des guerres dont on connaît le début, mais jamais la fin, le dialogue est une réussite par essence. Face à la résurgence de la conflictualité, le dialogue est, toujours, une promesse positive, sinon de différends réglés, du moins d’une connaissance mutuelle renforcée».
Un modèle d’ouverture sur les civilisations
Membre fondateur de l’Alliance des civilisations, le Maroc a été de tous les combats de l’Organisation. D’abord, pour des raisons consubstantielles à son identité, il est structuré autour d’un modèle d’ouverture, d’harmonie et de synergie qui a vu converger les composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, et qui, simultanément, s’est enrichi des affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen. Et aussi pour des raisons inhérentes à ses engagements, dont les valeurs de l’Alliance, les idéaux qu’elle porte et le paradigme qu’elle promeut sont aussi les valeurs du Maroc, ses idéaux et son paradigme.
«Dans ce moment si particulier de l’Histoire, alors que nous luttons contre le changement climatique, que nous combattons le terrorisme, que nous œuvrons en faveur du développement durable, de la sécurité hydrique, énergétique et alimentaire et du développement de manière générale, il nous faut revenir à l’essentiel, c’est-à-dire le vivre-ensemble. Rien ne sert de mener de grands projets si nous ne parvenons pas à dépasser ce premier maillon du vivre-ensemble, au nom d’une seule humanité qui replace l’humain en son cœur», ajoute Azoulay.
Lors de son intervention, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, a précisé que le Maroc est, depuis longtemps, le fer de lance du dialogue interreligieux et de la lutte contre l’extrémisme. Évoquant le contexte mondial marqué par les crises de confiance et l’effondrement des valeurs, Guterres a estimé que les discours de haine, la désinformation et les abus prolifèrent, ciblant en particulier les femmes et les communautés vulnérables. «L’intolérance et l’irrationalité sont monnaie courante. Et les vieux démons (l’antisémitisme, le sectarisme antimusulman, la persécution des chrétiens, la xénophobie et le racisme) se réveillent à nouveau, notant que ces afflictions haineuses et nuisibles s’alimentent mutuellement et suscitent des divisions», a-t-il déploré. À cet égard, le Chef de l’ONU a plaidé pour une action collective à même de construire une alliance pour la paix qui s’étend au niveau mondial et local pour répondre aux épreuves de notre temps. «En cette période de péril, inspirons-nous et restons unis en tant que famille humaine, riche de sa diversité, égale en dignité et en droits, unie dans la solidarité», a conclu le SG des Nations Unies.
Plus de mille participants à cette édition
Un millier de participants – entre délégations officielles faisant partie du groupe des pays et organisations amis de l’alliance, société civile, acteurs dans le champ d’action de l’alliance, universitaires, jeunes professionnels et étudiants – prennent part à ce forum.
Cette manifestation internationale vise à promouvoir le dialogue et la coopération entre les différentes communautés, cultures et civilisations, et à construire des ponts qui unissent les populations et les personnes au-delà de leurs différences culturelles ou religieuses, en développant une série d’actions concrètes visant la prévention des conflits et la construction de la paix.
Le forum représente une opportunité unique pour approfondir les discussions et les débats autour de la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent, du rôle central de l’éducation, du rôle des femmes comme médiatrices et pacificatrices, de la lutte contre l’antisémitisme, l’islamophobie et la christianophobie, du sport comme vecteur pour la paix et l’inclusion, de l’équilibrage des récits migratoires par la programmation, ainsi que du rôle des leaders religieux dans la promotion de la paix, la coexistence et l’harmonie sociale.
Au programme de cette 9e Edition du Forum mondial de l’Alliance des civilisations des Nations Unies, coparrainée par l’Espagne et la Turquie, figure, notamment, une réunion de haut niveau du groupe ministériel des amis de l’UNAOC.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO