Échanges extérieurs : des îlots de satisfaction !
La contribution des échanges extérieurs à la croissance resterait négative en 2022. Et le régime de croissance faible en Europe, principal partenaire économique du Maroc, soulève des interrogations sur les performances futures. Pour l’heure, la hausse des cours des matières premières et un taux de change favorable permettront à certains secteurs d’afficher des chiffres d’affaires record à l’export. Par ailleurs, après deux années de sinistrose, l’industrie touristique retrouve des couleurs.
Habituellement, les échanges extérieurs constituent l’une des faiblesses de l’économie marocaine. Leur contribution à la croissance a été négative au cours des deux dernières années et cela ne devrait pas changer en 2022, selon les prévisions. Les importations devraient augmenter d’un tiers sur l’ensemble de l’année, notamment sous le poids de la facture énergétique qui culminerait à 135 MMDH contre 76 MMDH en 2021.
De l’autre côté, les facteurs à l’origine de l’explosion des importations, c’est-à-dire la hausse exceptionnelle des cours des matières premières et le taux de change, soutiennent aussi les exportations. Au premier semestre, les ventes de l’OCP, des secteurs automobile, agriculture et agroalimentaire, textile et cuir ont établi de nouveaux records. Malgré le recul des volumes expédiés et les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement que connaît le secteur automobile, les ventes de l’OCP ont flambé de 81%, à 69 MMDH, sur les sept premiers mois de l’année alors que les exportations du secteur automobile ont grimpé de 32% à 60 MMDH. Dans l’automobile en particulier, la performance est tirée par la filière construction dont les ventes ont augmenté de 57%, à 29 MMDH.
Les exportations du câblage automobile ont progressé de 15%, à 18 MMDH. Les ventes du secteur agricole et agroalimentaire se sont accrues de 23% sur la même période et celles de l’aéronautique de 58%. Les projections pour le reste de l’année demeurent très favorables, de quoi atténuer l’impact négatif des échanges extérieurs sur la croissance. Les ventes de l’OCP à l’étranger atteindraient 145 MMDH alors que les projections pour le secteur automobile ressortent à près de 100 MMDH. Avec le régime de croissance faible en Europe, principal partenaire économique du Maroc, la performance de l’économie marocaine dans la perspective d’une demande extérieure affaiblie reste une interrogation. Pour le HCP, la contribution des échanges extérieurs à la croissance serait nulle en 2023.
Net rebond des recettes de voyage
La réouverture des frontières et l’allègement des restrictions sanitaires ont permis de requinquer une industrie touristique sinistrée depuis deux ans. Sur le seul mois de juillet, le trafic commercial aérien international a dépassé son niveau pré-Covid. Pour les marchés de l’Europe et de l’Amérique du Nord, les taux de récupération dépassent 100%. En tenant compte du trafic domestique, plus de 9,8 millions de personnes auront été transportés sur les sept premiers mois de l’année, ce qui représente 70% du trafic sur la même période en 2019. Les recettes, elles, ont totalisé 37 MMDH contre 13 MMDH en 2021 et 42 MMDH en 2019. Sur l’ensemble de l’année, ils retrouveraient leur niveau pré-Covid, soit 80 MMDH contre 79 MMDH en 2019, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib.
Ce que pèse le «Made in Morocco»
Après Bank Al-Maghrib, la DEPF a livré, en début d’année, une analyse des échanges extérieurs permettant une appréciation plus pertinente des exportations et des impacts sur la croissance et l’emploi. Sa démarche tient mieux compte des effets de la mondialisation et permet de mieux capturer les contributions intrinsèques des pays au commerce international. Ainsi, le contenu importé des exportations marocaines s’est située en moyenne à 32% sur la période 2011-2018. Autrement dit, la valeur locale dans les exportations marocaines représente en moyenne 68%. Elle varie en fonction des secteurs. Elle est inférieure à 50% dans les activités de fabrication de produits informatiques, appareils électroniques et optiques, dans la construction automobile et la fabrication d’autres équipements de transport et dans le textile et habillement. Dans les industriels alimentaires, elle ressort en moyenne à 78% sur la période en revue.
Franck Fagnon / Les Inspirations ÉCO