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Crise économique mondiale : quelles recettes pour les pays africains ?

PUBLI-RÉDACTIONNEL

Le monde, et les pays africains en particulier, doivent affronter malgré eux, coup sur coup, deux crises majeures : une crise sanitaire – qui n’est d’ailleurs pas terminée- et le conflit en Ukraine. La crise du Covid a révélé la nécessité de renforcer et repenser la souveraineté sanitaire et industrielle des Etats. La crise ukrainienne y ajoute la souveraineté alimentaire et énergétique et amène à repenser de manière plus globale l’interdépendance des Etats et les liens politiques, stratégiques et commerciaux qui en découlent. Il est donc question pour tous les Etats et les Etats africains en particulier de s’organiser pour être souverains dans leurs décisions et être en mesure d’absorber ces chocs.

Je précise que la souveraineté n’est pas synonyme d’autarcie ou de repli sur soi, ni nécessairement qu’il faille produire tout, tout seul. C’est en fait une multitude de leviers qui consistent à pouvoir exercer librement son pouvoir politique et commercial. Le blé, par exemple, est très majoritairement importé de Russie et d’Ukraine, or la difficulté n’est pas tant que les pays africains, en particulier d’Afrique du Nord, soient importateurs, mais qu’ils le soient quasi-exclusivement de ces deux pays.

De la même manière, la crise du Covid a révélé la vulnérabilité des Américains et des Européens, trop dépendants de leurs importations chinoises de semi- conducteurs. Le problème n’est donc pas qu’il y ait un commerce mondial, au contraire, mais qu’il y ait une chaîne d’importation quasi-exclusive. C’est avant tout une question de diversification des chaînes d’approvisionnement et de capacité de production automne sur des filières clés en fonction des avantages comparatifs de chaque pays. Les pays africains doivent donc transformer l’immense richesse de leurs matières premières brutes en produits finis et en filières industrielles, en nouant également des partenariats stratégiques dont l’Europe a vocation à être un partenaire privilégié du fait de l’histoire et de la géographique des deux continents.

Cette transformation repose sur le développement du capital humain, la formation et les qualités d’exécution. C’est dans cette logique par exemple que le nouveau programme exécutif de l’ESSEC «Generation Africa» s’inscrit.

Le Maroc est l’un des pays africains précurseurs en ce domaine. La création et l’agrandissement d’un complexe comme Tanger Med, le développement des chaînes de production automobile à l’instar de Renault et Peugeot, l’existence d’une chaîne de production industrielle dans le secteur de la sous-traitance aéronautique tant du côté de Boeing que d’Airbus à travers Stelia, constituent des piliers industriels solides. Les filières se renforcent, l’économie se diversifie et devient ainsi plus résiliente.

La crise sanitaire a montré la nécessité de renforcer toute la filière santé. L’accélération du développement de l’Institut Pasteur au Sénégal ou de centres d’excellence en la matière en Afrique du Sud (Omicron fut détecté par un laboratoire sud-africain) en sont un autre exemple.

En conclusion, les défis économiques, politiques, climatiques, sociaux sont énormes. Mais ils constituent parallèlement et parfois paradoxalement une opportunité pour plusieurs économies du continent afin d’accélérer et développer leurs industrialisations et leurs places dans la chaîne de valeur mondiale. Ce développement passe nécessairement par le secteur privé qui doit prendre son risque tout comme le secteur public qui doit offrir un cadre d’investissement solide, pérenne et transparent. Le temps n’est donc ni à l’optimisme ni au pessimisme, mais à l’action.

Benoît Chervalier
Enseigne à Sciences-Po Paris et à l’ESSEC (financement des économies et des entreprises en Afrique). Il est banquier d’affaires, fondateur et Président de one2five advisory, conseille les entreprises et les entités souveraines sur leurs opérations en Afrique.


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