Tourisme : les conditions de la reprise
Bien que de manière timide, l’activité touristique nationale tente résolument de rependre sa croissance en main pour retrouver son niveau d’avant-crise. Plusieurs actions ont déjà été lancées pour accompagner les opérateurs touristiques dans leur relance et d’autres devraient suivre.
À peine le monde commençait-il à se relever des effets de la crise sanitaire que la guerre entre la Russie et l’Ukraine est venue aggraver la crise économique internationale, impactant la plupart des secteurs économiques ! Quoique l’espoir d’une reprise graduelle soit toujours présent, en tout cas pour le tourisme national, fortement ébranlé par la pandémie et les mesures sécuritaires qui en ont découlé.
C’est en tout cas ce que confirme Hamid Bentahar, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT) et président-directeur général d’Accor Gestion Maroc, lors de son passage dans «L’invité des ÉCO», le nouveau rendez-vous des «Inspirations ÉCO». En tant qu’éternel optimiste, Bentahar préfère voir le verre à moitié plein en assurant qu’«aujourd’hui, nous allons apprécier d’abord le fait que notre pays soit en train de s’en sortir par rapport aux conséquences de la crise.
Nous voulons célébrer et profiter de cette bonne nouvelle. Car, il faut le dire, les professionnels du tourisme, après plus de 22 mois de difficultés, ont vraiment besoin d’énergie positive et surtout de se projeter dans l’avenir avec l’ouverture des frontières et l’exploration de toutes les opportunités pour remettre le secteur sur les rails de la croissance».
Ceci dit, concernant la guerre en Ukraine, il est encore trop tôt pour vraiment évaluer ses répercussions sur l’activité touristique du Royaume. «Il y aura certainement un impact, mais c’est encore prématuré de tirer des conclusions», estime-t-il.
La reprise en marche
Il faut dire que l’activité touristique nationale tente, bien que timidement, de rependre progressivement sa croissance en main. «C’est réconfortant de revoir les agences de voyages, les transporteurs, et les guides touristiques, les hôteliers, ou encore les restaurateurs reprendre leurs activités. Et puis surtout, l’accueil réservé au Maroc dans les différentes manifestations touristiques mondiales.
Autant de bonnes nouvelles pour notre secteur», affirme notre interlocuteur. Célébrer, accompagner, encourager, stimuler sont donc les mots d’ordre pour une reprise sereine et sûre de l’activité touristique, qui avait pu dépasser, il y a quelques années, la barre des dix millions de touristes. Bentahar estime qu’il faut continuer à améliorer les différents dispositifs mis en place en faveur du secteur durant les deux dernières années.
«Nous devons accompagner les professionnels du secteur qui sont à pied d’œuvre dans les marchés pour assurer une reconnexion avec leur clients internationaux et joindre tous les efforts à ceux fournis par l’Office national du tourisme», assure-t-il.
Les conditions de réussite
Toutefois, la machine peut aller plus vite, estime le président de la CNT à cet égard. En effet, il serait judicieux, déjà, d’harmoniser les conditions d’accès au territoire national. «L’exigence du test PCR pour des touristes qui sont vaccinés est une véritable contrainte qui ralentit le rythme de la reprise», martèle-t-il.
Aujourd’hui, le Maroc n’a pas encore récupéré ses parts naturelles du business et de la demande touristique, principalement à cause de cette contrainte majeure. Bref, tout en étant conscient que le pays est loin d’avoir tourné la page de la crise, le président de la CNT rassure quant au bilan d’étape des réalisations du secteur à date. Pour lui, «il est plutôt satisfaisant», suite à la mise en place de mesures de soutien aux opérateurs du secteur, l’ouverture de l’espace aérien et, depuis peu, maritime.
«Nous devons collectivement améliorer les dispositifs de soutien aux métiers touristiques, protéger les emplois et les entreprises», plaide Bentahar. Ces actions rentrent donc dans la phase de sauvegarde du secteur, car le dispositif actuel fonctionne, mais a besoin d’ajustement. «Nous travaillons avec le ministère de tutelle pour compléter la batterie de mesures existante, garder cette ambition de solidarité et ne laisser aucun acteur à la marge de la machine de relance», explique le président de la CNT.
Pour un secteur qui réalise 138 MMDH de recettes par an et qui a connu deux années d’arrêt d’activité quasi-total, un budget de relance de 2 MMDH n’est certainement pas suffisant. À ce propos, Bentahar demeure tout de même optimiste en disant que «certes, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Mais il faudrait saluer l’effort fourni dans ce sens. Sachant que ceci ne représente qu’une première étape de la série de mesures d’accompagnement au secteur. Certains pays n’ont rien fait pour relancer le tourisme, d’autres ont beaucoup fait».
Au Maroc et durant les deux dernières années, le niveau d’endettement des entreprises touristiques s’est fortement aggravé, elles ont eu recours à tous les types de crédit proposés pour assurer leur survie. Ces crédits n’ont, en fin de compte, assuré que le paiement de charges non-productives, alors qu’en contrepartie, leur chiffre d’affaires était presque nul.
En fin de compte, ces mesures ont simplement permis aux opérateurs de gagner du temps en attendant la vraie reprise. En tout cas, pour ce qui est du cas national, les actions opérées à date représentent une bouffée d’oxygène qui ouvre la voie à des mesures additionnelles dans le futur. Il est question de compléter ces actions par un véritable dispositif intégrant des mesures complémentaires pour protéger l’emploi.
«Nous n’avons pas le droit de perdre des entreprises qui étaient saines avant le déclenchement de la crise sanitaire», selon Bentahar qui propose de procéder de manière «chirurgicale», région par région, métier par métier, afin de trouver des solutions permettant d’accompagner de manière optimale les opérateurs touristiques.
Les Inspirations ÉCO