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Dispositif anti-sécheresse : où en sommes-nous ?

Le Maroc a lancé, en février dernier, un dispositif d’atténuation des effets dévastateurs de la sécheresse. Qu’en est-il du déploiement du programme gouvernemental de lutte contre les impacts de la crise climatique ? Éléments de réponse.

Non, ceci n’est pas un poisson d’avril ! La Mutuelle agricole marocaine d’assurances (MAMDA) a démarré les opérations d’indemnisation des agriculteurs victimes de la sécheresse dévastatrice qui a sévi cette année. Une véritable prouesse quand on sait que les paiements constituent une avance de trois mois sur le calendrier usuel, estime la MAMDA qui dit avoir pris toutes les dispositions pour que le démarrage des indemnisations de ces zones intervienne avant le début du mois de ramadan, et ce au regard de la particularité de la campagne agricole 2021-2022.

Pour payer si précocement les ayants droit, elle a démarré, dès le mois de février 2022, les opérations d’expertise pour la déclaration des sinistres dans les zones défavorables et moyennement favorables, en s’appuyant sur une technologie révolutionnaire, à savoir des images satellites et/ou par drones, qui sont en cours de finalisation. Il faut noter que les expertises n’étant usuellement enclenchées qu’à partir du mois d’avril, l’accélération du processus permet ainsi de raccourcir considérablement les délais d’indemnisation des agriculteurs. Une première au Maroc en matière d’expertise agricole.

«Nous avons respecté nos engagements en démarrant les indemnisations au 1er avril. Le premier chèque a déjà été délivré. Ceci a été possible grâce aux moyens et techniques utilisés par la MAMDA pour raccourcir les délais d’expertise. Et dans ce cadre là, on s’est basé sur l’expertise classique et physique avec le réseau d’experts qui se déplacent sur place, en plus de l’imagerie satellitaire ainsi que des drones», a expliqué Mahmoud Oudrhiri, directeur général délégué de la compagnie. L’assurance couvre les céréales (blé tendre, blé dur, orge, maïs) et les légumineuses (fèves, lentilles, petits pois, pois chiches et haricots).

Pour chaque culture, le capital assuré est égal à la superficie concernée multipliée par le montant correspondant au niveau de garantie choisi. Quant à ce dernier, il varie en fonction de la zone géographique et de la nature des récoltes

Une assurance agricole  subventionnée jusqu’à 90%
Par ailleurs, la MAMDA, «dans un esprit de solidarité» avec les agriculteurs touchés par la sécheresse actuelle, a également décidé de leur accorder des facilités de paiement afin de leur permettre d’aborder en toute sérénité la campagne prochaine, tout en distribuant aux agriculteurs-sociétaires une partie de ses excédents, sous forme d’une ristourne exceptionnelle. Il faut souligner que la MAMDA n’est pas l’unique acteur du monde agricole à intervenir dans le cadre du dispositif étatique d’atténuation des effets de la sécheresse et de ses impacts sur les agriculteurs.

Le Crédit agricole du Maroc (CAM) a mobilisé 6 milliards de dirhams (MMDH) pour le déploiement du programme gouvernemental de lutte contre les effets de la sécheresse. La banque a ainsi mis en œuvre un ensemble de mesures qui ont été présentées lors de la réunion interministérielle tenue à la mi-février. Il s’agit d’un dispositif prévu par la Banque et ses filiales (Tamwil El Fellah) qui s’articule autour de trois axes.

Le premier porte sur la mise en place d’une enveloppe additionnelle de 6 MMDH, destinée notamment au financement des cultures printanières, à travers le produit «Filaha Rabiiya». La banque accorde ainsi aux agriculteurs des périmètres adaptés, des financements adéquats pour l’installation et l’entretien des cultures printanières, (maraîchage, maïs, tournesol, melon, pastèque, …).

Cependant, si ce programme exceptionnel de lutte contre les effets de la sécheresse et le retard des précipitations représentent plus qu’une bouffée d’oxygène pour les agriculteurs, l’assurance agricole au Maroc bénéficie à seulement 30% des producteurs. Certes, le Royaume fait partie des rares pays en Afrique à avoir mis en place une assurance agricole subventionnée jusqu’à 90%, mais le produit souffre d’une «faible» couverture, malgré les subventions de l’État.

Faudrait-il impliquer davantage les Conseils régionaux pour une plus grande vulgarisation ? Une certitude, le potentiel reste encore grand alors que l’agriculture nationale est de plus en plus soumise à des épisodes de sécheresse aiguë, notamment en périodes printanière et estivale. Ainsi, le pays a été frappé de plein fouet cette année par sa pire sécheresse depuis près de quarante ans. Conséquence du changement climatique et d’une gestion hydrique inefficiente, la catastrophe fait craindre une sévère pénurie d’eau potable.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO



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