Éco-Business

Tapis : les douanes au chevet des industriels

Pour sauver le tapis industriel national, durement concurrencé par les produits chinois, jordaniens et égyptiens, l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) a mis en place un droit antidumping d’une durée de six mois. Une véritable aubaine pour les professionnels locaux.

L’indice des prix à la production du secteur des industries manufacturières, hors raffinage de pétrole, a enregistré une hausse de 0,8% en février 2022 par rapport à janvier 2022, selon le Haut-commissariat au plan (HCP). Cette augmentation est la résultante de nombreuses hausses dont celle de la fabrication de textiles qui a décollé de 1,6%.

Cette bonne santé ne serait qu’apparente. Les produits «made in Morocco» font face à une concurrence farouche de la part des produits importés, notamment chinois, égyptiens et jordaniens. Pour donner un coup de pouce au secteur du textile, l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) a mis en place un droit antidumping.

Pour rappel, ce secteur, qui génère un chiffre d’affaires de 50,48 MMDH, dont 36,5 MMDH à l’export, totalise un ensemble de 1.628 entreprises, employant 189.000 personnes, soit 22% des emplois au niveau national. Il s’agit d’une mesure provisoire qui s’ajoute aux droits et taxes en vigueur sur les importations de tapis et autres revêtements de sol en matières textiles, à fabrication mécanique, originaires de Chine, d’Égypte et de Jordanie.

Selon l’ADII, ce droit est liquidé et perçu, en principe, à compter du 1er avril, et son produit intégré dans l’assiette servant au calcul de la taxe sur la valeur ajoutée à l’import.

Cet aspect est régi par la circulaire N° 6306/211 du 30 mars 2022 relative aux études tarifaires, portant sur l’institution «d’un droit antidumping provisoire sur les importations de tapis et autres revêtements de sol en matière textile, à fabrication mécanique originaires de Chine, d’Égypte ou de Jordanie».

Autant dire que cette mesure représente une véritable aubaine pour les confectionneurs locaux, comme le confirme Mohamed Sairi, président de l’Association nationale des producteurs et négociants de tapis. En effet, longtemps concurrencé par les tapis belges et turcs, le tapis «Made In Morocco» se retrouve aujourd’hui mis en difficulté par d’autres concurrents sur le marché local.

«Les tapis égyptiens, chinois et jordaniens sont des concurrents directs du tapis industriel marocain», explique-t-il. Sairi rappelle que cette mesure antidumping de sauvegarde va durer six mois, le temps d’en voir les retombées.

Malgré la rude concurrence sur les tapis, le secteur textile se positionne toujours comme une destination «attractive», a indiqué récemment le président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith), Mohammed Boubouh.

«La filière textile marocaine a, en effet, beaucoup à offrir, avec un savoir-faire reconnu et une proximité géographique lui conférant des avantages solides en termes de flexibilité et de durabilité», a souligné Boubouh qui s’exprimait dans le cadre de la 18e édition du salon Maroc in Mode (MIM) à El Jadida.

Le textile marocain a toujours été un secteur de poids parmi les plus dynamiques de l’économie nationale, a-t-il indiqué, relevant que cette industrie s’inscrit, désormais, dans une logique de durabilité faiblement carbonée, à même de proposer des solutions «innovantes».

La nouvelle vision pour l’industrie marocaine du textile, nommée «Dayem Morocco», permettra dans les années à venir, de créer «un choc de compétitivité» tant sur le marché domestique qu’à l’export, a-t-il signalé, en estimant que cette vision occupe le thème central de cette 18e édition de MIM, initiée par l’Amith.

«Aujourd’hui, nous sommes heureux de présenter un nouveau Salon marocain «MIM» qui a complètement changé de look», a annoncé Boubouh, précisant qu’avec l’ambition de devenir une plateforme internationale incontournable, MIM 2022 met en avant une industrie innovante, riche d’initiatives durables et responsable.

Par ailleurs, le président de l’Amith a relevé que l’Europe œuvre à relocaliser son Sourcing en se dirigeant de plus en plus vers un Sourcing de proximité.

De son côté, la directrice générale de l’AMITH, Fatima-Zohra Alaoui a indiqué que le marché du textile au Maroc est «en pleine mutation, notamment avec le boom du e-commerce, un phénomène accéléré», a-t-elle dit, par la crise du Covid-19. Le secteur, a-t-elle poursuivi, offre aussi des opportunités incontournables, notamment l’essor de la mode éthique et durable, la taxe carbone et l’innovation au service d’une industrie textile 4.0.

Pour ce qui est des ambitions du secteur, Alaoui a fait savoir qu’il vise 40% de part de marché sur le marché domestique, 60MMDH à l’export, 60% de production en co-traitance et produits finis, et 20% de chiffre d’affaires à l’export vers les marchés d’Amérique du Nord et d’Europe du Nord.

Une vision en droite ligne avec le plan stratégique à l’horizon 2035, lancé par l’Amith pour attirer plus d’investissements dans l’industrie du textile et de l’habillement. Ce programme vise à ramener les exportations du secteur au niveau d’avant la pandémie.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO



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