Matières premières, Inflation, Guerre en Ukraine : les industriels ne sont plus optimistes pour 2022 !
Même ceux d’entre les industriels, notamment les dirigeants d’industries manufacturières, fabricants d’équipements électriques et métallurgistes, qui avaient déclaré au HCP s’attendre à une hausse d’activité avant fin mars, ne sont plus optimistes. La guerre russo-ukrainienne, qui a commencé le 24 février dernier, et que pratiquement personne n’a vu venir, a apparemment tout fait voler en éclats. Les détails sur ce qui a causé le désespoir.
Les industriels ont le moral très, très bas en cette fin de premier trimestre 2022. Même les plus optimistes d’entre eux, parmi les dirigeants d’industries manufacturières, notamment de fabrication d’équipements électriques et de métallurgie, qui avaient déclaré au HCP s’attendre à une hausse d’activité avant fin mars, ne le sont tout simplement plus. La guerre russo-ukrainienne, qui a commencé le 24 février dernier, et que pratiquement personne n’a vu venir, a apparemment tout fait voler en éclats.
30 à 40% de hausse des prix des matières premières dans l’électricité
«Les prix d’achat de matières premières, qui étaient déjà en hausse d’une moyenne de 20%, sont rapidement montés en flèche et se situent actuellement entre 30 et 40%», a notamment déclaré, dépité, Ali El Harti, président de la Fédération nationale de l’électricité, de l’électronique et des énergies renouvelables (FENELEC). Selon lui, la situation dans le secteur de la fabrication d’équipements électriques est… catastrophique.
«Nous n’avons plus de visibilité et je vais vous dire que nous ne sommes plus du tout optimistes pour le reste de l’année», a-t-il lâché, complètement dépassé par la tournure qu’a pris la conjoncture. Même son de cloche du côté des industriels de la métallurgie, qui apparemment vivent pire, puisqu’ils sont directement touchés par la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
En effet, «les sidérurgistes marocains et turcs ont vu beaucoup de leurs commandes de billettes annulées à partir de l’Ukraine. Cela, c’est disons la première conséquence de la guerre russo-ukrainienne sur notre secteur», renseigne Ismaïl Akalay, directeur général de Sonasid. Poursuivant son propos, il a ensuite ajouté que «d’autre part, les Russes ont détruit de très grandes usines de production d’acier en Ukraine, d’une capacité globale de 5 millions de tonnes. Et ceci a eu pour conséquence d’augmenter le prix des matières premières, à savoir la ferraille.
Là aussi, on a eu une importante augmentation de prix. Vous savez, le prix augmente tous les deux jours. Le prix du rond à béton est passé de 9.000 DH TTC à 11.000 DH TTC actuellement, soit une hausse de 20 à 25%. Bref, on n’a aucune visibilité sur l’évolution des prix et nous sommes un secteur totalement dépendant de la matière première», a-t-il détaillé.
Indisponible, le prix de la ferraille grimpe, grimpe…
Sur la ferraille, il a, par ailleurs, révélé que la situation est particulièrement tendue pour deux raisons. La première, c’est que l’Europe, qui couvre 60% des besoins du marché marocain, a décidé dernièrement d’interdire toute exportation de ferraille. Et l’autre goulot d’étranglement, c’est que les stocks de ferraille disponibles sur le marché local sont bloqués par les spéculateurs, qui attendent les moments favorables pour vendre au prix fort.
Sur ce plan, Akalay déclare «qu’il faut que les autorités interviennent au niveau des ferrailleurs nationaux pour les empêcher d’exagérer sur les prix. Ces gens veulent suivre et appliquer les tarifs qui sont à l’international, sans qu’il n’y ait un réel rapport avec le marché national». Bref, en cette fin du premier trimestre 2022, les métallurgistes, qui s’attendaient à une reprise d’activité, selon l’enquête du HCP, sont également au bord du précipice. Ne parlons pas des autres qui s’attendaient eux à une baisse d’activité, notamment les industriels de la chimie, ceux de l’automobile, de l’industrie extractive ou encore de l’énergie.
Au titre du 1er trimestre 2022, plus de la moitié (53%) des entreprises de l’industrie manufacturière ont rencontré des difficultés d’approvisionnement en matières premières, principalement celles d’origine étrangère, révèle le HCP. Les stocks de matières premières durant ce trimestre sont toutefois situés à un niveau normal et la trésorerie est jugée «difficile», selon 27% des patrons.
Par branche, cette proportion atteint 40% dans le «Textile et cuir», est-il expliqué. Même l’industrie extractive n’a pas été épargnée. Selon le HCP, les entreprises de ce secteur avaient prévu une baisse de leur production, imputable principalement à une diminution de la production de phosphates. Du coup, les effectifs employés devaient suivre le même trend.
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO