HACA : baisse à deux chiffres des recettes des opérateurs
Dans le rapport de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, publié au Bulletin officiel du 3 février, le régulateur relève que les recettes des opérateurs, en 2020, ont baissé de 12,61%. Ils se sont établis à 2,09 milliards de DH, contre 2,39 milliards en 2019.
Au cours de l’année de propagation du virus, de confinement et de mobilité humaine réduite, les Marocains ont regardé massivement les chaînes de télévision nationales et ont écouté les radios publiques et privées. C’est du moins ce qui ressort du dernier rapport annuel de la HACA, publié au Bulletin officiel du 3 février 2022. Un pic d’audience, certes, mais qui n’a pas augmenté les rentrées d’argent des structures de médias. En effet, 2020 a surtout révélé la vulnérabilité économique de l’écosystème audiovisuel du pays. Les bénéfices des acteurs publics et privés ont reculé de 12,61%, pour s’établir à 2,09 milliards de DH. En 2019, les recettes étaient de 2,39 milliards.
Ces pertes sont principalement liées à la rétraction du chiffre d’affaires des opérateurs privés de 35,53% entre 2019 et 2020. Ces recettes sont principalement issues des paiements des opérateurs publics, à hauteur de 68,85% de l’ensemble de leurs revenus. Les produits d’exploitation du secteur sont générés majoritairement par les opérateurs publics qui ont réalisé 86,85% du volume global de ces produits, contre seulement 13,15% auprès du privé.
Du côté de l’investissement, les opérateurs privés ont accusé une baisse de 61%. Le volume de leurs investissements a atteint 8,8 millions de DH en 2020 contre 22,4 millions en 2019. Pour ce qui est de la production audiovisuelle, les opérateurs ont maintenu leurs efforts, malgré le contexte pandémique avec une hausse de 20,87%. Sur les 766,79 millions de DH investis en 2020, 734,34 millions ont été dédiés à la production télévisée. Les services radiophoniques ont contribué à hauteur de 32,44 millions de DH.
«Il est significatif de relever que les sociétés de production externe aux opérateurs télévisuels réalisent 52% du total des investissements dédiés à la télévision», précise la HACA.
Plus de 846 heures ont été consacrées aux interventions des personnalités publiques par les 19 médias audiovisuels concernés par le suivi du pluralisme. Environ 39% de ce volume horaire global consacré à la prise de parole de différentes catégories d’acteurs publics ont été alloués aux acteurs politiques, 30% aux acteurs associatifs et près du quart (23%) aux acteurs professionnels. Les acteurs syndicaux n’ont pu bénéficier que de 8% de ce temps. Pour ce qui est de la régulation des contenus audiovisuels pendant la crise pandémique du Covid 19, le rapport a mis en exergue plusieurs constats relatifs à la mobilisation et à la proactivité professionnelle dont ont fait preuve les différents services de radio et de télévision, notamment une agilité et une adaptation programmatique exceptionnelle. En effet, la moitié de la grille de référence quotidienne de l’ensemble des services radiophoniques et télévisuels a été consacrée à des contenus en lien avec le Covid-19.
Le rapport met l’accent aussi sur l’ouverture inédite sur l’espace digital qui s’est traduite par l’usage significatif fait par les radios et les télévisions, publiques et privées, des possibilités de communication offertes par les plateformes digitales et les réseaux sociaux. La HACA a assuré un suivi minutieux de l’offre de programmes de l’ensemble des radios publiques et privées en rapport avec la campagne de communication publique pour lutter contre la propagation du virus. Les constats qui en découlent démontrent qu’il y a eu une réelle complémentarité entre l’action du secteur privé et celle de l’audiovisuel public et que la mobilisation dans le cadre de l’effort national de réponse à la propagation du virus a été générale et proactive. Toutefois, en se fondant sur le principe du respect de la liberté éditoriale et sur le droit du citoyen à l’information, le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle (CSCA) a émis un certain nombre d’observations critiques concernant le traitement médiatique réservé à la crise pandémique. Il a relevé une faible représentation des acteurs politiques (21%), syndicaux (3%), professionnels (13%) et associatifs (9%) parmi les personnalités publiques intervenues sur les ondes des radios et les antennes des télévisions.
En revanche, une prédominance de la prise de parole de l’Administration (27%) et des milieux de l’expertise médicale et scientifique (27%). Par ailleurs, le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle a reçu pas moins de 77 plaintes au cours de l’année 2020, contre 53 en 2019. Mais le nombre réel des doléances reçues est de 243, car la Haca comptabilise les plaintes ayant le même objet comme une seule doléance. Après traitement des auto-saisines et des plaintes reçues des tiers, 79 décisions ont été prises (contre 66 en 2019) se rapportant à des images et/ou des propos diffusés sur les services de communication audiovisuelle, édités aussi bien par les sociétés nationales de l’audiovisuel public que par les opérateurs privés.
Tilila El Ghouari / Les Inspirations ÉCO