Développement régional : Drâa-Tafilalet veut rattraper son retard
La stratégie de développement régional de Drâa-Tafilalet y compris son PDR sera validée au cours de la prochaine session par les membres du Conseil Régional. L’objectif de cette feuille de route est de ramener la région à la moyenne nationale en 2040 en matière de PIB/habitant et quadrupler le PIB régional avec une croissance deux fois plus rapide que la moyenne nationale durant les deux prochaines décennies.
Malgré ses atouts économiques, la région de Drâa-Tafilalet, ne participe qu’à hauteur de 2,6% au PIB national. Pour ce territoire, comme pour d’autres collectivités territoriales, situées loin du podium des régions les plus contributeurs à la richesse nationale, cela signifie tout simplement l’insufflation d’un élan supplémentaire de développement afin de réduire les écarts comparativement à d’autres régions et monter crescendo sur le podium de la production de la richesse nationale. Actuellement, la région de Drâa-Tafilalet est classée au 9e rang en matière de répartition de la richesse nationale. Dans ce sens, la nouvelle équipe dirigeante, présidée par Hro Abrou, président du Conseil Régional de Drâa-Tafilalet sera, essentiellement, évaluée sur sa capacité à rendre le territoire plus compétitif. C’est pourquoi, la première priorité à laquelle s’est attelée cette équipe, après l’activation des différents organes de fonctionnement du Conseil est la mise en œuvre de son Programme de développement régional (PDR). Actuellement, cette feuille de route est en cours de finalisation puisqu’elle a intégré aussi les leçons tirées du contexte pandémique. La stratégie de développement de la région de Drâa-Tafilalet y compris le PDR sera validée au cours de la prochaine session par les membres du Conseil régional. Pour rappel, lors du dernier mandat, la région de Drâa-Tafilalet n’a pas entériné cette feuille de route régionale (PDR) qui fixe pour six années, les actions de développement conformément à la loi organique relative aux régions.
Quadrupler le PIB régional d’ici 2040
Aujourd’hui, c’est grâce au PDR que la région compte rattraper son retard par rapport aux autres territoires et la positionner en tant que région pionnière dans une sélection de secteurs (voir entretien p.6). Il s’agit d’occuper la première position à l’échelle nationale au niveau de l’économie verte à travers la production d’énergie renouvelable, R&D, Green Tech et la consommation responsable des ressources hydriques. À cela s’ajoute, le fait de placer la région parmi les trois régions au niveau national en termes d’économie du savoir. En chiffes, l’objectif est de ramener la région à la moyenne nationale en 2040 en matière de PIB par habitant, mais aussi quadrupler le PIB régional en arrivant à une croissance deux fois plus rapide par rapport à la croissance nationale durant les deux prochaines décennies. Il va sans dire que cette vision stratégique a été conçue selon le Conseil Régional pour répondre aux aspirations de la population en matière de développement économique et social tout en tirant profit des potentialités offertes par le territoire, mais sans ignorer les contraintes structurelles qui le caractérisent. Représentant environ 5% de la démographie nationale, les attentes de la population régionale sont multiples. Il s’agit de l’amélioration de l’accès aux services de base notamment en matière d’éducation et de santé, le désenclavement de la région, la dynamisation et la modernisation de l’économie régionale en plus de l’amélioration de sa capacité de création d’emplois et de richesse.
Les contraintes structurelles prises en compte
En dehors des avantages et potentialités qui ont permis de façonner son plan stratégique, la région a pris en considération deux contraintes structurelles lors de l’élaboration de cette stratégie de développement. Il s’agit de sa position géographique éloignée par rapport aux enceintes portuaires et aux principaux bassins de consommation au niveau national. En effet, ce facteur limite la compétitivité potentielle de la région dans les secteurs industriels sensibles aux coûts de transport ou à la durée d’acheminement vers les marchés de destination. Cela s’est traduit dans les choix sectoriels par un focus particulier sur les services qui sont généralement peu pénalisés par l’éloignement entre le lieu de production et le bassin de consommation. Cette orientation ne concerne pas -bien entendu- les secteurs industriels où la région détient un avantage stratégique tel que le secteur minier ou agroalimentaire. De surcroit, la seconde contrainte prise en compte est afférente à la fragilité de l’écosystème naturel de la région, notamment la composante oasienne. Cette situation a dicté des orientations où la durabilité occupe une place majeure à la fois comme contrainte et comme concept générateur de nouvelles opportunités.
Positionnement :complémentarité, différenciation et synergies…
Étant donné que Drâa-Tafilalet partage ses frontières avec cinq territoire du Royaume, à savoir l’Oriental, Fès-Meknès, Béni Mellal Khénifra, Marrakech-Safi et Souss-Massa, la région a pris également en compte dans le cadre de ses choix stratégiques les orientations des autres régions marocaines, notamment en matière de complémentarité, mais aussi en optant pour la différenciation et les synergies avec d’autres régions. À titre d’exemple, plusieurs régions limitrophes présentent des caractéristiques complémentaires qui peuvent être mises à profit par la région, notamment le développement touristique des régions de Marrakech-Safi et de Souss-Massa si le produit touristique est positionné comme complémentaire à celui proposé par ces deux pôles touristiques nationaux. Le constat est le même pour la question des synergies à travers le positionnement de certaines régions sur des thématiques proches de celles qui devraient être le moteur de la croissance et du développement de la région en plus de la différenciation du positionnement de la région Drâa-Tafilalet en se basant sur ses propres spécificités. De ce fait, la région ambitionne de se positionner dans le développement durable et l’économie verte. Cette vision globale s’appuie sur des principes et ambitions couvrant quatre piliers. Il s’agit des piliers social, le pilier économique, territorial et environnemental. L’ensemble de ces principes ont été transposés sur une vingtaine de secteurs. Par conséquent, ils ont donné lieu à la définition de projets structurants qui composent le PDR.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO Docs