RETRO. Enseignement : les temps forts de 2021
En 2021, Saaid Amzazi, ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, a mené bien des chantiers ! Avant de céder le flambeau en octobre dernier, il s’est attaqué à plusieurs dossiers chauds comme le statut de l’enseignant-chercheur, la réforme bachelor et les manifestations des professeurs contractuels. Il a également poursuivi les efforts de généralisation du préscolaire, ou encore l’apprentissage en amazigh. Retour sur quelques faits marquants de l’année.
Miraoui et Benmoussa aux commandes !
La nouvelle architecture du gouvernement Akhannouch a scindé le département d’Amzazi en deux et de nouvelles missions y ont été rattachées. Ce sont deux hommes, ayant fait parti de la Commission spéciale du Nouveau modèle de développement qui vont piloter ces portefeuilles clés. Chakib Benmoussa a été chargé du département de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports. Tandis que l’Enseignement supérieur, la recherche scientifique et l’innovation ont été confiés à Abdellatif Miraoui.
Statut enseignant-chercheur dépoussiéré
Voilà bientôt un quart de siècle que le statut de l’enseignant-chercheur n’a pas été révisé, provoquant, en 2019, un ras-le-bol général du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESUP). Depuis, ce chantier semble enfin avancer, avec un projet de statut qui inclut deux grades : maître de conférences et professeur de l’enseignement supérieur (PES), contre trois actuellement, à savoir professeur assistant (PA), professeur habilité (PH) et professeur d’enseignement supérieur (PES). Un grade exceptionnel serait ouvert aux PES qui feraient preuve d’une dynamique remarquable dans leurs travaux de recherche et leurs activités d’encadrement. Car c’est un système de méritocratie que voulait mettre en place Amzazi. Autre nouveauté, et pas des moindres, la possibilité ouverte aux universités de faire appel à des professeurs associés, du Maroc ou de l’étranger, afin de profiter de leur expertise. Pour cela, il est prévu de leur permettre d’accéder à l’université publique en tant que PES, voire avec un grade exceptionnel s’ils ont suffisamment d’activités de recherche à leur actif. Aujourd’hui, ce dossier brûlant passe entre les mains d’Abdellatif Miraoui. Le ministère devra s’atteler à la préparation des décrets et textes organiques nécessaires et surtout revoir les grilles de rémunération.
Lancement du système Bachelor
La réforme bachelor est l’un des grands chantiers du mandat d’Amzazi, lancée en 2018 et retardée en 2020 en raison de la crise sanitaire. Toutes les universités publiques sont censées proposer quelques filières à la rentrée. Cette formation accorde une importance particulière aux soft skills, aux langues étrangères, à la culture générale et transdisciplinarité, à l’entrepreneuriat et aux certifications numériques. Des compétences absentes dans le système LMD (Licence, Master, Doctorat). Le cahier de normes pédagogiques nationales (CNPN) du bachelor, servant de base aux accréditations de filières, a reçu le feu vert de la Commission nationale de coordination de l’enseignement supérieur (Cnaces). Le diplôme est doté de 240 crédits (60 par an), dont 24 pour les compétences transversales et 36 pour les langues. En accélérant l’acquisition des 240 crédits, les étudiants ont la possibilité de décrocher leur diplôme en moins de 4 ans. Déjà en place dans plusieurs établissements, la généralisation du bachelor est prévue pour la rentrée 2022-2023.
L’épineux dossier des profs «contractuels»
L’année a été marquée par les manifestations des enseignants contractuels. Un dossier épineux. Malgré les différentes tentatives du ministre de gommer les différences entre leur statut et celui des fonctionnaires, ils persistent et signent : leur unique demande est l’insertion directe dans la fonction publique. Les négociations ont été corsées et il aura fallu l’intermédiation du Chef de gouvernement pour faire avancer ce dossier. D’ailleurs, la Commission spéciale du Nouveau modèle de développement a, elle aussi, recommandé de créer un statut unifié dédié aux métiers de l’enseignement. Ce dernier devrait inclure l’ensemble des enseignants, y compris les «contractuels» (cadres des académies régionales).
Généralisation de l’amazigh pour 2030
Début juillet 2021, le ministre de l’Éducation nationale, Saaïd Amzazi, rappelait l’objectif de son département en matière d’enseignement de l’amazigh. Le ministère entendait généraliser l’apprentissage de cette langue d’ici 2030. Mais impossible de concrétiser cet objectif avec les ressources actuelles. En effet, le Maroc dispose de moins de 1.000 profs d’amazigh, pour plus de 4,5 millions d’élèves inscrits au primaire (2020/ HCP). Pour commencer, la tutelle a prévu de former 400 professeurs par an à l’horizon 2030, soit 3.600 enseignants au total, ce qui reste très en deçà du besoin réel. Si l’on compte un effectif de 30 enfants par classe, l’on obtient un total de plus de 150.000 classes. Sachant que chaque enseignant doit prendre en charge 8 classes, il en faudrait au minimum 18.750 pour parvenir à la généralisation.
Recrutement des enseignants âgés de moins de 30 ans !
Plus récemment et sous le mandat de Chakib Benmoussa, le département de l’Éducation nationale a décidé de limiter l’accès au concours de recrutement des professeurs aux candidats de 30 ans et moins. Une annonce largement conspuée, mais qui n’a pas empêché quelque 100.000 candidats de déposer leurs dossiers pour le concours. À travers cette démarche, le ministre veut valoriser la profession, de sorte à rehausser la compétence du corps enseignant et à favoriser une nouvelle carrière pour les enseignants. Il avance qu’il souhaite mettre en place une école de qualité et permettre à l’élève de développer son savoir et savoir-faire. L’objectif étant de lui permettre de contribuer à l’essor du pays, à travers les opportunités d’emplois qui s’offriront à lui de par ses compétences, la formation étant le moyen idoine pour consacrer l’égalité des chances.
Tilila El Ghouari / Les Inspirations ÉCO