BAM : petite flambée des prix à l’horizon
Bank Al-Maghrib (BAM) a tenu, mardi 21 décembre, sa dernière réunion trimestrielle au titre de l’année 2021. Que retenir du dernier Conseil de BAM ?
La crise sanitaire et ses effets sur le pouvoir d’achat des ménages n’ont pas fini de se faire sentir. Après être passé à une «moyenne de 0,7% en 2020 à 1,4% en 2021, les prix à la consommation devraient se hisser à 2,1% en 2022, puis reculer à 1,4% en 2023», annonce Bank Al-Maghrib, à l’issue de son dernier Conseil au titre de l’année 2021. L’inflation devrait rester, tout de même, à des niveaux contenus jusqu’en 2023, pondère BAM. La Banque centrale table sur ces chiffres malgré un net accroissement de la composante fondamentale de l’inflation. Les données disponibles sur les prix à la consommation font ressortir des hausses sensibles ces derniers mois pour certains produits alimentaires et pour les carburants et lubrifiants. Pour BAM, «cette évolution résulte essentiellement des pressions externes liées à la flambée de leurs cours sur les marchés internationaux». Cette hausse s’est traduite par une nette accélération de la composante sous-jacente de l’inflation qui est passée de 0,7% en moyenne, au cours du premier semestre, à 2% au troisième trimestre et à 3,3% en novembre dernier. Elle devrait ressortir, selon les projections de Bank Al-Maghrib, à 1,7% sur l’ensemble de cette année et se situer à 2,7%, en 2022, avant de revenir à 1,8%, en 2023, avec la dissipation prévue des pressions externes.
Le taux directeur maintenu inchangé à 1,50%
L’activité économique nationale a connu globalement une nette reprise cette année, favorisée par les avancées notables de la campagne de vaccination et le maintien des stimuli budgétaires et monétaires, retient Bank Al-Maghrib. Toutefois, «les nouvelles vagues de la pandémie dans plusieurs pays partenaires et les restrictions que les autorités nationales ont été amenées à mettre en place renforcent les incertitudes qui entourent les perspectives économiques», pondère le Conseil, qui a également pris note des dispositions de la Loi de Finances 2022. Sur la base de l’ensemble de ces analyses, le Conseil a estimé que l’orientation de la politique monétaire reste largement accommodante, «assurant les conditions de financement adéquates». Il a jugé en particulier que le niveau actuel du taux directeur demeure approprié et a décidé ainsi de le maintenir inchangé à 1,50%.
L’économie marocaine va rebondir de 6,7% cette année
Pour la banque centrale, les progrès en matière de vaccination, le maintien des stimulus budgétaire et monétaire et la très bonne campagne agricole vont faire enregistrer à l’économie marocaine un rebond de 6,7% cette année, avec des hausses de 18,8% de la valeur ajoutée agricole et de 5,3% de celle des activités non agricoles. Au cours des deux prochaines années, le rythme de l’activité restera largement tributaire de l’évolution de la situation sanitaire aux plans national et international et des restrictions que les autorités seraient amenées à mettre en place. Les projections de Bank Al-Maghrib tablent, dans le scénario central, sur une consolidation de la croissance à 2,9% en 2022 et à 3,4% en 2023. La valeur ajoutée des activités non agricoles poursuivrait son amélioration aux rythmes de 3,2% en 2022 et de 3,4% en 2023 et, sous l’hypothèse de récoltes céréalières moyennes de 75 Mq annuellement, celle du secteur agricole reculerait de 2,8% en 2022 et progresserait de 2% en 2023. Sur le marché du travail, les dernières données relatives au troisième trimestre 2021 font ressortir un net redressement avec une création de 642.000 postes et une entrée nette de 607.000 demandeurs d’emplois. Le taux d’activité a ainsi augmenté de 1,6 point de pourcentage à 45,1% et le taux de chômage a reculé de 0,9 point de pourcentage à 11,8%.
Rebond des transferts des MRE. Un montant record de près de 95 MMDH
S’agissant des comptes extérieurs, et après un repli sensible en 2020, les échanges commerciaux enregistrent une reprise notable cette année. «Les exportations ressortiront en expansion de 21,7%, tirées par la progression des cours du phosphate et dérivés et des ventes du secteur automobile. En dépit des difficultés d’approvisionnement en semi-conducteurs que connaît l’industrie au niveau mondial», annonce BAM. En parallèle, les importations devraient croître de 22,9%, sous l’effet principalement de l’alourdissement de la facture énergétique, du renchérissement des produits bruts et de la hausse des achats de produits finis de consommation. Quant aux recettes de voyages, elles continueront de pâtir des restrictions sanitaires avec une nouvelle baisse de 9,2% à 33,1 MMDH, tandis que les transferts des MRE marqueraient un rebond de 38,9% pour atteindre un montant record de près de 95 MMDH. Tenant compte de ces évolutions, le déficit du compte courant ressortirait en creusement de 1,5% à 2,5% du PIB cette année.
Exportations. La dynamique devrait se poursuivre
Sur l’horizon de prévision, la dynamique des exportations devrait se poursuivre en 2022, portée essentiellement par l’augmentation prévue des ventes de la construction automobile, avant de s’estomper en 2023, avec le repli des cours des engrais phosphatés. En parallèle, l’accroissement des importations ralentiront graduellement en lien avec le recul des cours des produits énergétiques. Pour ce qui est des recettes voyages, leur évolution dépendra largement des développements de la situation sanitaire et devraient se situer, dans le scénario central, à 43,4 MMDH en 2022 et à 70,9 MMDH en 2023. En revanche, les transferts des MRE reviendraient progressivement à des niveaux en ligne avec leur rythme tendanciel d’avant crise, enregistrant une contraction de 23,2% à 72,8 MMDH en 2022 et de 1,9% en 2023 à 71,4 MMDH. Dans ces conditions, le déficit du compte courant se creuserait davantage à 5,3% du PIB en 2022 avant de s’alléger à 4,9% en 2023. Pour ce qui est des opérations financières, les recettes des IDE devraient se situer à l’équivalent de 2,5% du PIB cette année, de 3% du PIB en 2022 et de 3,5% du PIB en 2023.
Légère appréciation du dirham face à l’euro
Le taux de change effectif réel devrait terminer l’année 2021 avec une légère appréciation de 0,6%, reflétant la hausse en termes nominaux du dirham face particulièrement à l’euro. Il devrait se déprécier sur l’horizon de prévision sous l’effet d’une inflation domestique inférieure à celle dans les pays partenaires et concurrents. Pour ce qui est du taux débiteur moyen global, il s’est quasiment stabilisé à 4,35% au troisième trimestre, avec une hausse trimestrielle de 13 points pour les prêts aux entreprises et une stabilité pour ceux aux particuliers. Enfin, le Conseil a validé le budget de la banque pour l’exercice 2022 et approuvé la stratégie de placement des réserves de change ainsi que le programme d’audit interne.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO