L’Agence de l’Oriental, une force discrète du développement territorial
PUBLI-REDACTIONNEL. À l’aube du XXIème siècle, trois Régions du Royaume présentent des problématiques spécifiques de développement qui ont imposé un traitement particulier à l’action gouvernementale. Il s’agit notamment du Nord, très impliqué dans l’économie méditerranéenne, ainsi que du Sud saharien, trop largement délaissé durant l’occupation coloniale espagnole et dont les besoins apparaissent donc immenses depuis sa récupération par le Royaume.
L’Oriental est aussi une Région sensible, compte tenu des aléas de l’ouverture de la frontière avec nos voisins de l’Est qui la considèrent comme un outil de rétorsion économique à l’encontre de l’économie régionale. La durable fermeture de cette frontière a montré qu’ils se trompent lourdement ! Certes, l’économie frontalière, avec son lot de dysfonctionnements, constitue souvent l’une des respirations économiques propres pour toutes les Régions concernées.
Mais, dans le cas de l’Oriental, cette situation a aussi été source d’innovation et de progrès, qui a conduit à repenser totalement les objectifs, la mobilisation des ressources et la stratégie régionale de développement. Dans les situations particulières des trois Régions concernées, une solution spécifique est apparue porteuse et appropriée : la création d’Agences de développement dédiées. La dernière créée est celle de l’Oriental, en 2006, dans la foulée du discours royal prononcé par le Roi Mohammed VI, à Oujda, le 18 mars 2003. L’Agence de l’Oriental devient ainsi l’unique Agence régionale de développement créée après l’élaboration d’une charte visionnaire et décisive : l’Initiative royale pour le développement de l’Oriental. On le sait, le Royaume du Maroc ne cessera de plaider, au plus haut niveau, pour la réouverture des frontières avec son voisin de l’Est ; nombre de discours royaux en attestent. Mais la volonté du Souverain, comme celle des gouvernements, va être délibérément de sortir la Région de son inertie et de sa dépendance à la seule économie frontalière. L’ambition sera visionnaire : la pensée Nord-Sud s’ajoutera à l’ancienne réalité Ouest-Est et donnera les clés d’un nouvel avenir. Le tissu entrepreneurial de la Région renaît, abandonne les visions «court-termistes» et sort de son inertie. De cette option géostratégique découle, notamment, un formidable plan d’investissement public qui mettra une décennie à se réaliser… complètement !
Une logique de mission et de synergie
Plus de 300 kilomètres d’autoroute de Fès à Oujda, une voie de chemin de fer jusqu’à Nador, des ports rénovés, un aéroport international nouveau à Oujda, un autre étendu et modernisé à Nador, une station balnéaire à Saïdia et une autre totalement innovante sur la lagune de Marchica en cours de réalisation, des voies rapides, des espaces urbains nombreux requalifiés dans toutes les villes de la Région, des hôpitaux d’exception et des centres de santé, etc. Ces projets sont structurants et réalisés de façon professionnelle au point d’être un objet de coopération internationale, à l’exemple du projet de Marchica dont l’opérateur s’investit dans l’aménagement de la Lagune de Cocody, à Abidjan, en Côte d’Ivoire. De fait, l’Oriental, que les indicateurs de développement régional plaçaient systématiquement en situation de décrochage économique, remonte progressivement dans les classements performanciels et se trouve désormais régulièrement en première moitié des tableaux comparatifs. Il y a donc un fonctionnement positif et une articulation fonctionnelle efficace des institutions nationales, régionales et locales qui permettent de faire aboutir des projets d’intérêts multiples.
L’Agence agit pour l’essentiel à la demande de collectivités qui souhaitent son soutien ; elle intervient sur les projets qui s’inscrivent en cohérence avec les politiques sectorielles nationales, et aussi avec les priorités qu’elle a définies à partir de patientes et savantes études (toujours conçues en coordination avec les institutions locales et régionales) qui sont pour une bonne part éditées et en ligne sur son site.
Ces priorités s’organisent et se traduisent en plan d’action construit sur deux piliers : le développement territorial et le développement humain. Dans chacun d’eux, des axes se déclinent en programmes à l’intérieur desquels s’inscrivent les interventions et les budgets qui leurs sont affectés. Cette programmation traduit une construction très souple et prospective de l’avenir régional et plus spécifiquement du développement des différents territoires. Concertée avec les élus, elle décline concrètement, au plan local, les grandes politiques publiques ; cet arrimage stratégique dans la concertation et la cohérence, sans doublon ni répétition, crée de nombreuses opportunités et éveille la confiance des partenaires publics et privés. L’Agence de l’Oriental est donc un cadre où se rejoignent et se mettent en synergie les aspirations des territoires régionaux et les ambitions nationales d’intérêt général. C’est une manifestation tangible et anticipatrice de la Régionalisation avancée.
Accompagner les performances, améliorer l’image
L’Agence de l’Oriental a analysé, dès sa création, le déficit d’image et même de notoriété de la Région, surtout après sa longue période de stagnation. Avant l’intrônisation de SM Mohammed VI, l’Oriental était perçue comme en déclin, enclavée, isolée de par la fermeture des frontières terrestres qui la cernent à l’Est comme au Sud, et tous les indicateurs sociaux et économiques le confirmaient.Plus généralement, l’Oriental était perçue comme une terre d’émigration, dont les enfants brillants, les mieux éduqués, partaient ailleurs mettre à disposition leurs talents, leur énergie et leurs compétences.
Leurs chemins étaient parallèles à ceux de l’épargne, collectée localement ou venue de la diaspora régionale très importante à l’étranger (de l’ordre du tiers de toute l’émigration marocaine), qui fuyait massivement l’Oriental pour s’investir dans les autres régions du royaume. Inverser ces mouvements impliquait d’abord de construire une image gagnante de ce territoire, l’énoncer et la prouver. Il fallait que s’investissent en Région les ressources, humaines autant que financières, et cela commence par la conviction qu’un avenir prometteur se construit dans l’Oriental. L’élan né du discours royal du 18 mars 2003 n’est jamais retombé, d’abord parce que les immenses réalisations d’infrastructures prévues ont effectivement été réalisées et pour l’essentiel dans les délais impartis ; cela s’est vu et cela s’est su, au fil des chantiers.
La question devenait donc de savoir comment la population allait tirer avantage de ce formidable effort public, ou encore quelles richesses à valoriser permettraient de convaincre décideurs, leaders d’opinion et investisseurs que leur avenir pouvait se bâtir de façon heureuse dans la Région. La valorisation de ces ressources est le principal objet de l’effort de marketing territorial mené par l’Agence, soit à l’échelle transversale de la Région, soit au niveau de territoires dont les potentialités ont été étudiées et portent en elles des promesses de développement crédibles.
Valoriser les patrimoines
Pour valoriser les patrimoines de toutes sortes, susceptibles de générer autour d’eux de la richesse et des emplois et pour peu qu’ils se prêtent à séduire et convaincre par leur visualisation, l’Agence a créé une collection de Beaux-livres, diffusés au Maroc comme à l’étranger, où ils recueillent de nombreuses manifestations d’intérêt. Pour installer la connaissance de la Région et marteler ses réalisations comme ses potentialités, un film institutionnel, décliné en spots, incite à s’intéresser à l’Oriental.
Pour faire circuler les idées, participer aux débats, donner la parole aux responsables comme aux intellectuels régionaux, et apporter des éclairages étrangers, une revue semestrielle thématique titrée Oriental.ma a déjà publié une trentaine de numéros. S’y ajoutent un site web tenu à jour et nourri de plus d’une décennie de production d’informations et de réflexions, ainsi qu’une multitude d’évènements en Région, ailleurs au Maroc, ou à l’étranger. Encore ce bilan n’est-il que partiel. Hormis l’objectif générique ci-avant, on constate la permanente discrétion de l’agence accompagnant les projets et leurs décideurs ; ce n’est pas la manifestation d’une humilité excessive, mais d’abord la traduction du positionnement stratégique de cette institution, telle qu’elle est définie par son texte fondateur. l’Agence est avant tout une force de proposition qui apporte toujours «un plus bénéfique». Elle rend possible des projets qui relèvent davantage du développement des territoires que de l’investissement classique. Leur amortissement et même leur rendement s’inscrivent dans le moyen mais surtout le long termes ; leurs bénéfices sont majeurs et déterminants.
Culture, éducation, formation… des exemples emblématiques
A côté des réalisations physiquement visibles parce qu’inscrites dans les paysages et les décors urbains, l’agence a travaillé dès l’origine, en accord avec tous les partenaires concernés, les aspects significatifs de la culture, pour diffuser l’extraordinaire patrimoine culturel de la Région et la créativité de ses artistes. Avec l’appui à la société civile, la mobilisation des créateurs, l’encouragement d’évènements pour une meilleure visibilité des femmes et des hommes au sein des territoires, la participation ou le soutien aux manifestations organisées au plan international (notamment ceux organisés par la diaspora)… la Région a pu affirmer la qualité de son offre territoriale. En créant le Salon maghrébin du livre d’Oujda, par exemple, l’Agence a permis que se nouent de nombreux liens entre auteurs, éditeurs et distributeurs de livres de la Région, d’autres Régions du Maroc et de l’étranger. Elle a aussi fait rayonner la ville, la culture régionale, durant le Salon et sur place, mais aussi à travers les médias avant, pendant et après sa tenue, ainsi que via Internet.
Démonstration de sérieux et de qualité, le «livre des actes», massivement consulté en ligne, a été publié et diffusé à tous les participants en arabe et français. Un soutien fort est accordé à de nombreuses manifestations culturelles, souvent périodiques, qui concernent aussi bien par exemple le théâtre que les musiques Reggada, Gharnati – composantes patrimoniales éminemment régionales – ou encore les arts plastiques, en Région comme dans plusieurs cadres de prestige européens, etc. Dans ce pilier stratégique du développement humain, le soutien de l’Agence à l’éducation et à la formation, depuis l’expansion du préscolaire jusqu’à la création de filières universitaires de haut niveau, voire de structures sur le modèle des grandes écoles, a traduit le soutien apporté à la fertilisation des ressources humaines par le savoir et les compétences.
Mobiliser toutes les coopérations bienveillantes et utiles
L’Agence a amorcé un rapprochement avec des partenaires en coopération bilatérale ou multilatérale (organismes des Nations-Unies, Union européenne…) au profit de la Région et noué des conventions fructueuses (PNUD, UNESCO, UNICEF, ONUDI… mais aussi CEE, UA… et de nombreuses ONG d’importance). Ainsi, par le levier de la communication, l’Oriental s’est fait connaître à l’international, notamment sur le continent africain. Un véritable produit d’exportation est né du partenariat avec l’organisation Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA): une formation théorique et de terrain d’agents publics dédiés à la médiation entre acteurs des projets de développement locaux.
Testée dans l’Oriental, cette offre de service s’est révélée très attractive pour nombre de collectivités africaines et l’Agence de l’Oriental concourt à son développement dans plusieurs pays où des formations sont en cours. La coopération territoriale est une prérogative des Régions et s’enrichit régulièrement de leurs partenariats. Mais elle souffre souvent de problèmes de régularité de suivi technique, de continuité et de synergies. Les Agences et leurs homologues des pays concernés sont souvent de nature à enrichir et développer les projets communs, à renforcer les liens puissants et constructifs d’une diplomatie régionale appelée à croître et à se consolider.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO Docs