Dialogue social : ce que demandent les syndicats
Les groupes des syndicats au sein de la Chambre des conseillers ont insisté sur le renouvellement des modalités du dialogue social ainsi que sur l’application complète des mesures prévues par les accords d’avril 2019.
Les élus des centrales syndicales les plus représentatives au sein de la deuxième instance législative ont livré leurs visions à propos du nouveau climat social qui devra résulter du changement apporté par les élections du 8 septembre dernier. En effet, et à l’occasion du débat consacré à la discussion du programme du mandat, les groupes des syndicats ont insisté sur l’ouverture d’une nouvelle page avec le gouvernement, qui sera basée sur une feuille de route claire relative aux objectifs escomptés de la reprise des pourparlers entre les partenaires sociaux. «Au sein de l’UMT, nous estimons que les grands chantiers qui attendent ce gouvernement nécessitent un réel partenariat social, et qui est devenu plus insistant», indique Amal Al Amri, la présidente du groupe syndical de l’UMT à la Chambre des conseillers.
Le cadre prôné par la centrale syndicale historique s’articule autour «d’un cadre global pour le dialogue social qui inclut les grandes questions du monde du travail, avec un dialogue périodique et institutionnalisé au double niveau national et sectoriel». L’objectif principal pour la présidente du groupe de l’UMT est «d’aboutir à de nouveaux contrats qui seront obligatoires pour toutes les parties», insiste-telle. Pour d’autres formations syndicales, la priorité devra être accordée aux revendications urgentes, notamment la mise en œuvre des accords d’avril 2019, ainsi que l’amélioration du climat social dans plusieurs secteurs qui vivent actuellement un climat social détérioré. Ainsi, pour Khalid Essati, membre du groupe syndical de l’UNTM, la priorité devra être accordée à «l’amélioration du revenu des salariés dans les deux secteurs, public et privé, ainsi que la hausse du SMIG agricole et son alignement sur les autres secteurs».
Vers une feuille de route commune des syndicats
Pour les instances représentatives des salariés à la deuxième chambre, la priorité est de finaliser un cahier revendicatif qui sera la base des négociations pour le prochain round du dialogue social. Il faut dire que la carte syndicale a substantiellement changé par rapport au mandat précédent, de même que la stratégie d’action des centrales syndicales à la deuxième instance législative devra aussi s’adapter aux nouvelles orientations qui se sont dégagées des élections professionnelles. Il s’agit surtout de préparer une feuille de route conjointe pour la rentrée sociale, ainsi que pour former un bloc uni à la deuxième chambre.
Le principal sujet qui focalise l’attention des représentants des salariés porte sur le chantier de la couverture sociale qui devra occuper une place centrale dans le plan d’action des groupes parlementaires des syndicats, essentiellement le volet légal et réglementaire visant à l’intégration des activités qui exercent toujours dans l’informel et qui privent une large frange des salariés de leurs droits sociaux de base. Il faut dire que seules trois centrales disposent actuellement du droit de participer aux prochains rounds du dialogue social, c’est-à-dire ceux qui dépassent la barre des 6 % des délégués, de même que seules ces trois centrales auront le droit de participer aux différentes réunions tripartites régionales et mondiales ainsi qu’aux comités consultatifs prévus par le Code du travail.
Les syndicats favorables au maintien de la paix sociale
Les interventions des groupes des syndicats, durant les discussions du programme gouvernemental, laissent dégager une orientation claire des centrales au non-recours aux grèves en tant que moyen d’obtention des revendications. Le principal enjeu pour les instances représentatives des salariés est d’amener l’Exécutif à concevoir une offre aux syndicats, qui sera en mesure de préserver la paix sociale au sein du tissu productif durant l’entame de ce mandat. D’un autre côté, et même si la reprise du dialogue social devra tenir compte des exigences budgétaires qui seront incluses dans la loi de Finances 2022, les centrales syndicales restent accrochées à leurs demandes, à commencer par la hausse du SMIG ainsi que la révision du cadre légal en vue de mieux lutter contre la précarité.
Pour sa part, la commission tripartite chargée de la mise en œuvre des normes de travail devra tenir une réunion avant la fin de l’année en vue d’examiner l’impact des missions d’inspection qui ont été menées dans le contexte de la pandémie, que ce soit pour les cas des licenciements abusifs ou pour le volet de la détérioration des conditions du travail. Les syndicats s’attendent aussi à ce que l’Etat veille au respect des droits des salariés qui passe par une application scrupuleuse des mesures destinées à sauvegarder l’emploi durant cette étape de la relance économique, durant laquelle l’apport financier en faveur des employeurs a été conditionné par la préservation des postes de travail.
Younes Bennajah / Les Inspirations ÉCO