Nouveau système du bachelor: ce que l’on sait
Plus de 23.000 étudiants ont opté pour le nouveau système du bachelor qui sera généralisé à partir de la prochaine rentrée universitaire. Ce système permettra d’améliorer l’employabilité des lauréats, de lutter contre a déperdition universitaire et de réaliser des gains financiers substantiels.
L’année universitaire 2021-2022 est marquée par l’adoption du nouveau système du bachelor, en phase expérimentale, après un ajournement d’une année, dû à la crise sanitaire. Il s’agit d’une année décisive, avant la généralisation de ce système à l’ensemble des filières, à partir de la prochaine rentrée universitaire.
Pour cette phase pilote, quelque 23.367 étudiants sont inscrits dans plus de 96 filières représentant tous les champs disciplinaires, dont les sciences et techniques, les sciences juridiques et politiques, les sciences économiques et de gestion, les langues et sciences humaines, les sciences de l’éducation, d’après les données du département de l’Enseignement supérieur.
Un certain nombre de parcours ont été accrédités sur la base de plus de 280 demandes émanant des établissements d’enseignement supérieur, tant au niveau public que privé.
Concernant le volet financement, on s’attend à ce que le bachelor permette à l’université de réaliser des gains considérables.
Le système actuel de licence cause, en effet, une déperdition financière estimée à plus de 3,5 MMDH chaque année. Cette somme représente le coût additionnel de gestion induit par le redoublement et l’abandon universitaire, deux maux auxquels le nouveau système devra s’attaquer.
Il faut dire que les chiffres, relatifs à l’échec universitaire, font froid dans le dos : 16,5% des étudiants quittent l’université sans passer l’examen de première année.
Pour les branches scientifiques, ce taux passe à 27,1%. La moyenne d’obtention de la licence, théoriquement de trois ans, se situe entre 4,5 et 5 ans, 13,3% des étudiants seulement obtenant leur diplôme dans les délais prévus.
Ce pourcentage baisse à 9% pour les branches scientifiques. 47,2% des étudiants quittent l’université bredouilles, sans le moindre diplôme en poche, après deux ou trois années d’étude infructueuses.
Pour mener à bien la nouvelle réforme, les ressources financières nécessaires seront mobilisées dans le cadre d’une contractualisation pluriannuelle entre les universités et le département de tutelle. Rappelons, à cet égard, la signature des contrats de développement des universités, en juillet dernier, visant à assurer une mise en œuvre efficace des projets de la loi cadre 51.17, relative au système de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique. Les universités privées se sont aussi engagées dans ce processus.
Cette initiative permettra de donner un coup de fouet à ce chantier et «d’institutionnaliser la contractualisation comme dispositif de la bonne gouvernance».
En ce qui concerne le volet des ressources humaines, des programmes ont été lancés pour la formation des enseignants-chercheurs en matière d’innovation pédagogique et de développement des contenus digitaux et des soft skills des étudiants.
La mise en place du bachelor vise à mettre fin aux dysfonctionnements du système actuel. Les différentes réformes menées depuis 2000 ont, certes, permis de réaliser des avancées notables qui se sont traduites, entre autres, par une extension considérable des infrastructures.
Mais il reste encore à relever nombre de défis, dont la nécessité de doter les lauréats des moyens nécessaires pour répondre aux exigences du marché du travail. Le chômage frappe, en effet, de plein fouet les lauréats des universités, avec un taux dépassant 25%.
À cet égard, la réforme en vue vise à insérer l’université dans son environnement économique, à travers la mise en place d’une nouvelle ingénierie pédagogique pour adapter la formation aux besoins du marché du travail.
Le gouvernement est très attendu sur cette réforme pour booster les études universitaires et changer l’image écornée des universités. Les enjeux sont de taille en raison de l’ampleur des défis qui persistent et des insuffisances dont pâtit l’enseignement supérieur à accès ouvert qui accueille plus de 80 % des étudiants.
Dès son annonce, la réforme a suscité beaucoup d’inquiétudes sur sa faisabilité. Ainsi, le développement des soft skills et de l’enseignement des langues nécessite des solutions concrètes à la problématique de massification de l’université qui déteint sur la qualité des apprentissages.
À ce titre, le département de tutelle mise beaucoup sur la digitalisation.
Avantages du nouveau système
L’étudiant aura plus de liberté pédagogique dans ce nouveau système, alternant entre enseignements présentiel et distanciel. Il serait possible de décrocher le bachelor en moins de quatre ans selon le rythme de l’étudiant qui pourrait choisir les compétences qu’il souhaite développer.
Le système permet aussi, non seulement de répondre aux besoins du marché du travail, mais aussi de promouvoir la mobilité des étudiants à l’international et l’ouverture du Maroc sur les expériences d’autres pays.
La mise en œuvre progressive du nouveau système permettra de maîtriser graduellement la problématique du manque de moyens dans les établissements à accès ouvert.
Jihane Gattioui / Les Inspirations ÉCO