Rabat/élection du maire : tous les coups sont permis !
Le candidat de l’USFP, El Hassan Lachger, a failli être élu maire de la capitale si la séance d’élection avait été maintenue, selon nos sources. Appuyé par ses nouveaux alliés, le RNI, qui a mandaté Asmae Rhlalou pour ce poste, ne pourra diriger la capitale sans la mobilisation de ses troupes. Il s’avère nécessaire de récupérer les brebis égarées.
Ça chauffe entre les trois partis arrivés en tête aux élections (RNI, PAM et l’Istiqlal) et l’USFP, à Rabat. Le parti de la rose n’entend pas faciliter la mission de ces trois alliés qui ont décidé de se serrer les coudes, non seulement pour la formation du gouvernement, mais aussi pour la constitution des majorités au niveau des conseils communaux et régionaux. Une décision qui n’est pas du goût de l’Union socialiste des forces populaires qui estime nécessaire de respecter le principe de la concurrence dans l’élection des instances élues.
L’USFP tente sa chance jusqu’au bout en misant sur les relations nouées avec les élus d’autres partis politiques. Le patron des ittihadis veut propulser son fils, El Hassan Lachgar, à la tête de la mairie alors que la coalition des trois partis soutient Asmaa Rhlalou du RNI, avec l’appui du Mouvement populaire.
Le bras de fer est on ne peut plus serré. Au cours des derniers jours, chaque partie a mobilisé ses troupes pour gagner la bataille électorale. Le suspense durera encore quelques jours. Programmée lundi dernier, la séance d’élection du président du Conseil de la ville de Rabat a dû être reportée, en raison des tensions entre les deux camps qui sont à couteaux tirés. Une situation qui donne une idée assez claire sur la nature des relations qui lieront la majorité et l’opposition. D’après nos informations, l’USFP est parvenu à réunir la majorité au sein de la mairie de Rabat, comptant sur le soutien de l’ancien maire, Omar Bahraoui, qui s’est visiblement révolté contre son propre parti.
Des élus du Rassemblement national des indépendants allaient en effet voter pour le candidat socialiste, et ce, malgré les orientations de la direction du parti. La candidate des bleus a vertement critiqué les agissements de l’USFP, l’accusant d’avoir recouru aux menaces à l’égard de certaines conseillères pour orienter le vote en faveur de son concurrent El Hassan Lachgar. «On était par le passé fiers de l’USFP qui est allé aujourd’hui dans la poubelle de l’histoire», a-t-elle indiqué après le report de la séance d’élection.
De son côté, El Hassan Lachgar a réfuté toutes les critiques, pointant du doigt les attitudes de la partie adverse qui a tout fait pour reporter l’élection par crainte d’essuyer un revers cuisant. La partie n’est pas encore jouée. Une grande responsabilité incombe au coordonnateur régional du RNI pour mobiliser ses troupes et récupérer les brebis égarées. Certes, le pari n’est pas facile à gagner, mais les indépendants restent optimistes.
Ainsi, l’USFP risque de perdre la majorité qu’il a réunie pour la prochaine séance d’élection du président du conseil de la ville. Asmaa Rhlalou a de fortes chances de devenir la maire de la capitale, à condition que le parti de la colombe et ses alliés parviennent à lui baliser le terrain. Ce sera l’occasion de faire élire une troisième femme en tant que maire d’une grande ville, après Fatima-Ezzahra El Mansouri, à Marrakech, et Nabila Rmili, à Casabanca.
Le nouveau maire est très attendu pour relever de grands défis au niveau de la capitale, à commencer par la mise en place d’une majorité homogène, efficace et capable de faire passer les projets de développement en toute fluidité. Il est en effet grand temps de mettre fin aux blocages qui ont pris en otage la capitale, à plusieurs reprises. L’opposition était, en effet, on ne peut plus rude au point que l’ancien maire peinait à réunir le consensus, ce qui impactait le financement des projets et leur implémentation.
Les chantiers qui ont été réalisés durant l’ancien mandat ont été mis en place par la société de développement local, Rabat aménagement, selon un ancien conseiller de l’opposition qui tire à boulets rouges sur l’équipe dirigeante sortante menée par le PJD. De grandes attentes sont nourries dans la nouvelle composition du Conseil de la ville de Rabat. Le premier enjeu à relever, durant ce nouveau mandat, consiste à éviter les querelles politiciennes entre les composantes du conseil pour éviter le risque d’étouffement de la ville et accélérer la cadence de la mise en œuvre des chantiers de développement.
D’aucuns soulignent que, si la nouvelle majorité qui sera constituée au niveau local est à l’image de celle qui sera nouée au niveau gouvernemental, le nouveau président du conseil de la ville pourrait facilement tirer son épingle du jeu. Il pourra compter en cas de conflits sur l’arbitrage des instances dirigeantes des partis politiques de l’alliance gouvernementale.
Consignes de vote
Arrivés en tête des élections législatives, communales et régionales, le RNI, le PAM et l’Istiqlal ont noué une alliance pour diriger les conseils élus. Une première au Maroc. Par le passé, les majorités au niveau local se faisaient au niveau local au gré des circonstances et ne répondaient à aucune logique partisane. Les trois partis entendent «instaurer l’harmonie et la stabilité» au sein de ces conseils et éviter, ainsi, «les conflits» en vue de «se consacrer à affronter les enjeux et les défis posés aux citoyens». Ils ont appelé les élus à s’inscrire dans cette tendance et à respecter les consignes des trois chefs de file, sinon des mesures disciplinaires seront prises à l’égard des récalcitrants, comme l’exclusion du parti.
Jihane Gattioui / Les Inspirations ÉCO