Adnane Rhazali : Notre aval est conditionné par une baisse des coûts des réactifs !
Adnane Rhazali, président de la Chambre syndicale des biologistes
Le gouvernement a décidé, le 6 septembre, de fixer une grille tarifaire des différents tests PCR. Comment avez-vous accueilli cette décision ?
La décision a été prise par voie référendaire, à la base d’une réunion de la Commission interministérielle des prix, relevant du ministère de l’Économie et des finances et de la réforme de l’administration. En tant que syndicat, et également membres du Conseil des pharmaciens biologistes, nous avons été conviés à cette réunion afin de donner notre point de vue. À cette occasion, il y a eu échange pour comprendre pourquoi les prix, qui avaient été fixés par voie réglementaire au début de la pandémie par le ministère de la Santé, s’élevaient à 700 DH. Nous avons passé en revue tous les éléments constitutifs de ce prix, notamment les ressources humaines, l’investissement dans le matériel et leur amortissement, les locaux et autres.
Il s’est avéré que la composante principale, qui tirait vers le haut le coût de revient, était due aux réactifs et consommables importés au Maroc. Il s’agit d’un poste de charge où il n’y a pas d’économie possible. Tous les autres postes sont déjà compressés. D’où l’idée, par la suite, d’essayer d’agir sur ces coûts pour permettre aux citoyens de faire des analyses à des prix plus bas, tout en maintenant la qualité des résultats. Si l’on agit sur les réactifs de manière notable, on pourra baisser les prix de 700 à 400 DH. Il a été fait appel à la bonne volonté des fournisseurs de réactifs pour une réduction de leurs prix, afin d’être en phase avec les efforts de l’État et des biologistes qui ont consenti à travailler et respecter ces nouveaux barèmes de prix. Dans tous les cas, nous avons donné notre aval, conditionné par la baisse des coûts de réactifs. Si cela ne se fait pas, beaucoup de laboratoires médicaux ne pourront pas suivre.
L’État s’est-il engagé à réduire les impôts et taxes pour faire baisser les coûts ?
Ce sont des décisions qui ne relèvent pas de nous. Nous avons exposé les différents leviers à actionner. À l’État de prendre les décisions qui lui semblent utiles pour permettre au citoyen de bénéficier des analyses respectant les nouveaux barèmes. D’un autre côté, les fournisseurs locaux importent ces réactifs de l’étranger. Ils sont en négociation permanente avec leurs fournisseurs, parce qu’il faut tenir compte des lois du marché. En outre, s’ajoutent à cela d’autres frais, tels que les frais de transport pour l’importation.
Lors de la réunion indiquée plus haut, il y a eu un dialogue franc et clair, sur la base d’un benchmark, une étude de la réalité du marché. Nous, biologistes, sommes près à renoncer à la valeur de notre savoir et savoir-faire parce que nous estimons que c’est un devoir national. L’on nous a assuré que des démarches allaient être entreprises auprès des fournisseurs. Maintenant, l’heure est au dialogue entre l’État régulateur et les importateurs. Ils trouveront certainement des solutions parce qu’il y a une volonté partagée de faire en sorte que les tests soient accessibles aux citoyens. Une fois que les tests seront accessibles pour le plus grand nombre, on pourra être beaucoup plus efficace dans la lutte. Une réunion devait avoir lieu entre la Commission interministérielle des prix et les importateurs. Pour l’instant, nous n’avons aucun écho des décisions prises dans cette rencontre.
À partir du 10 septembre, les nouveaux prix vont être appliqués. Comment les laboratoires médicaux vont-ils jouer le jeu en toute transparence ?
Je peux vous assurer qu’à partir de cette date, et cela jusqu’à la baisse effective des prix des consommables et réactifs, nous seront déficitaires, parce que les réactifs qui ont été achetés avant le 10 septembre ne nous permettent pas de faire des tests PCR à 400 DH.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO