Maroc

Fête du travail : et après ?

On s’achemine vers une année blanche en matière de dialogue social. La session d’avril n’a pas eu lieu entre le gouvernement et les partenaires socio-économiques. La fête du travail a été célébrée, virtuellement, par les centrales syndicales qui ont épinglé le gouvernement sur le gel des négociations.

Pour la deuxième année consécutive, le 1er mai a été célébré virtuellement. Les défilés des travailleurs sur le terrain ont été, en effet, interdits par le gouvernement «en application des mesures préventives prises pour préserver la santé des citoyens». Mais cela n’a pas empêché, pour autant, les centrales syndicales de décocher leurs flèches contre le gouvernement dont le mandat tire vers sa fin et qui ne compte visiblement pas ouvrir un nouveau round du dialogue social, à la veille des élections. En tout cas, la session d’avril de cette année n’a pas eu lieu.

À cet égard, les partenaires sociaux déplorent le gel du dialogue social, accusant le Chef de gouvernement d’avoir failli à ses engagements en matière d’institutionnalisation du dialogue social. Selon eux, il fallait, dans cette conjoncture, intensifier les contacts pour faire face aux répercussions de la crise sanitaire et trouver des solutions efficaces et adéquates à plusieurs problématiques sociales. On s’achemine donc vers une année blanche en matière de dialogue social. Interpellé récemment par les parlementaires de la Chambre haute, le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Amkraz, voit le dossier au travers d’un autre prisme. Il a, en effet, estimé que le gouvernement n’avait jamais gelé le dialogue social et que l’exécutif planchait sur la mise en œuvre de l’accord triennal de 2019. Une réponse qui ne convainc pas les centrales syndicales qui restent sur leur fin en raison de la non-satisfaction de nombre de leurs revendications. Elles ont donc décidé d’interpeller, par le biais de leurs représentants à la Chambre des conseillers, le chef de gouvernement sur ce dossier.

Saad Dine El Otmani est en effet convoqué, le 11 mai prochain, par ces parlementaires pour répondre aux interrogations et aux accusations autour du dialogue social. Les syndicats ne se font pas d’illusion et ne s’attendent à aucune avancée au cours de cette année électorale sur le dossier du dialogue social. Néanmoins, ils plaident pour le renforcement de l’inspection du travail pour garantir les droits des travailleurs dans cette conjoncture difficile, et le soutien aux employés ayant perdu leur travail à cause de la pandémie. Les syndicats continuent, par ailleurs, à maintenir l’ensemble de leurs revendications, dont notamment les augmentations salariales, alors que le gouvernement donne la priorité, depuis 2019, aux législations de travail qui devaient faire l’objet des négociations en 2020. Sauf que la crise sanitaire a chamboulé ce plan.

Rappelons à cet égard que l’exécutif n’a pas pu, malgré ses diverses tentatives, déterrer le projet de loi organique sur le droit de grève qui a été soumis au Parlement par le gouvernement Benkirane en 2016 à cause des réticences syndicales. Le gouvernement était appelé à retirer le texte trop controversé du Parlement pour le débattre dans le cadre du dialogue social. Quelques réunions ont eu lieu entre le ministre de tutelle et les syndicats sur ce dossier, mais elles n’ont pas permis de rapprocher les points de vue. La patate chaude est, ainsi, refilée au prochain gouvernement.

Par ailleurs, le gouvernement n’a pas réussi à mettre sur les rails la réforme du Code du travail qu’il avait promise au patronat en 2017, et qui était l’un des points à l’ordre du jour du dialogue social de 2019. Mais le bras de fer avec les syndicats qui redoutent cette réforme n’a pas permis d’accorder les violons sur ce dossier. La CGEM, elle, continue de réclamer une flexibilité responsable au service de la compétitivité et de l’emploi et en phase avec les nouveaux enjeux de l’économie marocaine et des attentes des opérateurs économiques. Quelques dispositions du Code du travail sont pointées par le patronat qui les juge rigides, incomprises et sujettes à des multiples interprétations, ce qui provoque de nombreux litiges et conflits sociaux. Les syndicats ne partagent pas cet avis, estimant que la flexibilité risque de fragiliser la situation des travailleurs. Seule l’UNTM, bras syndical du PJD, semble favorable à la réforme du Code du travail. 

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco



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