Climat : 2021 battra un record d’émissions de CO2
L’alerte vient d’être donnée par l’Agence internationale de l’énergie qui affirme que 2021 verra la seconde plus grande hausse d’émission de CO2 de l’histoire de l’humanité, après 2010. Le mis en cause est le charbon, dont la consommation pour produire de l’électricité atteindra, cette année, des sommets en Chine et sera en hausse aux États-Unis et dans l’Union européenne.
La planète va fortement se réchauffer cette année ! L’alerte a été donnée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un nouveau rapport publié mardi dernier, à deux jours du sommet de haut niveau sur le climat convoqué en fin de semaine dernière par le président des États-Unis, Joe Biden. Un sommet durant lequel de grands émetteurs, dont certains sont mis en cause dans ce qui suit, ont pris des engagements solennels pour respecter le seuil de réduction de CO2 fixé à la COP21 à Paris (voir encadré). En attendant, le Global Energy Review de l’AIE annonce que les émissions mondiales de dioxyde de carbone liées à l’énergie vont augmenter de 1,5 milliard de tonnes en 2021, soit une hausse de 5%. Cela représente la deuxième plus forte augmentation annuelle d’émissions de CO2 de l’histoire de l’humanité après 2010, lors de la reprise à forte intensité de carbone suite à la crise financière mondiale.
La demande de charbon enregistrera une hausse de 4,5%
Le principal moteur de cette hausse est la demande de charbon, qui devrait croître de 4,5%, dépassant son niveau de 2019 et approchant son sommet historique de 2014, avec le secteur de l’électricité représentant les trois quarts de cette augmentation. Selon Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, «cette résurgence de l’utilisation du charbon dans le secteur de l’énergie est un terrible avertissement que la reprise économique après la crise de la Covid-19 est actuellement tout sauf durable pour notre climat. À moins que les gouvernements du monde entier agissent rapidement pour commencer à réduire les émissions, nous serons probablement confrontés à une situation encore pire en 2022». La demande mondiale d’énergie devrait, elle, augmenter de 4,6% en 2021. Elle sera tirée par les marchés émergents et les économies en développement qui la pousseront au-dessus de son niveau de 2019. Dans ce cadre, la demande pour tous les combustibles fossiles croîtra considérablement en 2021. Le charbon et le gaz dépasseront ainsi leurs niveaux de 2019. Le pétrole rebondira également fortement, mais devrait rester en deçà de son sommet de 2019, en raison de la pression qui continue de peser sur le secteur de l’aviation. Dans ce contexte, la hausse attendue de l’utilisation du charbon éclipsera de près de 60% celle des énergies renouvelables, malgré l’accélération de la demande en énergies propres.
Plus de 80% de la demande de charbon proviendrait d’Asie
Plus de 80% de la croissance prévue de la demande de charbon en 2021 proviendrait d’Asie, la Chine en tête. La consommation de charbon aux États-Unis et dans l’Union européenne est également en passe d’augmenter, mais elle restera bien en deçà des niveaux d’avant la crise. La production d’électricité à partir d’énergies renouvelables devrait, elle, bondir de plus de 8% en 2021, représentant plus de la moitié de l’augmentation de l’approvisionnement global en électricité dans le monde. La plus grande contribution à cette croissance vient du solaire et de l’éolien, qui sont en passe d’enregistrer leur plus forte augmentation annuelle de l’histoire. Plus en détail, la production d’électricité à partir de l’énergie éolienne devrait augmenter de 275 térawattheures (TWh), soit environ 17%, par rapport à l’année dernière, tandis que la production d’électricité à partir de l’énergie solaire photovoltaïque devrait augmenter de 145 TWh, en hausse de près de 18% par rapport à l’année dernière. Leur production combinée est en bonne voie pour atteindre plus de 2.800 TWh en 2021. Bref, les énergies renouvelables devraient fournir 30% de la production d’électricité dans le monde en 2021, leur plus grande part du mix énergétique depuis le début de la révolution industrielle, contre moins de 27% en 2019. La Chine devrait réaliser près de la moitié de l’augmentation mondiale dans la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables, suivie des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Inde. À signaler que ces données proviennent du Global Energy Review de l’AIE, qui est la mise à jour annuelle de l’agence sur les dernières tendances en matière d’énergie et d’émissions de CO2 dans le monde. Il couvre tous les principaux carburants et technologies, fournissant des informations sur les régions, les économies et les pays.
De nouveaux engagements et mesures annoncés
De nouveaux engagements et mesures ont été annoncés lors du sommet de haut niveau sur le climat convoqué en fin de semaine dernière par le président des États-Unis Joe Biden. Les États-Unis, le Canada et le Japon ont présenté de nouvelles contributions déterminées au niveau national (CDN) renforcées, quand le Brésil s’est s’engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, et la République de Corée à cesser tout financement extérieur du charbon et à présenter une contribution plus ambitieuse cette année. Saluant cet élan qu’il a qualifié de plus que nécessaire contre la crise climatique, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, a souligné que «le leadership de tous les principaux émetteurs sera essentiel pour assurer le succès de la COP26, prévue en novembre prochain à Glasgow en Écosse. Il est désormais urgent que tous les pays, en particulier les autres principaux émetteurs, présentent leur plan sur les changements climatiques, bien avant la COP26».
Aziz Diouf / Les Inspirations Éco