Covid-19 : le variant britannique mute au Maroc
Le variant britannique commence à se répandre au Maroc. Détectée aujourd’hui dans sept régions du royaume, la nouvelle souche pourrait bien faire des dégâts dans notre pays si les mesures nécessaires ne sont pas prises par les citoyens, alertent les spécialistes.
En décembre 2020, un nouveau variant du SARS-CoV-2 émergeait au Royaume-Uni avant de s’introduire au Maroc. Connu sous le nom de lignée 20B / 501Y.V1, VOC 202012/01 ou B.1.1.7), ce variant, détecté aujourd’hui dans 130 pays, commence à se répandre comme une traînée de poudre dans le royaume. Avec une transmissibilité de 30 à 70% plus élevée que les souches de SARS-CoV-2 précédemment en circulation dans le monde, le virus en mutation est présent dans sept régions du Maroc. C’est ce que révèle le dispositif de veille génomique du SARS-CoV2 (Covid-19). En effet, «le séquençage du génome complet a permis la confirmation de la présence de mutations signatures du variant britannique», indique le département de la Santé dans son dernier communiqué, précisant qu’à ce jour, «89 souches B.1.1.7 (variant britannique) ont été assignées, et aucun autre variant préoccupant (VOC) n’a été confirmé au Maroc».
Le ministère souligne, en outre, qu’à côté des mutations spécifiques des variants détectés, de nouvelles mutations sont régulièrement décelées mais sans impact clinique ni épidémiologique, notant que cette dynamique virale est constatée de par le monde. Et d’ajouter que, depuis le début de l’épidémie du SARS-CoV2, plusieurs milliers de variants circulent et d’autres émergeront, précisant que l’apparition de ces variants au cours du temps est un processus naturel dans l’histoire des virus, lié à la manière dont ces micro-organismes se répliquent. D’autres variants préoccupants du SARS-CoV-2, notamment le variant sud-africain (B.1.351) et le variant brésilien B.1.1.28.1 (P1), ont suscité un grand intérêt en santé publique et font l’objet de surveillances génomique et épidémiologique à travers le monde. Le Consortium national de veille génomique du SARS-CoV2 continuera à informer les autorités sanitaires de l’évolution génétique des souches du SARS-CoV2 circulant au Maroc et sur la présence éventuelle d’un variant autochtone ayant un impact sur la santé publique, relève le communiqué.
Hausse inquiétante
Face à la dynamique de circulation du variant britannique au Maroc, le ministère de la Santé incite tous les citoyens à respecter les mesures sanitaires pour limiter la propagation du virus dans la communauté. Abondant dans ce sens, le docteur Moulay Said Afif appelle lui aussi les populations à faire preuve de prudence, car aujourd’hui, «il y a lieu de s’inquiéter» au vu de la tendance actuelle. «Ça commence avec quelques cas avant de se propager», alerte le pédiatre. «Récemment, à Dakhla, nous avons enregistré une tendance de 4 à 5 cas par jour. Du jour au lendemain, celle-ci est passée à 40 cas par jour», poursuit le président de la Fédération nationale de la santé, convaincu de la nécessité du strict respect des mesures barrières. «Il faut que les populations respectent les règles sanitaires édictées par le ministère de la Santé, à savoir la distanciation sociale, le lavage des mains et le port obligatoire du masque», rappelle le membre du Comité national technique et scientifique qui s’inscrit ainsi dans la lignée du chef de gouvernement.
Fin mars, Saâd Dine El Otmani avait en effet alerté, dans un tweet publié sur son compte personnel, que «ces derniers jours ont vu une augmentation du nombre d’infections, et le nombre de cas graves nécessitant une réanimation est passé à 72 au cours des dernières 24 heures». Pour El Otmani, «tout le monde doit faire attention pour ne pas assister à une troisième vague». En plus de la propagation inquiétante du variant britannique au Maroc, les contaminations liées au SARS-CoV2 sont en constante hausse ces derniers jours. Au cours de la semaine écoulée, 3.538 nouveaux cas ont été décelés, contre 2.950 la semaine précédente, soit une hausse de 20%. Quant au nombre de décès, il a également augmenté, passant de 31 à 52. Pendant ce temps, la campagne de vaccination, lancée le 28 janvier dernier, subit des retards de livraison des doses alors que le stock de vaccins se réduit. Se dirige-t-on vers un reconfinement, ou du moins un renforcement des mesures de sécurité sanitaire pendant le mois sacré ? Pour Dr. Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, il faut appréhender la menace qui pèse sur le Maroc à sa juste valeur. «Si le Maroc est classé parmi les 10 pays les plus avancés au monde dans la vaccination contre la Covid-19, la population n’est pas encore immunisée contre le nouveau coronavirus par la vaccination», a précédemment réagi ce dernier dans une de nos éditions. «Tout dépendra du comportement des populations», conclut Dr. Moulay Said Afif.
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco