Enseignement : le distanciel, pierre angulaire du système éducatif
Au Maroc, si l’enseignement à distance a connu des débuts difficiles, ce mode de transmission pédagogique devient aujourd’hui une pierre angulaire du système éducatif national.
Les challenges du système d’éducation marocain face aux inégalités sociales ont été au cœur d’un récent webinaire, organisé par la Chambre de commerce britannique au Maroc. Une question de l’heure qui fait débat près d’un an après le début du confinement et la mise en pratique de l’école «distancielle». Tour à tour, plusieurs experts ont pris part aux échanges. Il s’agit, entre autres, de Mohamed Tahiri, directeur de l’enseignement supérieur et du développement pédagogique au ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Katherine Thomson conseillère en éducation au Maghreb au département du Développement international (ambassade britannique), Jalal Charaf, directeur général CGEM et, par ailleurs, président du directoire l’Observatoire des métiers et des compétences des branches professionnelles ainsi que Patricia King, la directrice de British International School Casablanca. Séduits par les avantages du mode de transmission pédagogique en ligne, lequel permet de rêver d’une école plus accessible à l’ensemble des couches sociales, les spécialistes sont d’avis que l’école distancielle est une solution aux maux de l’éducation nationale. Ainsi, selon eux, généralisé dès le début du confinement, ce mode de transmission pédagogique a connu des débuts difficiles, mais devient aujourd’hui une pierre angulaire du système éducatif marocain.
Un programme de 200 millions DH
Rappelant que l’école à distance était une des recommandations du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, Mohamed Tahiri, a souligné que «le distanciel permet d’imaginer des universités accessibles au plus grand nombre». Selon le représentant du ministère de tutelle, pour concrétiser cette vision, l’État va bientôt lancer un programme de «campus connecté pour tous» d’un budget de 200 millions de dirhams De son côté, Jalal Charaf, a appelé à opérer «une révolution du système de formation professionnelle». Pour cela, le représentant du patronat a appelé au lancement d’un mécanisme de «prospective Data» entre entreprises et autorités publiques sur la corrélation entre l’offre et la demande du marché. «Cela nous permettrait d’anticiper les demandes des entreprises et d’adapter les filières de formation professionnelle»,a-t-il souligné. Soulignant un nécessaire besoin de textes réglementaires, Mohamed Tahiri a fait savoir qu’un projet de certification d’enseignement à distance sera bientôt institutionnalisé. Le représentant du ministère de l’Éducation nationale a également partagé sa satisfaction de voir «les écoles britanniques s’intéresser et s’installer au Maroc». Dans ce sens, une réunion conjointe entre les deux pays aura lieu le mercredi 24 mars, a fait savoir Katherine Thomson. De nouvelles annonces pourraient avoir lieu.
Des lacunes ?
Autres aspects bénéfiques de l’école distancielle : l’accès au savoir. C’est ce qu’a fait savoir Patricia King. «Grâce à Internet, les enfants ont accès à un savoir et à un partage de connaissance plus étendu», a-t-elle soutenu. En somme, le modèle hybride permet aujourd’hui de redéfinir la relation entre enseignants et élèves et ainsi d’améliorer l’autonomie et la pratique. Toutefois, si ce mode d’enseignement a de nombreuses vertus, ils sont nombreux à remettre en cause son efficacité. D’autres plus nuancés, soulèvent des problématiques telles que «l’absence de cadres pédagogiques accompagnant l’apprentissage et le rythme de certaines matières», «le suivi de l’assimilation des cours et des examens chez les élèves ayant choisi l’enseignement à distance» et «l’absence de l’égalité des chances entre élèves à cause de la multiplication des formules d’enseignement dans l’école marocaine publique et privée». C’est le cas de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves du Maroc (FNAPEM) qui déplore la qualité de l’enseignement en alternance.
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco