Les startups marocaines dans le viseur de l’Espagne
Le voisin du Nord multiplie les clins d’œil à l’adresse des startups marocaines porteuses de projets innovants. Le point avec Talal Benjelloun, cofondateur d’une jeune pousse marocco-espagnole, devenue grande grâce à l’accompagnement dont elle a bénéficié en Espagne.
L’engouement de l’Espagne pour les startups nées sous nos latitudes se confirme de plus en plus. Les événements et rencontres, quoique digitales, se multiplient afin de séduire ce segment qui a le vent en poupe en ces temps de restrictions sanitaires et de mobilité réduite et réglementée. Mais faut-il bon être startuper en Espagne ? Pour Talal Benjelloun, l’un des cofondateurs de la start-up Glamping hub, le voisin ibérique offre une panoplie d’avantages aux jeunes pousses. «D’abord, pour la prolifération du financement en Venture capital. Cet accès à l’investissement est vital pour les start-ups en devenir car, selon les statistiques, 3 à 4 % à peine des startups arrivent à maintenir la tête hors de l’eau. Les autres disparaissent faute de financements», souligne ce jeune patron qui s’est spécialisé dans l’accompagnement des futurs startupers.
«La figure du business angel est importante dans la vie d’une startup en devenir. Malheureusement, l’apport au Maroc de ces “mécènes” est très dérisoire. Cependant, en Espagne, la contribution ainsi que la qualité du business angel est à saluer», ajoute Benjelloun. Celui-ci présente à ce titre l’expérience de sa startup laquelle a pu prendre son envol grâce à ces «anges», qui ont pris sous leurs ailes la jeune pousse marocco-espagnole jusqu’à devenir acteur incontournable dans son domaine, celui des séjours de luxe dans des hébergements inédits.
«Au Maroc, la contribution financière d’un business angel dépasse à peine les 10.000 euros alors qu’ici, on parle d’un apport qui commence à partir de 100.000 euros», ajoute l’expert.
Les business angels injectent de la liquidité, certes, mais feront preuve de générosité, en introduisant le «protégé» dans la cour des grands et en partageant avec les porteurs du projet les ficelles du métier, explique le jeune patron. En s’appuyant sur sa propre expérience, le manager marocain estime que le financement ne tarde jamais à se manifester quand le concept sort du lot. Dans le cas de son entreprise, un fonds barcelonais a injecté la coquette somme de 300.000 euros dans les caisses de cette jeune pousse. Une première levée de fonds qui attirera bien d’autres, par la suite. Car l’idée a fini par faire des émules. En deux levées de fonds, Glamping hub a réussi à décrocher plus d’un million d’euros dans chacune des deux opérations. Outre l’accès à l’investissement, une installation dans le pays voisin offre aux entreprises émergentes un accès aux incubateurs et aux talents.
«Les développeurs marocains sont absorbés par des tâches ingrates qui ne leur laissent pas le temps de développer leur savoir-faire et gagner en maturité», note Benjelloun.
À cet effet, l’Espagne regorge de clusters qui encouragent les startups et contribuent à l’éclosion de nouvelles idées. Benjelloun cite à ce titre son expérience personnelle où il épaule les jeunes startupers en devenir dans un cluster appelé Open Futur Séville, financé par les fonds européens. Il s’agit là d’un autre atout à prendre en considération. «L’idée a tellement plu que le préside de Sebta a décidé de la copier afin d’attirer les porteurs de projet marocains. D’ailleurs, Mélilia s’apprête aussi à transposer la même expérience prochainement en créant son propre incubateur d’entreprises, avec la même finalité, celles de séduire les startupers marocains», souligne notre interlocuteur. La course vers l’attrait des jeunes pousses dans laquelle se sont engagés plusieurs pays qui jouent des coudes pour séduire les talents, s’intensifie de plus en plus dans le sud européen où l’on vise le marché africain. Mais qu’en est-il de la fiscalité, jugée lourde en Espagne selon les firmes opérant dans le domaine des nouvelles technologies sur ce territoire ? «Au départ, la fiscalité n’est pas un point à prendre en considération dans la vie d’une start-up, car l’on démarre avec un capital très limité qui ne dépasse guère 10.000 euros, dans les meilleurs des cas. Dans la grande majorité des situations, il s’agit d’économies ou un crowdfunding familial et des amis, comme dans notre story à l’heure de lancer notre concept, inédit à l’époque». Le jeune patron ajoute aussi, que durant les premières années, les startups enregistrent à peine des bénéfices et donc il est encore prématuré de se préoccuper du volet fiscal et des tracas de la trésorerie, conclut-il.
Amal Baba Ali, DNC à Séville / Les Inspirations Éco