Maroc

Green Deal : le Maroc part favori

Le royaume serait le mieux placé, parmi les pays au Sud de la Méditerranée, pour accompagner l’Europe dans la mise en œuvre de son nouveau Pacte vert visant l’émission zéro carbone à l’horizon 2050. Selon le professeur Amine Bennis, tous les ingrédients sont également réunis pour lui permettre de tirer pleinement profit de la feuille de route de l’Union européenne et accélérer sa transition énergétique. Les détails.

«Le Maroc est très bien placé pour recueillir rapidement les fruits du Green Deal (Pacte vert), mis en place par l’Union européenne (UE) pour assurer sa neutralité climatique à l’horizon 2050». Selon le professeur Amine Bennis, qui en a fait l’annonce dans une tribune publiée récemment, «le royaume serait même le favori, parmi les pays du Sud de la Méditerranée sur lesquels l’UE peut s’appuyer pour atteindre ses objectifs d’émissions zéro carbone». En effet, en comparant le Maroc à la Tunisie, Bennis relève que le royaume a une grande longueur d’avance dans le domaine de la transition énergétique en général et dans celui de la production d’électricité à partir de sources renouvelables en particulier. Pratiquement tous les ingrédients sont réunis pour lui permettre à la fois de tirer profit de ce pacte, afin d’accélérer sa transition énergétique, et d’aider l’UE à réaliser son agenda, dont l’objectif de réduction des émissions de carbone a été récemment revu à la hausse par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui l’a porté de 40% à 55% d’ici 2030.

De solides atouts dans les énergies renouvelables
Au cours des cinq dernières années, les succès du Maroc dans la transition énergétique ont inclus la construction de plusieurs centrales solaires (utilisant la technologie de «l’énergie solaire concentrée’’) telles que le projet Noor Ouarzazate I, II et III et le projet photovoltaïque Noor Ouarzazate IV. La dernière initiative est le projet Noor-Midelt, qui intégrera les technologies photovoltaïques, solaires concentrées et de stockage sur batterie. Il s’agit déjà d’un bilan solide pour le Maroc, mettant en évidence sa capacité à développer des projets d’énergies renouvelables à grande échelle. En 2019, ces installations d’énergies renouvelables représentaient 34% de la capacité électrique totale installée. Cette capacité des installations d’énergies renouvelables est appelée à doubler une fois les projets en cours terminés. Parallèlement, il est annoncé que le royaume commencerait à développer des projets de parcs éoliens offshore sur la côte atlantique venteuse. Ceci, sans oublier qu’à court terme, le Maroc pourrait être particulièrement bien placé pour envoyer de l’hydrogène vert en Europe en raison de sa proximité géographique et de ses installations d’énergies renouvelables. D’ailleurs, le royaume est en train de finaliser une feuille de route dans ce domaine, de laquelle il ressort qu’«il pourrait produire de l’hydrogène vert à grande échelle de manière très compétitive car il a des coûts de production d’électricité inférieurs, des rendements d’électrolyse plus élevés et des dépenses d’investissement moins importantes». Sachant que l’hydrogène peut être stocké et transporté de façon saisonnière à moindre coût sur de longues distances via deux canaux, à savoir par bateau et via des gazoducs, le Maroc a opté pour la première solution. C’est à cet effet que le port d’Hambourg (Allemagne) est en train d’apporter l’assistance technique à celui de Tanger Med. Ceci étant, rien n’empêche le royaume de mettre en place des pipelines pour acheminer l’hydrogène vert vers l’Europe. Un exercice auquel il est à peu près déjà rompu, avec l’interconnexion électrique en cours d’exploitation avec l’Espagne, et bientôt avec le Portugal.

Un cadre de coopération très favorable
«En plus de ces atouts, le cadre de coopération Maroc-UE est très favorable pour le développement des énergies renouvelables et du marché carbone», ajoute Bennis. En effet, les conclusions du Conseil d’association de 2019 ont identifié deux domaines d’action horizontaux clés sous la rubrique «Partenariat euro-marocain pour une prospérité partagée». Celles-ci impliquent une coopération sur l’environnement et le changement climatique, ainsi que sur la mobilité et la migration. La déclaration conjointe du Conseil d’association et du Maroc note l’étroite relation entre les deux domaines, citant des questions telles que l’importance des énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, la biodiversité et l’utilisation durable des ressources naturelles. En somme, énergie solaire, énergie éolienne, hydrogène vert et cadre de coopération idoine, tout est pratiquement là pour permettre au Maroc de foncer sur le Pacte vert européen qui pourrait être une source de développement économique et d’emplois locaux importante. En effet, les investissements dans les énergies renouvelables peuvent créer directement des emplois, notamment par le recrutement de travailleurs pour les parcs éoliens et les centrales solaires, ainsi que pour la construction et l’entretien de ces installations. Mais elle peut aussi créer des emplois indirectement, par exemple en créant un nouvel écosystème social et économique. Les IDE du Green Deal peuvent également aider les industries locales naissantes des énergies renouvelables à se développer en impliquant des développeurs locaux, des sous-traitants et des travailleurs. Selon une étude du Forum méditerranéen des instituts des sciences économiques, le secteur des énergies renouvelables pourrait générer entre 267.000 et 482.000 emplois au Maroc d’ici 2040. 

Aziz Diouf / Les Inspirations Éco



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