Maroc

Tannerie complémentaire traditionnelle de Fès: pourquoi le projet bloque

Après plus de trois ans de retard, le projet de la tannerie complémentaire traditionnelle de Fès s’avère incomplet. Les responsables du projet se sont rendu compte que le projet, réalisé à 95%, n’inclut pas l’approvisionnement en eau. Une enveloppe plus de 3 MDH est donc allouée pour la réalisation de 4 km de conduite d’eau à partir du bassin de Sebou.

Les artisans tanneurs de l’ancienne médina de Fès doivent encore patienter avant de pouvoir s’installer sur le nouveau site au quartier de Aïn Nokbi. En effet, le projet de la tannerie complémentaire traditionnelle de Fès, déjà réalisé à hauteur de 95%, s’avère incomplet, puisqu’il n’inclut pas le volet d’approvisionnement en eau, matière indispensable dans le métier de la tannerie. Actuellement, le projet attend la validation d’accord modificatif de 8,2 MDH pour la réalisation des travaux complémentaires nécessaires pour l’aboutissement de ce projet. Trois millions de dirhams (MDH) seront dédiés à la réalisation de 4 km de conduite d’eau à partir du bassin de Sebou, sans compter la procédure d’expropriation des terrains et 4 MDH seront accordés au prestataire pour des travaux réalisés en dehors du projet.

Dans sa nouvelle version, le projet sera réalisé avec une enveloppe de 50,2 MDH, soit 8,2 MDH de plus. Le reliquat, soit 4,7 MDH, sera financé par la Fédération des Chambres de l’artisanat, alors que le reste (3,5 MDH) sera acquitté à parts égales par le Conseil préfectoral de la ville de Fès et le Conseil de la Région Fès-Meknès. La première tranche du projet, étalée sur 1,08 ha, est située à proximité du marché des peaux brutes. Les travaux ont été lancés le 19 novembre 2015 et le chantier a nécessité un investissement de 42 MDH, dont 35 MDH alloués par le ministère de l’Artisanat et de l’économie sociale et solidaire et 7 MDH par le Conseil de la Région Fès-Meknès. Quant à la deuxième tranche, non encore entamée, elle sera consacrée à la station de prétraitement des eaux usées, avec un budget estimé à 14 MDH. L’acquisition du terrain a été assurée par le Conseil communal de Fès.

«Il s’agit d’une tannerie spécialisée dans l’exécution des travaux de rivière qui génère normalement un important taux de pollution à la fois liquide et solide, tout en préservant le tannage proprement dit naturel, végétal et biologique dans les tanneries traditionnelles de l’ancienne médina de Fès», expliquent aux Inspirations ÉCO les responsables de la Chambre de l’artisanat de la Région Fès-Meknès.

Le projet contribuera également à la préservation du métier de tannage végétal dans son état traditionnel et original, dans l’ancienne médina, puisqu’elle va permettre à plus de 300 artisans-tanneurs de travailler avec des techniques modernes plus respectueuses de l’environnement. Cette tannerie, qui va offrir un tableau complet de l’artisanat local, comporte plus de 600 bassins de 1,5 m à 2 mètres pour travailler les peaux (bovins, ovins et caprins), 132 ateliers (khzana) et d’une salle pour le tannage aux foulons. Les responsables de la ville estiment que cette nouvelle tannerie devrait donner un nouvel élan à la filière et permettre de travailler la partie polluante de ce métier à l’extérieur des murs de la médina. À noter que depuis 2008, la filière du cuir à Fès a bénéficié d’un soutien financier de près de 141,07 MDH, dont 75,5 MDH pour la restauration et la réhabilitation des tanneries traditionnelles de la médina. Près de 42 MDH ont été dédiés à la construction de la tannerie complémentaire et 14,07 MDH à la construction du marché des peaux brutes à Aïn Nokbi et 9,5 MDH ont été dernièrement affectés à la création du Centre d’appui technique de tannage traditionnel de Chouara.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations Éco



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