Réserves de change. Assez confortables pour rembourser une partie de la LPL
Le Trésor procèdera au remboursement par anticipation d’une partie des trois milliards de dollars tirés en avril dernier dans le cadre de la LPL contractée auprès du FMI. Effective en janvier 2021, l’opération intervient dans un contexte où l’encours des réserves de change a atteint un niveau «confortable».
L’information nous est tout d’abord parvenue du Fonds monétaire international (FMI), dont les équipes s’étaient entretenues avec les autorités financières marocaines. Les deux parties s’étaient en effet rencontrées le18 décembre dernier à l’occasion de l’examen du rapport des consultations au titre de l’Article IV pour le Maroc. Au terme de ces discussions, les administrateurs du FMI «se sont félicités de l’annonce selon laquelle les autorités ont l’intention de rembourser prochainement une partie du tirage effectué dans le cadre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL)». Le détail a finalement été dévoilé par Bank Al-Maghrib et le ministère des Finances, précisant le remboursement d’une partie des trois milliards de dollars tirés en avril dernier sur la LPL.
Le Trésor procèdera ainsi au remboursement par anticipation d’un montant de 651 millions de droits de tirage spéciaux (DTS), soit près de 936 millions de dollars ou 8,4 MMDH. L’opération, qui sera effective le 8 janvier 2021, intervient dans un contexte où l’encours des réserves de change a atteint un niveau «confortable» permettant de couvrir un peu plus de sept mois d’importations de biens et services.
«La résilience des transferts MRE et la baisse des importations ont contenu les besoins de financement extérieur du Maroc, et les réserves internationales restent confortablement au-dessus des niveaux de l’année dernière», soutient le FMI dans son compte-rendu. Une performance qui a été particulièrement portée par le recours à deux reprises au financement extérieur à travers une première émission de un milliard d’euros réalisée en septembre dernier et celle de trois milliards de dollars effectuée au début de ce mois de décembre. Cela devrait contribuer à atténuer les pressions financières extérieures du Maroc et garder ses réserves de change à un niveau adéquat. Une situation qui devrait par ailleurs se maintenir à moyen terme, selon les autorités financières.
«Ce rachat anticipé permet de soulager les engagements financiers futurs du pays tout en en réduisant le coût grâce en particulier aux conditions très favorables de la dernière émission du Trésor à l’international. Cette opération ne manquera pas non plus de renforcer la confiance des investisseurs et des marchés dans notre économie», expliquent les autorités marocaines. D’ailleurs, le wali de Bank Al-Maghrib l’avait souligné, lors de son dernier conseil, durant lequel il félicitait le Maroc «d’avoir bien joué son angle de tir lors de cette sortie à l’international, lui permettant ainsi de bénéficier de conditions très favorables».
L’annonce des vaccins anti-Covid-19 et des prévisions rassurantes liées à la fin du confinement et de la pandémie auraient été à l’origine d’une euphorie qui s’est traduite par une surliquidité sur le marché international. De ce fait, le volume de souscription a atteint les 13 milliards de dollars, alors que la levée visait seulement trois milliards. Les investisseurs ont ainsi maintenu leur confiance dans la signature marocaine malgré les effets actuels de la crise sanitaire et de la sécheresse sur son économie.
Ceci étant, des signes de reprise restent perceptibles selon les services du FMI. Ces derniers s’attendent à ce que la croissance du PIB tombe à -7,2% en 2020 avant de rebondir à 4,5% en 2021, et ce, à condition que les effets de la sécheresse et de la pandémie diminuent et que la politique monétaire et budgétaire reste accommodante. Pour l’institution, la reprise des recettes du tourisme et des exportations devrait conduire à une amélioration progressive du déficit du compte courant. Les administrateurs du FMI ont par ailleurs salué la réponse politique rapide des autorités contribuant à atténuer l’impact social et économique de ces chocs. Les banques ont jusqu’à présent relativement bien résisté à la récession avec des crédits en croissance continue. L’impact de la pandémie sur les marchés financiers et l’économie réelle a ainsi été limité grâce, à la fois, à la forte réactivité la Banque centrale, qui a amélioré les conditions de liquidité et réduit les taux d’intérêt, et aux programmes de crédit garanti du gouvernement.
«L’orientation de la politique monétaire devrait rester accommodante jusqu’à ce que les pressions inflationnistes réapparaissent», remarquent les équipes du FMI. Les administrateurs ont également noté les progrès réalisés récemment pour accroître la flexibilité du taux de change, et appelé à achever la transition vers le cadre de ciblage de l’inflation prévu pour renforcer la transmission de la politique monétaire. Bien que le système du secteur bancaire ait jusqu’à présent relativement bien résisté à la crise, les administrateurs du FMI ont recommandé de continuer à suivre de près l’impact de la crise sur la qualité des actifs bancaires, notamment au moyen de tests de résistance réguliers. Et compte tenu du volume important de garanties de crédit accordées pendant la crise et des efforts renouvelés pour renforcer les partenariats public-privé, les administrateurs ont appelé à un renforcement de la gestion et du reporting des risques budgétaires associés.
Par ailleurs, le FMI a affirmé que la politique budgétaire a réussi à soutenir de manière appropriée les ménages et les entreprises au lendemain de la pandémie, aidée par des contributions volontaires au Fonds Covid-19, et devra continuer à soutenir la reprise à court terme. Cependant, l’assainissement budgétaire devrait reprendre dès que l’économie se remettra de la pandémie. Au final, l’institution encourage les autorités à publier un cadre budgétaire à moyen terme indiquant un engagement crédible à placer la dette publique sur une trajectoire résolument descendante, avec de nouvelles réformes décisives pour améliorer la politique fiscale et accroître l’efficacité des dépenses publiques.
Aïda Lo / Les Inspirations Éco