Intelcia. Saad Berrada: “Nous travaillons sur une charte pour améliorer l’expérience du télétravail”
Saad Berrada.
Directeur des ressources humaines du Groupe Intelcia
Le télétravail est bien ancré dans la stratégie de développement d’Intelcia. Il sera accompagné d’une charte et de process adaptés pour encadrer au mieux cette nouvelle pratique. L’objectif est d’appliquer le travail à distance avec une approche différenciée ; autrement dit, à un dosage maîtrisé et efficient.
Comment Intelcia a-t-elle géré l’arrivée de la pandémie sur le plan RH ?
Quand nous avons mis en place le télétravail au début de l’état d’urgence sanitaire (en mars), dans certains pays d’implantation d’Intelcia, nous ignorions comment la situation allait évoluer et si le télétravail allait nous permettre d’assurer une continuité de l’activité pour nos clients. Nous nous sommes d’abord challengés pour rapidement mettre en place des solutions et assurer la sécurité sanitaire des collaborateurs. Il fallait donc convaincre les clients, équiper les collaborateurs pour, au bout de pratiquement un mois, être à 70% de collaborateurs en télétravail, donc plus de 10.000 personnes. Du coup, nous nous sommes rendus compte que le télétravail pouvait fonctionner. 80% de nos métiers liés à la relation client se font en télétravail, avec en prime une productivité très satisfaisante. Partant de là, nous avons pensé à développer ce mode de travail. Nous avons ainsi lancé un nouveau concept à Oujda en moins de trois mois. Ce nouveau site se caractérise par la mise en place d’un mode hybride de travail pour les collaborateurs. Aujourd’hui, il emploie plus de 100 personnes avec l’objectif de recruter 800 personnes à terme, le tout avec une formule à 80% en télétravail et 20% en présentiel (4 jours sur 5 en télétravail et 1 jour sur 5 sur site).
Intelcia va-t-elle adopter le télétravail de façon permanente? Et à quelle cadence ?
Nous sommes aujourd’hui en train de travailler sur un projet groupe pour voir comment le télétravail pourrait être pérennisé. Comme vous le savez, nous ne croyons pas à la mise en place du télétravail à 100% car nous voulons maintenir un lien entre les collaborateurs et l’entreprise. Nous préférons donc être sur un mode hybride. Nous préparons des procédés en collaboration avec les services RH et support, qualité et conformité, juridique… pour assurer un cadre propre à Intelcia, qui permette d’un côté de respecter une législation juste en matière de télétravail, et de l’autre de définir un socle commun qui encadre les engagements de l’entreprise et des collaborateurs. Nous assurons également la partie accompagnement, formation et déploiement des outils pour les collaborateurs. Le volet digital s’avère être important dans ce sens, et il se trouve qu’Intelcia a très tôt lancé un processus de digitalisation de ses fonctions. Cela nous a permis d’accélérer la cadence lors de l’avènement de la crise pour assurer au mieux la continuité de l’activité. À noter que nous travaillons sur une charte pour améliorer l’expérience télétravail ; elle sera très prochainement présentée aux instances représentatives du personnel. Notre objectif est donc d’encadrer le télétravail et de l’élargir quand cela est possible. Le challenge consiste à trouver la bonne formule pour utiliser le télétravail au bon dosage, de façon à ce que tout le monde y gagne : le collaborateur, l’entreprise et les clients. Nous souhaitons dans la mesure du possible pérenniser le télétravail au-delà du contexte sanitaire actuel.
Qu’en est-il de la réglementation ?
Il est certain qu’il existe un vide juridique dans la réglementation du télétravail. Les entreprises s’adaptent pour assurer un cadre à ce mode de travail, mais je pense que la législation va certainement évoluer. Il me paraît compliqué de mettre en place une législation qui soit la plus complète possible car le télétravail est essentiellement basé sur le volontariat. En tout cas, mettre une couche de contrôle sur le volontariat n’est pas viable. Nous espérons tout de même que le gouvernement se penchera sur le sujet du télétravail pour lui assurer un meilleur cadre réglementaire et permettre aux entreprises de le pratiquer dans les meilleures conditions.
Le métier de la gestion RH a-t-il été chamboulé par la crise ?
Non, pas vraiment. Les fondamentaux du métier RH restent les mêmes. Notre rôle est d’attirer les meilleurs profils, leur procurer le meilleur environnement de travail, leur permettre de s’épanouir, les faire évoluer et les fidéliser. Du coup, c’est la manière de recruter, de former, d’accompagner, de gérer les collaborateurs qui change, devenant plus digitalisée. Ce changement d’approche nécessite une adaptation des process et des outils qui vont avec, mais ne change en aucun cas la finalité de notre métier. In fine, l’objectif pour nous est de créer de la valeur pour l’entreprise.
Quels changements ont été opérés par Intelcia suite à cette crise sanitaire ?
Avant la Covid-19, nous avons initié un chantier de refonte de notre identité de marque. Nous avons ainsi retravaillé nos valeurs et notre culture managériale. Quand nous avons démarré cette refonte dans l’intégralité des sites d’Intelcia de par le monde, la pandémie s’est déclenchée. Pour autant, nous n’avons pas arrêté ce processus, et nous avons profité de nos atouts dans le digital pour organiser des ateliers sur les nouvelles valeurs de l’entreprise et pour expliquer notre modèle de leadership managérial. Ceci nous a confortés dans notre approche et dans la pertinence de l’accompagnement «digital» de nos collaborateurs durant cette crise sanitaire.
Sanae Raqui / Les Inspirations éco Docs