CHU d’Agadir : les médecins internes lésés
Plus d’un an et demi après leur affectation dans le cadre de leur formation, 63 médecins internes, exerçant actuellement au sein de l’hôpital régional Hassan II, continuent de subir le retard de livraison du Centre hospitalier universitaire d’Agadir. «Depuis la désignation de la première promotion des médecins internes, nous travaillons avec dévouement dans les différents services de l’hôpital Hassan II d’Agadir, y compris lors de cette période de la Covid-19. Toutefois, nous ne bénéficions pas, à l’instar d’autres CHU du royaume, de nos droits les plus élémentaires, à savoir le foyer-logement et la nourriture, alors que depuis notre désignation, nous enregistrons aussi des difficultés inhérentes à notre formation en l’absence de CHU à Agadir», précise l’Association des médecins internes du CHU d’Agadir dans un communiqué rendu récemment public.
La tutelle interpellée
Selon ces médecins en fin de formation, le décret n° 2-91-527 du 13 mai 1993, relatif à la situation des externes, des internes et des résidents des centres hospitaliers leur donne droit au logement en plus de l’indemnité de nourriture, car ils enchaînent de longues journées de travail. Face à cette situation, les internes ont déjà sollicité le ministère de la Santé au mois de juillet dernier, au nom de la Commission nationale des médecins internes et résidents (CNIR).
De son côté, l’Association des médecins internes du CHU d’Agadir a adressé aussi plusieurs correspondances à la direction de l’hôpital Hassan II, la Direction régionale de la santé, la Faculté de médecine d’Agadir, en plus de la direction du CHU d’Agadir. Toutefois, les médecins internes n’ont pas reçu de réponse à leurs doléances. Contactée par Les Inspirations ÉCO, la Direction régionale de la santé Souss-Massa explique que les médecins internes ne relevent pas de sa compétence, mais de celle de la Faculté de médecine et de pharmacie d’Agadir. Cette dernière précise, pour sa part, que «les internes qui sont encore des médecins en formation sont affiliés à la faculté de médecine et leur formation relève de cet établissement. Toutefois, vu leur exercice de médecine dans l’hôpital régional Hassan II à la place du CHU, les aspects reliés à leur logement et repas sont couverts par le ministère de la Santé, et plus précisément le CHU d’Agadir qui est toujours en construction». La direction du CHU d’Agadir n’a pas souhaité apporter de précisions à ce sujet, malgré nos multiples tentatives.
Manque de budget de fonctionnement
De sources proches du dossier, cette situation est due au manque de budget de fonctionnement du CHU toujours en construction, alors que le contexte de la pandémie et le retard de livraison de cet établissement exercent aussi une pression sur la formation et l’encadrement des étudiants. Une situation qui a poussé la Faculté de médecine d’Agadir à envisager des alternatives, notamment l’allégement de la pression sur l’hôpital Hassan II à travers la réalisation de stages à l’hôpital militaire d’Inezgane, en plus d’autres options. En attendant, la résolution de cette situation nécessite des arbitrages entre les différents intervenants, à travers la mobilisation d’un budget spécial pour la résolution de la question du foyer-logement et les modalités de nourriture. Pour rappel, l’association des médecins internes avait déjà proposé l’occupation de certains locaux relevant de l’hôpital régional Hassan II, ou la mobilisation d’un logement à l’extérieur de cet établissement de soins pour éviter les déplacements et le transport des médecins internes. Elle a également sollicité l’intervention de la direction du centre hospitalier d’Agadir et la Direction régionale de santé à propos de ces deux points, notamment la mise en place d’une indemnité qui compenserait l’absence de repas ou de logement. Cette situation risque de se reproduire à Lâayoune, où le CHU est aussi en cours de construction.
Yassine Saber / Les Inspirations Éco