Cinéma : double consécration pour Ayoub Qanir
Cinéaste de talent à la vision authentique, Ayoub Qanir est récompensé au Toronto Arthouse Festival et à la Venise Film Week. Il reçoit les prix du Meilleur Film et Meilleur Film expérimental pour Darkness of Otherwhere, son troisième long-métrage en deux ans. Coulisses.
Le réalisateur maroco-américain Ayoub Qanir surprend, encore une fois, en se lançant dans une nouvelle aventure des plus inattendues. Cette fois-ci, dans l’archipel japonais, terre de grands réalisateurs comme Akira Kurosawa, Yasujiro Ozu ou Kenji Mizoguchi. Et il a eu raison de prendre ce risque puisqu’il se voit primé doublement, en l’espace de quelques jours, au Canada et en Italie. Le Toronto Arthouse Festival sacre Darkness of Otherwhere Meilleur Film, alors que la Venise Film Week considère qu’il s’agit du Meilleur Film expérimental de 2020.
Un Marocain à Tokyo
Toujours hors des sentiers battus, le jeune réalisateur est le premier Marocain à tourner au Japon… et en japonais. Il dirige deux grands du cinéma japonais: Lee Murayama, partenaire de Tom Cruise dans Le Dernier Samouraï, et la star montante Mika Hijii de la saga à sensation japonaise Ninja. Après avoir tourné Artificio Conceal à Londres, Le Monde dont on rêve en Mongolie ainsi qu’Un Océan de Lumière en Islande, celui qui a reçu une décoration royale pour son travail sur la Marche Verte poursuit sa quête vers les étoiles. Le long-métrage, produit par deux Japonais, Koshiro Iwagami et Anna Liu, sera de sortie prochainement. L’histoire revient sur un crime commis par le passé et une jeune femme, Kyoko campée par Mika Hijii, qui disparaît dans des conditions mystérieuses. «J’ai toujours été passionné par la culture cinématographique japonaise. Très jeune déjà à Casablanca, je regardais les mangas et les séries japonaises. J’étais fasciné par leur univers, leur précision. Plus tard, j’ai découvert les films Vivre de Akira Kurosawa’s et Paprika de Satoshi Kon. Ce fut le choc, la révélation ! Tourner à Tokyo n’a pas été facile, mais c’est un rêve qui est devenu réalité», précise Ayoub Qanir. Né en 1983 à Casablanca, le cinéaste obtient son baccalauréat à l’École américaine de Madrid. Son diplôme en poche, il s’installe à Miami pour suivre des études de gestion et de finance à l’Université de Miami. Son amour pour le cinéma le rattrape et il intègre l’école d’arts dramatiques, The Lee Strasberg Theatre & Film Institute, où James Dean, Marlon Brando et Angelina Jolie ont étudié. Il se fait remarquer lors de l’édition 2014 du FIFM où il a présenté son court-métrage Artificio Conceal et a animé un débat autour de l’imagination comme moyen de survie. Depuis, il a tourné en Mongolie, en Islande et au Japon.
Jihane Bougrine / Les Inspirations Éco