Chômage: les compteurs s’affolent au Maroc
En pleine crise sanitaire, le Maroc est rongé par une forte hausse du taux de chômage. Entre les deuxièmes trimestres de 2019 et de 2020, il s’est accru de 4,2 points passant de 8,1% à 12,3%. Près d’un million de personnes sont à la recherche d’un emploi. Cela ne s’est jamais produit depuis 2001.
Hausse vertigineuse du taux de chômage au Maroc! Durant le deuxième trimestre de l’année en cours, il s’est accru de 4,2 points passant de 8,1% à 12,3%. Ainsi, le nombre de chômeurs a atteint un niveau jamais observé dans le pays depuis 20 ans. Il a augmenté de 496.000 personnes, passant de 981.000 à 1.477.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 50,6%, sur la période précitée marquée par un affolement dû à la covid-19. Imputable à la propagation de la pandémie du coronavirus, l’état d’urgence et le plein confinement, cette situation explosive ne s’est jamais produite depuis prés de 20 ans. La part des personnes en chômage dû au licenciement ou à l’arrêt de l’activité de l’établissement, s’est située à 40,1% contre 25,3% une année auparavant. Elle culmine à 76,5% parmi les personnes en situation de chômage depuis moins de 4 mois. S’agissant de la population active occupée en situation de sous-emploi lié à l’insuffisance du revenu ou à l’inadéquation entre la formation et l’emploi exercé, elle est passée de 652.000 à 402.000 personnes au niveau national. Le taux correspondant passe de 5,9% à 3,8%.
Du chômage partout
Cette situation concerne aussi bien le milieu urbain que les campagnes. Dans le milieu urbain, il est a été constatée une augmentation du nombre de chômeurs de 311.000 tandis que dans le monde rural ce chiffre est de 185.000. La forte hausse du chômage a été enregistrée exclusivement parmi les personnes ayant déjà travaillé. Le chômage a également connu une forte hausse de 11,2 points parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, passant de 22,2% à 33,4%. Dans le détail, la hausse est plus prononcée parmi les détenteurs de certificats en spécialisation professionnelle de diplômes et certificats de l’enseignement fondamental et de diplômes en qualification professionnelle. Mais les catégories de la population qui ont connu les plus grandes hausses du taux de sous-emploi sont les personnes âgées de 45 à 59 ans (+5,3 points), les personnes n’ayant aucun diplôme (+4,2 points) et les hommes (+4 points).
Tous les secteurs confondus
Aucun secteur n’a été épargné par la vague, bien que certains soient plus touchés que d’autres. En termes de volumes d’emploi, le secteur de «l’agriculture forêt et pêche», a vu son volume d’emploi baisser de 477.000 postes (12,7% du volume d’emploi dans ce secteur), contre une perte annuelle moyenne de 90.000 postes durant les deuxièmes trimestres des trois années précédentes. De son côté, le secteur de l’industrie y compris l’artisanat a perdu 69.000 postes d’emploi (5,1%), 37.000 en milieu urbain et 32.000 en milieu rural, contre une création annuelle moyenne de 32.000 postes entre les deuxièmes trimestres des trois années précédentes. Quant au secteur des services, il a perdu 30.000 postes d’emploi (0,6%), contre une création annuelle moyenne de 149.000 postes entre les deuxièmes trimestres des trois années précédentes. Enfin, le secteur du BTP a perdu 9.000 postes d’emploi (0,8%), contre une perte annuelle moyenne de 27.000 postes durant cette même période.
Casablanca en tête de liste
En termes répartition régionale, cinq régions concentrent 70,3% des chômeurs. Il s’agit de Casablanca-Settat qui vient en première position avec de chômeurs, suivie de Rabat-Salé-Kénitra de l’Oriental de Fès-Meknès et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Les taux de chômage les plus élevés sont observés dans les régions du Sud (25,2%) et de l’Oriental (24,6%). Avec moins d’acuité, quatre autres régions dépassent la moyenne nationale (12,3%) à savoir Souss-Massa (12,9%), Fès-Meknès (12,9%), Rabat-Salé-Kénitra (12,7%) et Casablanca-Settat (12,7%). En revanche, les régions de Drâa-Tafilalet, de Marrakech-Safi et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima enregistrent les taux les plus bas avec respectivement 6,9%, 7,2% et 8,7%. L’explosion du chômage n’est pas une surprise au Maroc d’autant plus qu’elle n’est pas inhérente au royaume chérifien. Toutes les régions du monde touchées par la crise sanitaire sont concernées par la hausse du taux de chômage. Les pays vont se distinguer dans la pertinence des politiques de relance dans le cadre de la lutte contre ce fléau mondial qui est bien parti pour faire des ravages. Avant le déclenchement de la pandémie liée à la Covid-19, le gouvernement s’est fixé un objectif d’atteindre un taux de chômage de 8,5% à l’horizon 2021. Ce qui ne risque pas d’arriver, à moins d’un petit miracle.
KHADIM MBAYE / Les Inspirations ÉCO