Maroc

Carburant : une stabilité des prix en perspective

Après une détente bienvenue des prix du carburant en début de mois, l’heure est désormais à la vigilance. Au Maroc, les distributeurs s’orientent vers un maintien des tarifs à la pompe, avec tout au plus de légers ajustements selon les opérateurs. Une stabilité fragile, tributaire d’un marché mondial où l’offre excédentaire pourrait, à terme, infléchir les cours et offrir un nouvel allègement de la facture énergétique nationale.

Alors que la rentrée a été marquée par un léger soulagement pour les ménages marocains grâce à la détente des prix à la pompe, la tendance semble désormais s’orienter vers une stabilité fragile. Selon les professionnels du secteur, la deuxième moitié du mois de septembre devrait se traduire par un maintien des prix, avec, tout au plus, de très faibles hausses sur certaines stations ou baisse en fonction de la politique marketing de chaque distributeur.

Offre abondante
Une évolution limitée qui ne devrait pas modifier sensiblement la facture énergétique des familles, mais qui illustre la prudence des distributeurs face à un marché mondial redevenu incertain.

« Pour le marché marocain, il y aura probablement une stabilité des prix, voire une légère augmentation pour certains opérateurs, mais celle-ci restera faible. Néanmoins, la hausse mitigée observée ces dernières semaines ne devrait pas durer. L’excédent d’offre sur le marché mondial finira par peser et orienter les cours vers une baisse plus marquée», estime Mostafa Labrak, expert en énergie et directeur général d’Energysium consulting.

L’équilibre observé s’explique par l’absence de pression immédiate sur les cours internationaux, mais aussi par la volonté des acteurs d’absorber progressivement les ajustements liés à la nouvelle stratégie des producteurs. Car sur la scène mondiale, les signaux se brouillent. Malgré la morosité de la croissance et une demande en repli après la fin de l’été, l’OPEP+, qui réunit l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, a décidé de rouvrir les vannes.

Le 7 septembre, lors d’une réunion, huit pays dont l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et la Russie ont annoncé la mise sur le marché de 137.000 barils supplémentaires par jour dès le mois d’octobre. Si cette cadence se poursuit, c’est un volume de 1,65 million de barils quotidiens qui pourrait être rétabli sur un an, venant s’ajouter aux 2,2 millions déjà injectés depuis le printemps.

En effet, selon l’AIE, la production d’or noir devrait augmenter de 2,7 millions de barils par jour (mb/j) pour s’établir à 105,8 mb/j en moyenne cette année, contre une demande en hausse de 700.000 barils par jour avec une consommation moyenne de 103,87 mb/j.

Cette stratégie vise clairement à regagner des parts de marché, pour financer d’un côté les projets d’infrastructures saoudiens et, de l’autre, l’effort de guerre russe, selon des experts internationaux. Mais elle entretient surtout le spectre d’une offre excédentaire.

Dans son dernier rapport, l’Agence internationale de l’énergie note que les prix restent plombés par la perspective d’un surplus mondial, alimenté par une production hors OPEP+ en forte expansion, portée par les États-Unis, le Brésil, le Canada ou encore la Guyane. Les risques géopolitiques demeurent, qu’il s’agisse des tensions entre Israël et le Qatar ou des sanctions occidentales à l’encontre de Moscou.

Pour l’heure, leur impact reste limité, Washington s’efforçant de contenir toute flambée afin de protéger le consommateur américain, enjeu électoral pour Donald Trump. Mais la situation pourrait évoluer rapidement si de nouvelles mesures venaient à cibler plus directement les exportations russes. Pour rappel, la banque américaine Goldman Sachs anticipe elle aussi une correction durable des cours. Selon ses prévisions, le baril pourrait descendre jusqu’à 50 dollars d’ici la fin de 2026, renouant avec les niveaux de 2021.

Ce recul brutal, s’il se confirme, se traduirait mécaniquement par un allègement du prix des carburants pour les automobilistes, tout en redessinant la géographie énergétique mondiale. Les facteurs avancés par la banque sont multiples : l’essor de la production mondiale, en particulier celle du pétrole de schiste aux États-Unis, ou encore la baisse des coûts pour les industries fortement consommatrices d’énergie. Pour les pays importateurs, tels que le Maroc, l’équation pourrait se révéler plus favorable, leur offrant un répit budgétaire inattendu.

Mostafa Labrak
Expert en énergie

«Pour le marché marocain, il y aura probablement une stabilité des prix, voire une légère augmentation pour certains opérateurs, mais celle-ci restera faible. Néanmoins, la hausse mitigée observée ces dernières semaines ne devrait pas durer. L’excédent d’offre sur le marché mondial finira par peser et orienter les cours vers une baisse plus marquée.»

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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