Entreprises : les patrons gardent (un peu) le moral
C’est la note positive qui ressort des résultats du deuxième baromètre de la Confédération patronale sur l’impact de la crise sanitaire sur les entreprises. Selon l’enquête, par exemple, 57,8% des exportateurs affirment que la reprise aura lieu en 2021, alors que 36,9% croient plutôt que ce sera au cours de ce deuxième semestre 2020. Les détails.
Après une première édition réalisée en avril dernier, qui avait permis de sonder 1.876 entreprises, la CGEM vient de rendre publics les résultats de la deuxième édition de son baromètre sur l’impact de la Covid-19 sur les entreprises. Cette fois-ci, l’enquête a connu la participation de 3.304 entreprises (employant 494.164 personnes), dont 88,7% de TPME et 21,3% de PME et Grandes entreprises. Il ressort globalement, des réponses sur l’impact de la crise sanitaire sur le chiffre d’affaires, l’emploi, l’export, les délais de paiement, l’utilisation de Damane Oxygène et les perspectives à court terme (fin de l’année) que «l’activité économique et l’emploi se sont détériorés à fin mai 2020 par rapport à fin mars 2020, néanmoins, les chefs d’entreprise sont sensiblement moins pessimistes quant aux prévisions pour le reste de l’année».
Baisse généralisée du chiffre d’affaires
En effet, le chiffre d’affaires des entreprises, tous secteurs confondus, a connu une baisse encore plus importante à fin mai dernier, période où la pandémie battait son plein au Maroc, par rapport à celle enregistrée à fin mars 2020. Par branche d’activité, ce sont les entreprises opérant dans le secteur primaire (agriculture, sylviculture, pêche) qui ont été les plus affectées (-18,09% à -39,46%). Elles sont suivies, respectivement, par l’enseignement (-43,57% à -63,90%), l’artisanat (-50,80% à -70,87%), les industries manufacturières et extractives (-39,32% à 56,69%), les entreprises de transport et d’entreposage (-38,92% à -55,40%), le BTP et l’Immobilier (-46,95% à 63,71%) et le commerce (-46,40% à -63,06%). Pour ce qui est de l’emploi, l’enquête montre qu’il a également enregistré une baisse de 10 points en moyenne dans tout le tissu économique, entre mars et mai dernier. A l’exception du secteur de l’agriculture, les plus touchés sont la santé (-30,90% à -57,57%), les industries manufacturières et extractives (-32,83% à -53,35%, le commerce (-33,27% à -51,68%) et le secteur primaire (-12% à -20,78%). Selon la CGEM, la situation aurait pu être pire si les mesures mises en place par le Comité de veille économique (CVE) n’existaient pas, notamment l’indemnité de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Ceci étant, concernant l’export aussi, ce n’est pas la grande forme : aucun des patrons sondés n’a une visibilité pour le reste de 2020. La majorité (57,8%) affirme, en effet, que la reprise n’aura lieu qu’en 2021, contre 36,9% qui croient que ce sera au cours du second semestre 2020.
Aggravation du délai de paiement de 52 jours supplémentaires
Pour ce qui est du délai de paiement, qui permet de soulager la trésorerie des entreprises, ce ratio s’est aussi considérablement dégradé, entre mars et mai derniers. En effet, le délai supplémentaire de paiement, tous secteurs confondus, a enregistré une hausse moyenne de 52 jours, ce qui impacte davantage la liquidité et la solvabilité des entreprises. Cette dégradation a surtout affecté l’enseignement (+72 jours), les industries culturelles et créatives (+66 jours), le BTP et Immobilier (+58 jours), le Commerce (+58 jours), le transport et entreposage (+56 jours) et le tourisme et restauration (+54 jours). Malgré cette situation difficile, les chefs d’entreprise ont quand même de l’espoir :
leurs prévisions, pour le reste de l’année, sont globalement moins pessimistes en raison de la situation sanitaire du pays qui est restée relativement maîtrisée par rapport au reste du monde; du déconfinement qui a démarré dans plusieurs pays, notamment européens qui sont les principaux clients du Maroc et des mesures d’accompagnement économiques en vigueur. A propos de Damane Oxygène justement, mis en place pour aider les entreprises à se tirer d’affaires, l’enquête révèle que 1.208 entreprises représentant 36,6% des entreprises sondées ont demandé à en bénéficier, tandis que 2.056, soit 63,3% des enquêtées ne l’ont pas fait. Sur ces demandes 922 (76,3%) ont été accordées contre 286 (23,6%) rejetées. La CGEM révèle que l’engouement vis-à-vis de ce dispositif ne risque, malheureusement, pas de monter. Seules 35% des entreprises de l’échantillon prévoient d’utiliser le produit Damane Relance. «Parce que les critères d’éligibilité sont dissuasifs, notamment le ratio afférent à la capacité d’endettement, et la population dont le dossier Damane Oxygène a été rejeté ne projette pas de soumettre une nouvelle demande de financement».
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO