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Stratégie énergétique: le CESE préconise une nouvelle feuille de route

Le Conseil économique, social et environnemental a présenté une étude réalisée avec le concours d’une soixantaine d’experts travaillant dans des départements ministériels ainsi qu’à MASEN, ONEE, IRESEN, AMEE, OCP, CGEM, etc… Il appelle à accélérer la transition énergétique pour installer le Maroc dans la croissance verte.

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a désormais un avis tranché sur la transition énergétique en cours de déploiement dans le royaume. Jeudi dernier, son staff dirigeant, conduit par Ahmed Reda Chami en tant que président, a présenté une étude sur la question lors d’une rencontre virtuelle. Une étude, réalisée avec le concours d’une soixantaine d’experts travaillant dans des départements ministériels ainsi qu’à MASEN, ONEE, IRESEN, AMEE, OCP, CGEM, etc.., dans laquelle le Conseil appelle à «accélérer la transition énergétique pour installer le Maroc dans la croissance verte». Selon le CESE, qui a examiné trois scenarii sur les horizons 2030, 2040 et 2050, la transition doit se faire maintenant. Les options stratégiques à adopter doivent être déployées le plus rapidement possible ! Cela, parce qu’en accélérant sa transition énergétique, le Maroc peut exploiter, au bénéfice de ses citoyens, un gisement énergétique exceptionnel désormais économiquement viable et s’ériger en leader de la transition énergétique. Sa dépendance énergétique et sa dépendance spécifique aux produits pétroliers pourraient baisser jusqu’à 17% en 2050. La part du renouvelable pourrait atteindre 96% de la puissance installée du mix électrique au même horizon. La facture énergétique pourrait se contracter de 12%, alors que l’énergie consommée serait multipliée par 3, tandis que la balance des paiements serait allégée de 74 milliards de dirhams (MMDH) en 2050. L’augmentation des énergies renouvelables réduirait fortement les émissions de gaz à effet de serre de 30% et les rejets de particules d’environ 50%, améliorant ainsi la santé de la population et renforçant l’atténuation face aux changements climatiques. En bref: la transition énergétique accélérée pourrait créer de nombreux bénéfices pour les citoyens, les entreprises et les finances
publiques.

Des options claires
Pour en tirer pleinement bénéfice, le CESE recommande, pour commencer, de mettre en place une nouvelle stratégie énergétique, qui remplacera celle lancée en 2009 par Amina Benkhadra, avec des options claires, une gouvernance adaptée et un positionnement international renouvelé. Ensuite, Chami et son équipe suggèrent de mettre en place une Charte de la transition énergétique telle que contenue dans la lettre royale adressée aux premières Assises nationales de l’énergie de mars 2009. Comme troisième levier, sans doute le plus important, le Conseil préconise de traiter de manière coordonnée et intégrée, plusieurs politiques connexes, actuellement pensées et élaborées en silos. Repensées horizontalement, ces politiques permettraient de booster plusieurs pans du secteur énergétique national, à commencer par les énergies renouvelables dont il faut maximiser la part dans le mix énergétique total, en développant en plus de l’hydraulique, du solaire et de l’éolien, des molécules et des combustibles verts (Power-to-x). En effet, le CESE déclare que «compte tenu de son potentiel et des évolutions mondiales, le Maroc devra placer les énergies renouvelables au centre de nouveaux choix stratégiques mieux définis, à travers : l’augmentation de la part de l’électricité verte dans le mix énergétique pour baisser les coûts et décarboner la production décentralisée et la digitalisation ; la transformation de la mobilité vers un transport en commun de qualité, massifié, propre, digitalisé et électrique; et la préparation, grâce au Power-to-x de la compétitivité énergétique du futur».

Repenser les politiques actuelles en silos
Grâce à ces nouvelles politiques, le CESE estime que le recours à l’efficacité énergétique pourrait être également généralisé, notamment en activant l’entrée en vigueur des parties MT et BT de la loi 13-09. Le Conseil est également partisan de l’encouragement du déploiement de la décentralisation de la production soutenue par la digitalisation, à travers le développement de l’off grid. Il soutient aussi que ces politiques devraient accroître le recours au dessalement d’eau de mer qui, couplé à l’énergie renouvelable, pourrait être l’une des solutions pour l’eau potable et pour certaines cultures agricoles, en complément d’une gestion optimale de la demande. Cependant, prévient le CESE, il faut d’abord commencer par baisser le coût de production du dessalement d’eau de mer afin de répondre aux impératifs de sécurité hydrique et alimentaire du royaume. Chami et son équipe appellent aussi à une réforme de la compensation du gaz butane, ce qui permettra de préserver sa dimension redistributive. D’après le Conseil, ce nouveau paradigme énergétique peut jouer un rôle clef dans le positionnement international du Maroc, à travers le renforcement des échanges avec l’Europe et la construction de partenariats africains, ou encore le lancement de nouvelles filières énergétiques et de partenariats stratégiques avec l’Europe et l’Asie.

Aziz Diouf
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