Casablanca-Settat: la sphère économique bataille pour survivre
Grosse déprime! C’est le sentiment qui prévaut chez les entreprises de la région Casablanca- Settat qui sont confrontées à la plus grave crise économique de leur existence. Celles-ci ne savent plus à quel saint se vouer. Non seulement elles doivent trouver des solutions pour assurer leur survie durant la crise mais aussi penser à des solutions de reprise post-crise !
Afin de mesurer l’impact de la pandémie, la Chambre de commerce, d’industrie et de services de Casablanca-Settat (CCISCS) s’est rapprochée des professionnels représentant le tissu économique local afin de remonter la réalité du terrain et les recommandations des professionnels de chaque secteur. Dans un rapport, la CCISCS recueille les principales propositions pour une sortie de crise. Il est à rappeler dans ce sens que Casablanca-Settat est la région dont le tissu économique et industriel est le plus dense de pays. La région regroupe, tous secteurs confondus, les grosses industries ainsi que de nombreuses zones et plateformes industrielles Intégrées.
Ce que proposent les professionnels
La première proposition citée par le rapport de la CCIS est celle de la prorogation jusqu’à la fin de l’année du moratoire sur le remboursement des échéances de crédit ainsi que l’octroi de prêts sans intérêt ou avec un taux très faible pour pouvoir payer les fournisseurs.
Parmi ces propositions se trouve la révision des taux d’intérêt actuels des crédits Damane Oxygène, fixés à 4%. Les professionnels appellent à mettre en place des mécanismes capables d’assurer un niveau minimum de demande intérieure et de sauvegarder le pouvoir d’achat. Ils demandent aussi d’instaurer des mécanismes de refinancement au profit des commerçants pour sauvegarder les chances de reprise d’activité, les protéger de l’asphyxie financière, honorer les divers engagements et surtout maintenir les emplois. En outre, les opérateurs économiques demandent une accélération du règlement des créances par les administrations et établissements publics.
Les opérateurs prônent aussi la promotion du produit marocain à travers différents médias et par tous les moyens disponibles en orientant le consommateur marocain vers la consommation de produits nationaux afin de préserver les investissements existants.
Les services très impactés
En plus des recommandations et propositions des professionnels de la région, le rapport de la CCIS dresse par ailleurs l’impact de la crise Covid-19, secteur par secteur. «Les activités des services (à l’exception des banques et services télécoms) sont confrontées à une véritable récession dans la Région Casablanca–Settat, dont les séquelles varient d’une branche à l’autre», explique-t-on au niveau du rapport. Justement s’agissant du secteur du tourisme, celui-ci est confronté à une situation de crise qui frôle la catastrophe et au regard du trend de la pandémie, les projections sont catastrophiques avec une perte estimée, rien que pour 2020, de plus de 11,6 millions de nuitées (estimations de la Confédération nationale du tourisme, CNT).
Pour sa part, le transport aérien souffre des mesures de précaution appliquées et de la baisse de la demande. En plus des emplois menacés, les transports routier et ferroviaire n’échappent pas à la crise avec l’interdiction, dans l’ensemble du pays, de la circulation des véhicules de transport de voyageurs depuis le 24 mars. Pour faire face à cette crise, les professionnels du tourisme suggèrent, entre autres, la réduction du taux de la TVA à 5% sur les activités hôtelières pour faciliter la reprise et la baisse des taxes locales et communales. Ils proposent également la mise en place d’un mécanisme financier de soutien à la mise à niveau des hôtels pour préparer la reprise de l’activité en profitant de la durée de fermeture des hôtels pour mener des travaux de mise à niveau.
Commerce, les franchises dévastées
L’instauration de l’état d’urgence sanitaire a eu un impact important sur le cycle de distribution et sur le niveau de l’offre. De ce fait, les activités commerciales dans la région sont en quasi-stagnation à l’exception des GMS (Grandes et moyennes surfaces) et du commerce de proximité. Le rapport de la CCIS de Casa-Settat met l’accent sur le secteur de la franchise qui a subi de plein fouet les effets de la crise. Le chiffre d’affaires de la franchise a chuté de près de 90% dans le meilleur des cas sinon l’arrêt total de toute activité pour certaines franchises, ce qui menace sérieusement de nombreuses enseignes et pourrait aboutir à une fermeture définitive des structures les plus fragiles. Les professionnels insistent sur la nécessité de sauvegarder le réseau commercial et les créances entre communautés d’affaires respectives, entre créanciers et débiteurs, importateurs et utilisateurs finaux et ceci jusqu’à ce que les transactions économiques reviennent à leur cours normal.
L’industrie en plein recul
Parmi les secteurs les plus touchés d’une manière directe, par la crise sanitaire, se trouve le secteur industriel à cause des mesures de confinement et par suite la réduction des effectifs ou indirectement à travers l’arrêt des donneurs d’ordres ou le ralentissement des chaînes de logistique et d’approvisionnement. Le ralentissement industriel est variable. La province de Settat est ainsi la plus concernée (90%), suivie par Mohammédia (60%) et le Grand Casablanca (40%). Les enquêtes menées au niveau des industries dans la région de Casablanca-Settat ont permis de soulever les contraintes telles que la réduction de la capacité de production et du nombre de travailleurs. L’augmentation des coûts supplémentaires du fret et du transport. Les professionnels évoquent aussi un ralentissement dans les chaînes d’approvisionnement. Pour rappel la Région Casablanca Settat est la 1re région industrielle au Maroc en termes d’effectifs d’établissements industriels et de création d’emplois. Il est à rappeler que le secteur représente un important moteur de croissance et a contribué en moyenne à 44% de la valeur ajoutée de l’industrie marocaine entre 2017 et 2019.