Culture

Confinement: 3 livres de femmes, 3 voyages littéraires

Trois livres de femmes, trois livres d’écrivaines marocaines pleines de talent. Une sélection signée «La Croisée des chemins».

“Casablanca. Chicha, Esther, Colette et les autres”
Valérie Moralès-Attias

Casablanca… C’est l’histoire de plusieurs vies qui se croisent. Chicha, Esther, Abe Slaoui et une petite fille qui a disparu dans un camp de migrants casablancais en sont les protagonistes. Colette, une journaliste parisienne se joint à la police marocaine pour enquêter. Intrigue policière, rencontres et rivalités féminines, mais aussi douceur, histoire d’amour passionnelle, le rythme ici est pulsionnel comme Casablanca qui renverse tout sur son passage: sa sensualité, son passé, sa saleté, son arborescence, son esthétisme. Ambition, vanité, jalousie… Le scénario raconte également les préoccupations contemporaines, la peur, l’abandon, l’amour spolié, le lâcher prise, les fourberies, les passions et une certaine misère. On est ailleurs. Comme au cinéma. Née à Oran en Algérie, Valérie Morales-Attias a suivi des études de psychologie en France. Depuis 1994, elle habite le Maroc où elle est directrice de rédaction en presse magazine et auteur de plusieurs ouvrages.

“Pourvu qu’il soit de bonne humeur”
Loubna Serraj

Deux époques. Deux couples. Deux voix. Non, plusieurs voix qui traversent le temps pour raconter une vie, deux vies, leurs vies. À travers une histoire, tour à tour inscrite dans le passé et le présent, aussi parsemée de violence ordinaire que de passion rebelle, le murmure «Pourvu qu’il soit de bonne humeur» d’abord inaudible, se renforce, devient mantra et arrache sa propre bulle de liberté, inestimable hier comme aujourd’hui. Comment être libre quand l’idée même de liberté n’est pas envisageable ? Comment résister à une guerre de l’intime où les bruits des canons deviennent ceux de clés tournant dans la serrure d’une porte ou de pas se rapprochant doucement mais sûrement ? Comment la peur peut s’insinuer dans les couloirs du temps pour faire passer un message ? Quel message ? Maya. Lilya. Deux voix. Deux femmes. Deux époques. Une intensité. Celle que provoque la liberté. Le roman de l’éditrice raconte, à travers deux parcours de femmes, liées par le sang quoique ne se connaissant pas, l’histoire d’une transmission de traumatisme générationnel et surtout de quête de liberté. Cette dernière s’opère au beau milieu des coups de la violence conjugale, dite ordinaire, sur fond de guerre quand elle devient si difficile, alors même qu’elle semble si accessible.

“Souviens-toi qui tu es”
Bahaa Trabelsi

Quant à Bahaa Trabelsi, elle intime un ordre. «Souviens-toi qui tu es» est un roman où se succèdent des moments lyriques et incandescents, résultant de la grâce des rencontres de l’héroïne, Safia. Qu’elles interviennent tôt ou tard, celles-ci flirtent souvent avec le danger et s’entretiennent toujours un peu en forme de miroirs de soi. C’est une histoire qui révèle la part d’idéalisme et d’espérance contenue en chacun de nous. C’est l’histoire d’une résilience. Une résilience de femme qui se déplie et se déploie, tout au long de sa vie, comme dans nos souvenirs d’école les plus enfouis. Écrivaine et journaliste, Bahaa Trabelsi a déjà publié cinq romans et reçu plusieurs distinctions littéraires pour son œuvre. Ce dernier livre a une place à part par sa facture et par la richesse des situations qui révèlent aux lecteurs et à elle-même le personnage de Safia. La trame du récit est complexe… L’histoire s’y reconstitue par bribes en même temps que le narrateur -qui est aussi le personnage principal- grandit et accepte que les désillusions fassent partie intégrante de la vie et de l’expérience de la découverte de soi. «Souviens-toi qui tu es», le roman de Bahaa Trabelsi décrit le soulèvement du personnage principal, Safia, contre la torture que prend plaisir à lui faire subir un père qui use, sans vergogne, d’une cruauté d’une extrême violence.

 


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