Sports

Politique et Sport : le football marocain entre le marteau et l’enclume

Le Wydad se prépare à affronter, en demi-finale aller de la C1 africaine, le club Petro Atlético d’Angola. Al-Ahly accueillera, quant à lui, l’ES Setif d’Algérie, battu, faut-il le rappeler, en aller-retour par l’autre grand club casablancais en d’autres circonstances, le Raja ! C’est l’une des bizarreries du ballon rond et ses merveilles, loin des positions préétablies. Car la logique est: soit tu gagnes et on te portes aux nues, soit tu perds et tu es orphelin de tout soutien.

LE WYDAD, SEUL AMBASSADEUR EN C1
La sagesse footballistique populaire veut que la défaite n’ait pas d’ami, y compris et surtout parmi les supporters ! C’est ce qu’on constate dans cette course aux trophées du Wydad et du Raja, qui devaient se retrouver en finale, si le Raja n’avait été mis hors course par Al Ahly, le club du siècle en Afrique, selon la CAF, avec ses dix titres.

Le Raja en a récolté trois et le Wydad court pour son troisième sacre, après plusieurs finales ratées, dont celle face à l’Espérance de Tunis, pour cause de défection de la VAR. Cet incident, qui a contraint le Wydad à refuser de terminer le match, a servi à changer le vieux système de la finale des deux coupes africaines (Champions league et CAF) en aller-retour avec l’option pour un terrain «neutre», suite à des choix de stades d’accueil, sur proposition des fédérations. Or, cela ne se passe pas sans problème, car le choix de l’organisation de la finale peut échoir à l’un des clubs finalistes.

C’est le cas avec le Wydad et la FRMF, la Fédération marocaine, qui aspire à mettre le Complexe Mohammed V au service de la CAF. Et si la commission «cafiste» ad hoc valide le choix du Maroc, ce serait la deuxième fois d’affilée, après la finale précédente, qui avait opposé Al Ahly au Kaiser Chief d’Afrique du Sud, au vieux Complexe Mohammed V.

Un match qui avait fait le bonheur du club égyptien, lequel s’était adjugé le trophée continental le plus prisé, au sein du club fermé de la Champions league d’Afrique.

LE FOOT EST-IL APOLITIQUE ?

À ce propos, il faut dire que le football n’est pas neutre et devrait, en principe, attirer l’attention des politologues, soucieux des enjeux géo-stratégiques du ballon rond en Afrique, qui conditionnent certains choix et pas d’autres. On peut à ce propos jeter un regard sur les travaux de Youcef Fatès, auteur de «Football et politique en Algérie», pour s’en convaincre.

De toutes les manières, la FIFA veille au grain, tout autant que le CIO, pour rejeter toute ingérence du politique dans le sport. Et le cas de la Russie est plus que symptomatique à ce propos, après son boycott par toutes les institutions sportives internationales. Mais avec l’exclusion de la Russie, pour agression et invasion d’un État souverain, on a mis fin au rôle positif du sport dans le rapprochement des gouvernements, suite au précédent USA-Chine, qui a vu se concrétiser la rencontre Nixon-Mao Tsé Toung, suite à une partie de ping-pong.

S’en sont suivies d’autres confrontations en Coupe du monde de football avec des rencontres ayant opposé, autrefois, RFA et RDA, les deux Corée du Nord et du Sud, USA-Iran… C’est dire que Pascal Boniface, spécialiste de ces questions, aurait des raisons de revoir sa copie, car le sport est redevenu explicitement politique, pour ne pas dire politicien, comme du temps de la Guerre froide.

Et peut-être que la diplomatie sportive aurait pu peser beaucoup plus que les négociations bilatérales ou multilatérales en vogue. Car on sait l’importance accordée par Poutine à la diplomatie sportive, dite parallèle, tout autant que le Qatar, les Émirats Arabes Unis ou l’Arabie Saoudite qui, comme la Russie, ont acquis des clubs anglais à coups de milliards de dollars, pour s’en servir à des fins promotionnelles de l’image de leurs pays.

C’est le cas de Chelsea du Russe Roman Abramovitch et où évolue un certain Ziyech, notre star malheureusement en litige ouvert avec le sélectionneur national Vahid Halilhodzic, pour une question d’ego !? D’ailleurs, cette affaire ne peut être ramenée à sa seule dimension exclusivement sportive et relevant de la discipline.

VAHID -ZIYECH: UN DUEL À TROIS

À ce propos, certains enjeux extra-sportifs acculent la Fédération à rechercher la solution la plus appropriée, pour satisfaire toutes les parties prenantes à ce dossier. Vahid, certes, mais aussi Ziyech et aussi et surtout un public hissé désormais au rang de «spectateur engagé», comme le revendiquait Raymond Aron. Car, à regarder de près les stades, malgré leurs divers dysfonctionnements, on constate le retour en force des publics, qui investissent des terrains, dans des conditions disons en deçà de l’accueil minimum.

À Casablanca, le Conseil de la ville a pris le taureau par les cornes et compte s’attaquer à la mise à niveau d’un complexe longtemps délaissé et abandonné à l’improvisation. La majorité des composantes utilitaires, salles omnisports, piscine, salle des fêtes, auberge…

Toutes ces structures étaient livrées à elles-mêmes, sans entretien même minimum et loin des regards curieux. Pis encore, le politique n’a jamais fait montre du courage requis, pour dompter les partenaires du Conseil et les dépositaires de concessions relevant du service public et de l’intérêt général.

L’ancien Conseil a failli à sa mission, en laissant sur le carré les experts et les spécialistes, en se retirant de la gestion, y compris pour le contrôle, l’audit, la gouvernance et la mise à niveau.

LE SIEL CASABLANCAIS  À RABAT

On a même vu un élu affirmer, pour justifier la démolition de courts de tennis à Aîn Sebaâ, que le tennis est un sport bourgeois !? Aujourd’hui, on veut reprendre les choses en main, dans une mégalopole où on enterre, outre le sport, la culture, la femme et le social. D’ailleurs, parmi le legs catastrophique des anciens élus le transfert sans condition du SIEL (Salon international de l’édition et du livre) de Casablanca à Rabat.

Sans oublier l’École des Beaux arts, d’abord en tant que patrimoine architectural et aussi en tant qu’espace cognitif et lieu de transmission de l’histoire de la peinture, du savoir esthétique et du corps ! Le corps éclaté et ramené à sa dimension athlétique… et politique !

Belaid BOUIMID / Les Inspirations ÉCO


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