Mondial 2026 et 2030 : M6 met TF1 sur la touche
M6 retransmettra en clair les matches des éditions 2026 et 2030 de la Coupe du monde de football après en avoir acquis les droits à la place de TF1, diffuseur historique en France.
«Nous avons obtenu les droits de la Coupe du monde 2026 (…) et également de la Coupe du monde 2030, c’est donc deux Coupes du monde qui seront diffusées en accès gratuit sur M6», a déclaré le président de M6, Nicolas de Tavernost, jeudi sur RTL. En faisant cette annonce sur une radio de son groupe, il a officialisé ce qui était un secret de polichinelle depuis des informations de presse, diffusées mardi. Interrogé pour savoir si M6 allait revendre certains matches à TF1, le dirigeant a botté en touche, après avoir rappelé que les deux chaînes se partageaient l’Euro 2024, cet été. «Notre concurrent n’a pas souhaité poursuivre le partage, c’est la raison pour laquelle nous avons pris nos responsabilités (…) pour avoir pour la première fois l’intégralité, l’exclusivité des matches en clair», a dit le patron de M6, qui quittera son poste en avril, après 37 ans de règne. Si TF1 ne rachetait aucun match à M6, ce serait un coup de tonnerre dans le paysage audiovisuel: ce serait la première fois que la première chaîne, créée en 1975, ne diffuserait aucune rencontre de Coupe du monde.
Vers un montant record ?
Le montant payé par M6 n’a pas été dévoilé. Selon RMC Sport, qui avait révélé l’information mardi, il est «très élevé». Nicolas de Tavernost a simplement assuré que l’estimation de 175 millions d’euros qui avait circulé était «totalement fausse». «Nous sommes plutôt en-dessous de ce qui se pratiquait jusqu’à présent sur le marché», a-t-il affirmé. Pour la dernière édition, en 2022, TF1 avait déboursé un montant estimé autour de 70 millions d’euros (son offre totale couplée à celle de BeIn pour les droits payants était estimée à 130 millions d’euros). La Coupe du monde 2026 sera organisée conjointement par le Canada, les États-Unis et le Mexique. Elle se jouera pour la première fois dans un format élargi à 48 équipes, contre 32 précédemment, avec 104 matches au total.
L’édition 2030, elle, aura lieu principalement en Espagne, au Maroc et au Portugal. Le groupe M6 détient désormais les droits de 54 des plus belles affiches de chacun des deux prochains Mondiaux. Il comprend aussi les chaînes W9, Teva, Paris Première ou encore Gulli, et a annoncé mercredi le lancement en mai de sa nouvelle plateforme de streaming gratuit, M6+.
L’appel d’offres de la Fédération internationale de football (FIFA) s’était ouvert le 9 janvier et s’est achevé le 13 février. Jusqu’ici, M6 n’avait diffusé qu’une seule fois des matches de Coupe du monde, en 2006. La chaîne diffuse par ailleurs une partie de l’Euro, le championnat d’Europe des nations, depuis l’édition 2008. Historiquement, les Mondiaux de foot sont réputés peu rentables pour les chaînes, même s’ils sont importants en termes d’image. Une thèse que M. de Tavernost a récusée. «C’est un bon investissement», a-t-il martelé.
Le foot a changé la donne
L’édition 2022 au Qatar avait réalisé de fortes audiences, en fin d’année et sans décalage horaire important. Les 28 matches diffusés par TF1 avaient attiré en moyenne 8,7 millions de téléspectateurs chacun. Les huit matches de l’équipe de France avaient été regardés en moyenne par 16,2 millions de téléspectateurs chacun. La finale, où l’Argentine s’était imposée face à la France aux tirs au but (3-3, 4 tab à 2), avait établi un record historique d’audience pour la télé française (24,1 millions de personnes sur TF1).
Selon une étude de l’Arcom, le régulateur des médias, parue en juin, cela a eu «un effet nettement positif (…) en termes de recettes publicitaires». «TF1 totalise à elle seule 151,1 millions d’euros de recettes brutes sur l’ensemble de la compétition (hors parrainages et digital), une hausse de 37% par rapport à 2018 (110,5 millions d’euros brut)», analysait l’étude de l’Arcom, sur la base de données fournies par l’analyste Kantar. En 1998, M6 faisait sa publicité en se vantant d’être la chaîne “0% foot» mais avait changé de stratégie en rachetant l’année suivante le club des Girondins de Bordeaux, puis en se positionnant progressivement sur le terrain des droits.
Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO