Sports

Handisport : le monde paralympique en manque de stars planétaires ?

Depuis le phénomène sud-africain Oscar Pistorius, dont la notoriété avait explosé lors des Jeux de Londres en 2012 avant sa condamnation pour le meurtre de sa compagne en 2013, les Jeux paralympiques peinent à trouver des personnalités reconnues mondialement par le grand public, capables d’incarner un événement à la visibilité encore limitée.

En 2012 Lors du 400m des Jeux olympiques londoniens, tous les regards étaient tournés vers Oscar Pistorius, amputé sous les genoux et équipé de fines prothèses, qui s’alignait dans la discipline avec les valides avant de concourir quelques semaines plus tard au moment du rendez-vous paralympique. Ses performances, qui l’ont conduit jusqu’en demi-finale des JO, et une polémique sur l’avantage potentiel que lui auraient conféré les lames remplaçant le bas de ses deux jambes amputées, l’ont placé sous les projecteurs.

“Il y avait quelque chose de croustillant. En plus c’était les débuts, maintenant, voir des athlètes courir avec des lames est rentré dans les moeurs”, explique à l’AFP Magali Tezenas, directrice générale de Sporsora, une organisation réunissant des acteurs de l’économie du sport.

“Il y a eu cette volonté de sa part de courir avec les valides, qui a créé cette polémique, ça a beaucoup aidé à sa notoriété”, ajoute-t-elle.

La carrière de Pistorius a ensuite été stoppée nette, l’athlète ayant été condamné pour le meurtre de sa compagne, Reeva Steenkamp, en février 2013 (condamné à près de onze ans de prison, il a été remis en liberté conditionnelle en janvier dernier). Et depuis, aucun para sportif n’a atteint un niveau de célébrité similaire à celui du sprinteur sud-africain.

Après lui, le néant
“Il y a des stars mondiales”, veut nuancer Théo Curin auprès de l’AFP. Le para nageur français, qui fait partie de ces para sportifs relativement identifiés par le grand public dans son pays, cite pêle-mêle Bebe Vio, “une escrimeuse italienne qui a plus d’un million d’abonnés sur les réseaux sociaux”, ou l’Américain Matt Stutzman, “un mec qui fait du tir à l’arc avec ses pieds et qui est ultra connu dans le monde entier”.

L’archer a notamment été convié à la journée paralympique organisée à Paris à l’automne dernier. Pour que des athlètes en nombre plus élevé percent et que leur niveau de célébrité se rapproche voire égale celle des stars valides, c’est tout l’écosystème paralympique qui doit se mobiliser, souligne Magali Tezenas.

“Il faut rentrer dans un cercle vertueux, que toutes les parties prenantes jouent le jeu: les médias, les partenaires, les institutions, les organisateurs de l’événement et des athlètes qui vont émerger, prendre la parole et oser aller dans les médias”, estime-t-elle.

Mais ce travail de promotion du para sport vient s’ajouter à un entraînement déjà chronophage et au calendrier des compétitions auquel les para sportifs doivent prendre part pour exister dans leur discipline.

“Il faut aussi tomber sur des personnalités qui ont envie d’aller face aux médias”, ajoute la directrice générale de Sporsora.

“Ce n’est pas simple pour eux parce que ce n’est pas leur job : ils sont là pour faire du sport et être performants, et on leur demande en plus, pour pouvoir émerger, d’être pro actifs en matière de consommation, de partenariats, etc.”

Plusieurs bras pour reprendre le flambeau ?
Pour Joël Jeannot, champion paralympique de para fauteuil en 2004 sur 10.000 m et désormais entraîneur de l’équipe de France de para fauteuil, l’incarnation du sport paralympique ne doit pas reposer sur une seule personne qui focaliserait toute l’attention. “Est-ce que le handisport a besoin d’une personne aujourd’hui pour être connu ou est-ce qu’il y a beaucoup de personnes qui agissent pour la promotion, la reconnaissance et l’inclusion des personnes en situation de handicap ? Je pense qu’il y en a beaucoup qui travaillent dans ce sens-là et je dirais que c’est pas plus mal”, assure celui qui fut le porte-drapeau de la délégation française à Athènes en 2004. Les Jeux de Londres en 2012, estime-t-il, ont marqué un tournant et ont “déclenché la médiatisation des Jeux paralympiques”, amenant vers une évolution positive. “Cela prend du temps mais ça arrivera”, le rejoint Théo Curin. “Je suis persuadé que d’ici quelques années, on aura référencé quatre ou cinq athlètes dans le monde entier, qu’on aura envie de les suivre parce qu’ils ont des histoires attachantes”, pronostique le para nageur.

S.N. / Les Inspirations ÉCO



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