Diffusion des matchs du Mondial : les restaurants-bars cartonnent
La coupe au Qatar rime avec fête et hausse de la consommation des boissons alcoolisées partout dans le monde. Le Maroc n’échappe pas à cette ferveur. Une aubaine pour la majorité des restaurants-bars à Casablanca qui ont concocté des programmes spéciaux, en particulier pour les matchs de l’équipe nationale.
Pour beaucoup de Marocains, la coupe du monde au Qatar a débuté mardi avec le match des Lions de l’Atlas contre la Croatie. Oubliez la grandiose cérémonie d’ouverture «Welcome to Qatar» au Parc Al-Bidda sur la Corniche et les duels, parfois époustouflants, qui ont suivi. Tout ce que les supporters des poulains de Walid Regragui retiennent pour le moment, c’est que leur pays a tenu tête au vice-champion du monde, la redoutable équipe croate, dirigée par Zlatko Dalić, ancien footballeur devenu entraîneur.
À défaut d’une victoire, certains se consolent chez eux avec un match nul qui augure de bons résultats ultérieurs tandis que d’autres se retrouvent dans les bars. Des endroits très prisés en ce moment de fête du ballon rond.
«Nous avons constaté une grosse hausse de la fréquentation lors du premier match du Maroc. Nous avons même battu un record», nous explique George, un nom d’emprunt, gérant d’un des plus grands restaurants-bars à Casablanca.
Avec une clientèle mixte, à hauteur de 50% environ pour les deux sexes dans la journée, et de plus de 80% pour la gent masculine au-delà de 19h, le maître des lieux attendait avec beaucoup d’impatience et d’intérêt le début de cette coupe du monde. «J’ai fait beaucoup d’investissements pour améliorer la qualité de service afin d’attirer le maximum de clients. », poursuit notre interlocuteur.
La bière pressée, très prisée
Pour se distinguer de la concurrence, il est même allé jusqu’à renoncer à une partie de ses marges, tenant compte de la conjoncture marquée par la baisse drastique du pouvoir d’achat des consommateurs. «Tant pis si nos marges s’en ressentent. Tout ce qui compte, que c’est que les gens viennent consommer dans une belle ambiance de fête, et qu’après le mondial, on puisse fidéliser notre clientèle», souligne le barman qui a décidé d’offrir à ses acheteurs jusqu’à 25% de remise, notamment sur la bière pressée, très prisée. «Il y a certes une tendance à la hausse de la consommation, mais notre chiffre d’affaires est en baisse. », insiste-t-il, tablant sur les matchs à venir et la fin du mois de novembre qui s’annonce très prometteuse. C’est connu, les gens n’ont jamais autant l’esprit à la fête que lorsque les salaires tombent. Les barmen bénéficient aussi d’une petite dérogation durant le Mondial, où les bars sont plus fréquentés que d’habitude. Habituellement, les «établissements dédiés» commencent à servir de l’alcool à partir de 11h. Ils ont été autorités à débuter leurs services à partir de 10h 30 exceptionnellement, lors du match opposant le Maroc à la Croatie.
De belles recettes pour l’État
Les recettes fiscales augmentent au fur et à mesure que la consommation de boissons alcoolisées est en hausse. La preuve, en octobre 2022, alors que la consommation a bondi de 156% par rapport à la même période un an auparavant, les recettes générées par la taxe de licence sur les débits de boissons ont été estimées à 39 milliards dirhams (MMDH) contre une prévision de 25 MMDH dans le cadre de la loi de Finances 2022. Rappelons qu’en moyenne, 100 millions de litres de boissons alcoolisées sont consommés au Maroc chaque année. Reste cependant une épée de Damoclès qui reste suspendue au dessus de la tête des gérants de bars au Maroc.
La fameuse loi de 1967 interdit à tout établissement de vendre ou d’offrir de l’alcool à un citoyen musulman. Une loi que beaucoup jugent à la fois «hypocrite et obsolète», estimant que l’alcool est en vente partout, que ce soit dans les supermarchés, les débits de boissons ou les hôtels. Si, aujourd’hui, les contrevenants risquent jusqu’à six mois de prison et 1.500 DH d’amende environ, de plus en plus d’acteurs politiques et de la société civile sont favorables à l’abrogation de cette interdiction.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO