Vous avez dit «bonne» presse ?
On fait souvent face à cette question : Comment se porte la presse marocaine? En fait, pour y répondre objectivement, il faut savoir que nous avons affaire à plusieurs presses. Il y a la presse people, la presse à scandales, la presse «lèche-bottes», la presse sensationnaliste, la presse spécialisée, la presse sérieuse, etc. Il faut donc catégoriser afin d’émettre une réponse juste, comme pour mesurer l’impact du mouvement digital sur le secteur. Par exemple, la presse papier sensationnaliste ou à scandale n’a rien à apporter de plus au lecteur que celle digitale. Elle vit logiquement une crise et est même confrontée à un défi existentiel. S’agissant de la presse spécialisée et sérieuse, elle est certes affectée mais non menacée.
Aujourd’hui, la presse a définitivement perdu la bataille du «scoop», sauf dans certains cas. Le digital profite de la diffusion instantanée. Cependant, la «bonne» presse a toujours des créneaux à investir, qui pourraient assurer son avenir. L’investigation, l’enquête, l’analyse, le reportage présentent toujours la force du papier.
En d’autres termes, c’est du «froid enrichi» qu’il s’agit, et cela nécessite la qualité des ressources humaines et des moyens conséquents. Il faut donc miser sur la qualité afin de subsister, de se développer, voire de prospérer. Tenez, en France par exemple, il y a des supports qui résistent et qui se refusent tout accès au digital ne serait-ce que partiellement. Le Canard Enchaîné a choisi de rester fidèle au papier, de ne pas se doter d’une version digitale; cela ne l’a pas empêché de multiplier ses ventes et d’élargir son lectorat, notamment les jeunes. Cela dépend donc de la volonté et de la stratégie de chaque support. Choisir la qualité, c’est se donner toutes les chances de se développer dans la sérénité.
